Conan : La critique

Date : 16 / 08 / 2011 à 00h05
Sources :

Source : Unification


Conan



Date de sortie cinéma : 17 août 2011
Titre original : Conan the Barbarian


LE FILM



Synopsis :
Conan est né en pleine bataille. Son village massacré alors qu’il n’est qu’un enfant, il survit et grandit avec la conviction que ses actes guerriers le conduiront au meurtrier de son père, Khalar Zym. Leur chemin se croiseront encore, dans la fureur et la colère, Conan pour sa vengeance, Khalar Zym pour son accession au pouvoir de ressusciter les morts.

Ce qu’on en pense :
Difficile de passer après l’excellent film de John Milius, tout comme il est difficile de ne pas faire un nanar comme le fut le second film, à oublier autant que possible, Conan le conquérant. Ce film de Marcus Nispel semble, malheureusement, contenir un peu des deux, tant les différents éléments du film sont inégaux.


On aimerait beaucoup dire que les protagonistes s’en sortent bien, mais il n’en est rien. Que ce soit Ron Perlman (Hellboy), en père bien trop détaché, Stephen Lang (Avatar) en grand méchant pas beau, ou Saïd Taghmaoui (G.I. Joe), en voleur ouvreur de portes (en plus de verser dans l’imagerie d’épinal, type oriental = voleur et esclavagiste) sont assez peu crédibles.

C’est à ce point affligeant que des éléments érotiques comme contiennent souvent les illustrations, pourtant cités par les acteurs, de Frazetta, se limitent à quelques tétons, une sorcière trop maquillée sur semelles compensées, et une héroïne volontaire dans ses actes mais molle au possible. Allez, y’a bien une scène "d’amour" ou l’on devine que l’actrice est doublée (celle qui la remplace est mieux lotie, et plus cambrée), et ou les filles (ou d’autres) pourront apprécier le derrière musclé et rebondi de Jason Momoa, mais la scène, comme tant d’autres, arrive comme un cheveu sur la soupe.


Tout cela ressemble à un week end de Grandeur Nature (Jeu de rôle en pleine nature avec costumes et décors) mal filmé. Ou une sorte de pastiche des voyages de Sinbad, on a le choix. On passe d’une grande bataille, sanglante à souhait, à des décors dignes d’un épisode de Stargate et des costumes qui mélangent clairement différentes ethnies et époques, comme sortis d’un stock de costumes de théâtre. Et la sauce ne prend pas. Les ingrédients sont là mais n’arrivent pas à faire mieux qu’un mauvais (pléonasme) téléfilm SyFy.

Revenons sur ces différents éléments qui donnent de la crédibilité à un monde fantastique qui n’existe pas.


Les comédiens et leurs costumes : Un soin particulier a été donné aux acteurs principaux, le jeune Conan ressemble d’ailleurs beaucoup à celui du film de Milius, avec sa fourrure de mouton, mais pour le reste, on devine les perruques, les costumes trop propres... Seuls les esclaves et autres prisonniers malingres dans le film sont crades et édentés à souhait, pour mieux correspondre à un vieux cliché. Le pire reste quand même les figurants, qui semblent souvent perdus, et pas à l’aise du tout dans des costumes mal agencés. Le jeu des acteurs est assez inégal, même pour les grands noms qui figurent à l’affiche, même si l’on a envie de dire que Jason Momoa s’en sort bien, ses compagnons de lutte semblent, là encore, tout droit sorti d’un téléfilm SyFy... On ne peut que se poser des questions quand on voit que la cherf costumière, Wendy Partridge) a quand même officié sur des films pas mauvais du tout à ce niveau, comme Underworld, Hellboy ou Silent Hill.


Les décors : si certains lieux semblent bénéficier d’une belle photographie, les ruines que l’on aperçoit continuellement n’ont rien de logiques, à croire que l’ancienne civilisation avait planté des colonnes comme on plante des arbres. Pire : des lieux abandonnés qui ont tout l’air d’être des restes de studios, avec un peu de foin ici, et quelques broussailles là, sont sensé être séculaires, mais ont encore des passerelles en bois bien pratiques pour une scène d’action et de cascades. Ce qui donnerait très bien dans une série TV ou au théâtre passe ici pour une vaste blague. On passera sur le fait que certains plans, et situations, semblent calqués, au détail près, même dans les mouvements de caméra, sur des films comme le Seigneur des anneaux (le passage sur le village de Conan, la rivière et le moulin) ou encore Braveheart (les batailles du début). Ce qui a pu être amélioré avec des effets spéciaux donne là aussi envie de hurler au scandale, surtout avec l’effet relief totalement raté : juste des effets de profondeur, pas d’effets de volume, ce qui rend d’autant plus détectable ce qui ne devrait pas l’être.


