Un épisode culte : X-Files - Prométhée post-moderne

Date : 25 / 02 / 2024 à 08h00
Sources :

Unification


PROMÉTHÉE POST-MODERNE

- Type : Parodique
- VO : The Post-Modern Prometheus
- Série : X-Files
- 1ère aux USA : Fox (30/11/1997)
- 1ère en France : M6 (17/11/1998)
- Épisode : S05.E5
- Scénario : Chris Carter
- Réalisation : Chris Carter
- Production : Paul Rabwin
- Musique : Mark Snow
- Interprètes : David Duchovny, Gillian Anderson, John O’Hurley, Pattie Tierce, Stewart Gale, Chris Giacoletti, Chris Owens

Dans cette rubrique, je vous propose une expérience à mes côtés, à savoir, une explication, scène après scène, d’épisodes culte des meilleures séries de ces 70 dernières années.

Je vous ai déjà présenté l’épisode de La Quatrième Dimension - L’œil de l’admirateur (S02.E06). et celui de X-Files - Le shérif a les dents longues.

Continuons donc avec la série X-Files - Aux Frontières du Réel, qui comporte aisément une douzaine d’épisodes dont je pourrais parler ici.

Mais aujourd’hui, j’ai choisi de vous parler d’un épisode un peu particulier.

Bien que l’analyse qui suit puisse être lue immédiatement, il serait dommage de ne pas visionner l’épisode en question avant de découvrir les remarques que j’aurais pu en faire, afin, bien entendu, de ne pas vous gâcher le plaisir de regarder ces fabuleux épisodes, mais aussi pour pouvoir confronter vos réactions aux miennes, et ainsi profiter pleinement de l’étude ci-dessous.

ETUDE SCÈNE PAR SCÈNE

Ouverture sur une page de BD présentant une maison, avec une musique typée "cirque en ville". Retour en prise réelle. Tout cela est en noir et blanc. Nous ne sommes pas dans un épisode habituel.

Deux jeunes hommes tentent de faire démarrer leur vieille guimbarde, la mère de l’un d’eux l’interpelle. Les deux jeunes hommes, à l’importante corpulence, prennent tout l’habitacle de cette deux-places. La mère les regarde avec un regard couvant. La voiture s’éloigne en pétaradant.

La nuit, alors que la mère regarde, seule, une émission de Jerry Springer, parlant d’une maman d’un enfant loup, quelqu’un de l’extérieur calfeutre les fenêtres, enfume la maison en faisant brûler une capsule, et pénètre dans la maison, sur une musique romantique. La mère apeurée commence à s’étouffer. Sur un plan extérieur, on découvre qu’une tente de fumigation a été installée sur toute la maison.

GÉNÉRIQUE DE DÉBUT

Mulder et Scully sont en route pour les lieux de l’incident, car une lettre leur a été envoyée, demandant leur intervention, une femme aurait été mise enceinte sous contrôle, la première fois il y a 18 ans (Izzy, le fils de la voiture), et une seconde fois (la scène précédente) par un monstre à la tête difforme, sur une musique de Cher !

On les retrouve dans le salon de Shaineh.
Dans cette première scène d’intérieur avec le duo d’agents, on remarque à quel point l’emploi du noir et blanc est important pour déformer les perspectives de la pièce et en accentuant les contrastes sur les visages.

La mère parle d’abord de son premier fils, Izzy, et montre sa photo avec un superbe port à un concours, puis raconte la dernière soirée. Comment l’intrus a mangé un pot entier de beurre de cacahouète, où il a déposé un verre (sans sous-verre...) et ce sont de bien maigres indices qu’ils examinent. Même Mulder semble perplexe.

Dans la chambre du fils, ils découvrent Le Grand Mutato, un comics créé par Izzy et dont le personnage principal ressemble à l’agresseur. Le fils explique qu’il a vu la créature.

La nuit, alors qu’ils tentent d’attirer le Grand Mutato avec un sandwich au beurre de cacahouète, Scully avance l’hypothèse que les gens du coin sont enfermés dans une sous-culture, dans laquelle la vérité n’a pas prise. Ils préfèrent vivre dans l’illusion véhiculée par la télé.
C’est alors qu’une voix se fait entendre.

