COMIC CON PARIS - Jeff Scott Campbell : Il y aura peut-être une suite à Danger Girl

Date : 09 / 07 / 2011 à 00h10

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Bonjour Jeff, nous vous remercions pour cette interview. Vous êtes maintenant dans l’univers des comics depuis l’âge de 15 ans, auquel vous avez gagné un prix.

Ca fait un bail que j’ai gagné ce prix, mais c’est vrai.

Vous avez notamment fait Gen13 et Danger Girl. Quelle est l’œuvre dont vous êtes le plus fier ?

Probablement Danger Girl. Parce que je vois que les gens l’aiment tellement ; ça fait longtemps que j’ai dessiné Danger Girl et les gens m’en demandent plus chaque fois que je les vois. Je veux en refaire plus, et j’espère que dans le futur proche ça se produira. Mais leur enthousiasme pour Danger Girl fait que c’est que le projet dont je suis le plus fier, et je suis connecté aux fans avec cette œuvre.

Vous venez de dire que vous souhaitez retourner dans l’univers de Danger Girl, mais actuellement vous êtes concentrés sur Spider-Man ; où est-ce que vous en êtes ?

Spider-Man était en quelque sorte en suspens pendant un moment. Je n’étais pas sûr de le faire à un moment parce que c’était en suspens depuis pas mal de temps ; et Marvel ne savait pas ce qui se passait, je ne savais pas ce qui se passait, c’était une situation bizarre. Mais cette année nous en avons parlé avec Jeph Loeb, l’auteur, et Marvel, et il semble que ça va enfin avancer. L’idée que j’ai en tête est qu’une fois je me serais dégagé de cette obligation avec Spider-Man, je pourrai faire quelque chose qui serait par exemple la suite de Danger Girl, si je choisissais de la faire, si Marvel ne me demande pas de travailler sur un nouveau projet. J’ai toujours eu cette idée en tête de travailler sur Danger Girl après avoir terminé Spider-Man.

Ce projet sur Spider-Man, pourrait-il être lié à l’univers Ultimate ?

Je ne pense pas que j’aurai des problèmes si je dis que ça n’implique pas l’univers Ultimate. Je pense que ça se passe dans l’univers « normal » de Marvel.

Cela n’a donc pas de rapport avec la mort de Peter Parker dans Ultimate Spider-Man.

Je ne pense pas qu’il faille me donner cela pour crédit. Quand je l’ai lu, c’est quelque chose que je ne savais pas. Je pense que notre Spider-Man ne se passe pas dans l’univers Ultimate, mais dans l’univers standard ou quelque chose comme ça.

Et que pensez-vous justement de la mort de Peter Parker ?

Je ne sais pas. Je sais que c’est terrible à dire, les artistes et scénaristes de Ultimate Spider-Man sont talentueux et j’ai beaucoup de respect pour eux, mais je n’ai pas lu grand-chose. J’ai fait quelques couvertures, mais je ne suis pas familier avec ce qui se passe dans l’univers Ultimate. S’ils disent qu’il meurt, il faut toujours prendre des pincettes avec ça dans le monde des comics car on ne sait pas ce que ça implique : Superman est mort une fois, Batman n’est pas mort mais s’est fait briser le dos. Je ne peux pas vous dire ce que ça veut dire : personne ne reste mort dans les comics.

En septembre, DC Comics va relancer tous ses titres à partir du premier numéro, et les sorties seront en version papier et numérique le même jour. Pensez-vous que c’est une solution pour résoudre les problèmes rencontrés par les comics et leur marché en ce moment ?

Je ne suis pas opposé à l’évolution numérique des comics, qui suit une évolution globale du monde de l’édition. Ne pas reconnaître le rôle du numérique serait totalement idiot, et je pense que c’est une bonne solution. Même si les comic books ont une spécificité, c’est l’attachement aux éditions papier : on a comme ici des conventions où les fans nous rencontrent et nous font signer nos albums. Même s’ils ne sont peut-être pas collectionnés comme il y a vingt ans, les gens veulent quand même les tenir dans leur main.