Photographie et lumière : on ne le sait que trop, un film doit beaucoup au cadre qu’il utilise, pour mieux saisir une image, une émotion, une lumière. Il n’y a rien de tout cela ici. Seules les scènes d’action sont rondement, et correctement, menées. Tout le reste semble franchement amateur, à croire que la grande expérience des producteurs exécutifs, et des producteurs tout courts, n’aura servi à rien.

Les effets spéciaux : les créatures, car il y en a sont là encore très inégales. Un des beaux moments d’action reste l’affrontement avec des hommes de sable, c’est superbe, mais desservie par des décors, nous l’avons dit, mal utilisés et ouvertement fait pour les cascades.


Une créature façon pieuvre est aussi en action, dont on n’aperçoit que les tentacules et les dents, et qui serait parfaite si on nous expliquait pourquoi elle laisse passer sans souci nos héros avant d’essayer de les attraper en ce compliquant la vie à travers une grille, et en dévorant deux trois figurants au passage histoire de signaler que, ouais, c’est dangereux par ici ! Enfin, il y a un élément du film qui n’est à aucun moment expliqué, c’est la présence d’un navire, façon Drakkar de plaisance, porté par des éléphants et tiré, on se demande bien pourquoi, par des esclaves. C’est ridicule, très mal fait, et sans intérêt aucun dans l’histoire sachant que le grand méchant semble avoir un pouvoir immense (pour contrôler vers la fin que quelques suiveurs, contre des dizaine de milliers au début du film), et un grand palais (en parfait état bien que supposé être des ruines de grands Nécromanciens).


Le maquillage  : Les blessures au combat sont merveilleusement réalistes. Têtes coupées, membres, nez arrachés, il y a de l’hémoglobine assez souvent pour contenter les fans de gore. On sent que le réalisateur connaît son sujet (il a fait les remake de Massacre à la tronçonneuse et Vendredi 13), et la caméra suit allègrement les coups d’épée comme les coups de poing. Dommage qu’il y ait autant d’erreur de montage, ou de faux raccords (une prothèse de nez enlevé à un moment, de nouveau en place ensuite, un Conan chancelant bien avant qu’il ne reçoive un projectile empoisonné etc.), ce qui tend, une fois de plus, à prouver que du mauvais boulot a été fait en post-production.


Au final, une production des frères Hadida qui se veut ambitieuse mais qui est ratée à bien trop de niveaux (on notera cependant qu’il y a rien de moins que 8 producteurs sur ce film, et 3 producteurs exécutif, ce qui pourrait expliquer pour beaucoup la sensation d’inégalité d’une scène à une autre dans Conan). On sent qu’il y avait une volonté de bien faire, mais il manquait ici des moyens sinon financiers, sinon humains. Et les clichés ou les références à d’autres films célèbres (quasi plan par plan, image par image) ne remplacent pas un vrai talent en montage (lequel permet souvent de compenser des erreurs lors du tournage). Un film, donc, qui se place immédiatement au rang de gros nanar coûteux.


LA FICHE TECHNIQUE



- Durée du film : 1h52
- Réalisateur : Marcus Nispel
- Scénariste : Thomas Dean Donnelly, Joshua Oppenheimer et Sean Hood d’après l’oeuvre de Robert E. Howard
- Acteurs : Jason Momoa, Rachel Nichols, Stephen Lang, Rose McGowan, Saïd Taghmaoui et Ron Perlman
- Directeur photo : Thomas Kloss
- Musique : Tyler Bates
- Décors : Chris August
- Costumes : Wendy Partridge
- Producteur : John Baldecchi, Boaz Davidson, Randall Emmett, Joe Gatta, Avi Lerner, Danny Lerner, Fredrik Malmberg, Les Weldon pour Lionsgate, Nu Image, Millenium Films et Paradox Entertainment
- Distributeur : Metropolitan FilmExport

Remerciements à Kinéma films et son équipe


ON EN PARLE


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