On remarque ici, le traitement d’image entre la belle Scully, parfaitement mise en valeur, et les jeunes du coin, filmés avec un léger œil de bœuf, rendu ainsi ridicules. Deux mondes, deux croyances s’affrontent.

Au moment où le fils annonce l’arrivée du Grand Mutato, un éclair zèbre le ciel, accompagné d’un grondement pile au bon moment. On rentre là dans l’atmosphère des vieux films fantastiques.

Une silhouette malhabile a eu le temps de croquer dans le sandwich et de s’enfuir.
Remarquons ici que la saison 2 de Stranger Things, fait référence à ce moment (Eleven est un "monstre" qui doit se cacher aussi, et survit grâce à des sandwiches qu’on lui laisse).

Alors que le petit groupe pense avoir perdu la trace de la créature, Mulder montre un point sur une colline Là, là-haut et un autre éclair surgit, encore parfaitement à propos.

Mais il s’agit en fait d’un vieil homme. C’est le propriétaire des lieux, qui insiste, il n’y a pas de monstre. Il les aiguille vers le docteur Francis Pollidori (qui se trouve être son fils). Les agents du FBI le rencontrent dans son laboratoire, rempli de bocaux d’organes étranges. Propre sur lui, il est filmé en contre-plongée, les éclairs faisant toujours rage, par la fenêtre.

Son assistant est tout aussi étrange que lui (il a une sorte de tête en forme d’ampoule). Il explique ses découvertes sur la mutation provoquée.

Chez le Dr. Pollidori, sa femme fait les valises pour le départ de son mari. Elle parle enfant, lui n’en veut pas. Elle est filmée en plongée, contrairement à son mari. Elle est soumise à son mari et à sa carrière. La caméra film au ras du lit, pour étendre la perspective et montrer le monde maison de poupée de cette pauvre femme quand elle s’étale sur sa couche en pleurant.

Au diner, où se rendent Mulder et Scully, les locaux sont toujours filmés avec un objectif œil de bœuf, c’est léger, mais ils sont représentés mal dégrossis... des gueules de champions, avec des sourires béats. La serveuse est hystérique et une femme aux allures d’oiseaux passe par là (c’est une journaliste qui note tout, comme un vautour).
Scully découvre que quelqu’un a vendu l’histoire au journal local.

De retour chez Shaineh, elle enguirlande son fils, dans le cadre apparaît la tête de Scully, comiquement penchée, puis celle de Mulder. Ils pensent que c’est le fils qui a enregistré la conversation. Ils découvrent en effet l’enregistrement sur un simple enregistreur cassette, mais aussi la chanson sur laquelle sa mère se serait faite engrossée. Détail étrange, c’est la voix que l’on a entendue dans les bois qui chante.

Dans une grande maison très lourdement décorée, le Grand Mutato apparaît alors, chantant et dansant, apparemment heureux.

Alors que Mulder et Scully discutent à l’extérieur de la maison, deux balayeurs de feuilles mortes identiques apparaissent en champ et contrechamp. Scully finit par s’en apercevoir. Ce qui la laisse dubitative. Ce tout petit moment permet de souligner l’étrangeté et les doutes qui commencent à poindre.

En voiture, Mulder remarque une maison recouverte d’une tente de fumigation (elle ressemble à un chapiteau ainsi, on est bien au cirque), et s’arrête pour la fouiller, arme à la main. On reconnaît l’intérieur de la maison du Grand Mugato, mais les agents tombent inanimés à cause de la fumée. La maison est celle du Dr. Pollidori, et on y a retrouvé la victime d’un autre viol : sa propre femme, avec un pot vide de beurre de cacahouète. Le docteur semble en savoir plus qu’il ne le dit.

Ce qui est confirmé par la scène suivante, où l’on voit son père s’occuper de son "fiston" en lui apportant un sandwich. Le Grand Mutato, est isolé dans une sorte de cave, et regarde un film où l’on voit une personne au visage de monstre vivre au heureux au milieu des autres (il s’agit du film Mask (1985) de Peter Bogdanovich, dans lequel la chanteuse Cher tenait d’ailleurs le rôle principal).

Dans sa maison, alors que le grand-père feuillette un album photos avec le jeune Mutato, son fils, le Docteur, fait irruption et une bagarre s’ensuit, dont on ne suit que l’ombre sur les murs.