Je ne me sens menacé par la numérisation des comics comme certains pourraient l’être, et je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment les pirater non plus. Je crois qu’il faut certains logiciels pour les lire. Je le serais comme artiste si c’était la seule forme possible pour les comics. Mais j’ai lu des études qui disent que ça permet d’introduire de nouveaux lecteurs dans les comic books, et peut-être qu’ensuite ils viendront acheter les versions papier.

Pensez-vous que les comics sont toujours subversifs ?

Oui, en Amérique ils sont toujours perçus comme ça. J’aime venir en Europe et voir comment ils sont traités : il y a beaucoup plus de révérence, ils ont beaucoup plus d’importance sur le marché européen. Quand vous entrez dans une librairie ici, vous voyez un large panel de personnes en train de les lire, et le mode de publication est meilleur ici avec les volumes. En tant qu’Américains, nous sommes jaloux de la façon dont les autres marchés traitent les comics, en particulier en Europe. Il y a tellement de respect, alors qu’en Amérique on a tendance, encore aujourd’hui, à les trouver subversifs et juvéniles et c’est frustrant car on ne les voit pas ainsi.

Quels sont les nouveaux auteurs que vous aimez ?

Je ne suis pas vraiment conscient de tout ce qui se fait. Mais si par exemple je vois un livre dont le style est très bon, il va me sauter aux yeux et je l’achèterai. Je n’ai pas tendance à lire activement les comics ou à chercher à savoir quelles sont les dernières publications. C’est sans doute parce que je pense aux comics toute la journée quand je travaille ; je n’ai pas forcément envie, dans mes temps libres, d’aller acheter de nouveaux livres auxquels je pense en journée. J’ai une liste de ce que je veux lire et voir plus tard, mais je n’ai rien de récent en tête que je pourrais recommander.

Il y a cette année au Comic Con l’agence qui a été chargée par Marvel de repérer les nouveaux talents. Quels conseils donneriez-vous à ceux qui souhaitent y travailler ?

Je ne veux pas conseiller aux artistes européens de dessiner dans le style de Marvel : il faut dessiner avec son cœur, de la manière dont on ressent les choses, parce que ça va forcément se démarquer. Si vous dessinez de la même manière qu’un autre artiste, pour ressembler aux comics américains, vous ne ferez jamais quelque chose de bon, parce que vous vous retiendrez, et les gens vont s’en rendre compte. Mais si vous vous laissez vous exprimer, le talent va toujours apparaître. Si votre style ne ressemble pas aux comics américains, ne le changez pas pour que ça y ressemble.

Il y a en Europe plein de bandes dessinées que j’admire, et j’en ramène chaque fois des sacs à la maison car c’est ce qui m’inspire. Je prends ce qu’il y a dans le marché européen, ce que j’y aime, et le l’incorpore dans mon travail, car c’est ce qui fait réagir les gens qui me disent : « Oh, votre style est unique. » Parce que je regarde ce qui est fait en dehors des dessins que l’on trouve chez Marvel et dans les comics aux Etats-Unis.

Quel est donc votre artiste européen favori, celui qui vous influence le plus ?

Pendant longtemps, était inspiré par Juanjo Guarnido, et en particulier par Blacksad. J’ai aimé ce mélange entre personnes et animaux, la façon dont l’histoire est développée. J’ai aussi aimé Skydoll, et hier, je me suis acheté un tas de nouvelles bandes dessinées, et je vous en parlerai sans doute dans deux ou trois ans.

A quel degré utilisez-vous les nouvelles technologies dans votre travail ?

Je dessine toujours de manière traditionnelle, mais il est vrai que j’utilise de plus en plus PhotoShop. C’est un défi pour moi car aux Etats-Unis il y a un vrai marché pour mes œuvres originales, et ne plus en faire serait mauvais pour mes affaires. (rires) Mais si je pouvais dessiner plus vite avec ces outils, ce serait idiot que ce ne soit plus que la seule raison pour produire des œuvres originales à la main. J’essaie d’apprendre à utiliser des programmes comme Sketchup, Manga Studio, et ça m’aide beaucoup dans mon travail.