Au diner local, les gens n’ont plus le même sourire, et réserve un accueil salé à Mulder. On lui lance de la nourriture, le cuisinier crache dans son assiette et la serveuse lui renverse son café sur les genoux.

Il y a un attroupement dehors, la police pense que c’est Izzy qui simulait le monstre. La vindicte populaire crie C’est lui le monstre, mais leurs visages ridicules indiquent le contraire, c’est eux les monstres (il s’agit d’une référence à l’épisode S01E22 de la série La Quatrième Dimension, Les monstres de Maple street).

La piste de la fumigation remonte jusqu’au grand-père, éleveur de porc, que le Grand Mutato découvre mort, il l’enterre dans la grange avec une grande tristesse (sa compassion contraste énormément avec l’hystérie de la foule, ce qui est souligné par la première musique sérieuse de l’épisode), alors qu’arrivent les agents du FBI.

Ils découvrent la tombe improvisée et l’album photos, preuve de l’existence réelle du Grand Mutato. Une immense foule, menée par le Docteur, entoure la maison, ils veulent tuer le monstre, fouillent la ferme et y mettent le feu. Mulder et Scully débusquent le Grand Mutato, mais sont acculés dans la cave. Il prend alors la parole d’une manière triste et explique son histoire : il a été créé par le Docteur par erreur et a été extrait du laboratoire par le grand-père qui entreprit de compulser les travaux de son fils, afin de pouvoir créer une partenaire au Grand Mutato, en croisant avec des animaux (une référence au film L’île du Dr Moreau). C’est alors que l’on s’aperçoit que les habitants du village ressemblent à des animaux. Un jeune homme à un cheval, la journaliste à une poule, un jeune homme et sa barbichette à une chèvre et Izzy à un cochon !

Celui-ci comprend : Hé, c’est pas un monstre.

Le Docteur et sa créature sont arrêtés. Mais Mulder le souligne, ce n’est pas normal, la créature de Frankenstein s’échappe et trouve l’amour à la fin du livre.
Ils l’emmènent finalement dans une salle où chante Cher. Là, au milieu des autres, il est heureux.
Les femmes récemment engrossées se retrouvent chez Jerry Springer, pour présenter leurs deux bébés qui ressemblent au Grand Mutato (ils ne seront pas seuls, et aimés par leurs mères).

Scully et Mulder dansent un slow rythmé, heureux du travail accompli. Cette dernière image se transforme en une vignette de BD.

GÉNÉRIQUE DE FIN

LE MOT DE LA FIN

Au rang des anecdotes, la chanteuse Cher, grande fan de la série, accepta d’apparaître, puis se désista au dernier moment, ayant peur de sa prestation (c’est une doublure silhouette que l’on aperçoit de dos à la fin). Elle regretta grandement quand elle visionna l’épisode, considéré aujourd’hui comme le meilleur de tous.

Les références à Frankenstein sont nombreuses, bien entendu, en commençant par le titre, car le roman est sous-titré Le Prométhée moderne, en continuant par l’orage, par les répliques Il est en vie ou Parce que je le peux, la scène de la chasse au monstre (qui fait référence à la scène du moulin, incendié par les villageois), et en terminant bien entendu par le duo Docteur-créature.

Plus subtilement, l’épisode fait aussi référence au Chien des Baskerville, le fermier (et son cochon qu’il promène en laisse comme un chien), dans la brume. Ou encore au film Nosferatu quand le Docteur quitte son laboratoire (et qu’on aperçoit sa silhouette en haut d’un escalier, comme dans un film expressionniste).

Tout ceci fait penser à la duplicité (le monstre a deux bouches, et quand le Dr. parle à sa femme de la salle de bain, il apparaît par une porte puis par une autre, ou dans le cas des deux balayeurs de feuilles).

Longtemps, le public a d’ailleurs confondu le Dr. Frankenstein et sa créature (qui n’a pas de nom). Mais ne nous y trompons pas, il n’y a qu’un seul véritable monstre, le docteur, qui ne pense qu’à ce qu’il pourrait faire, sans se soucier des conséquences.

Les habitants du village, eux, ne sont en fait pas des monstres, mais des animaux (un troupeau), ils prennent toutefois conscience de la réalité à la fin, et on rapproche l’homme de l’animal, car ce dernier est bien conscient, aussi.

Mais la vérité est ailleurs...

EXTRAITS




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