Il était une fois les séries : Le Prisonnier

Date : 23 / 03 / 2023 à 09h00

Par : Olivier T.

Sources :

Unification

LE PRISONNIER

Type : Espionnage
Titre Original : The Prisoner
Diffusion GB : ITV (1967-1968)
1ère Diffusion France : ORTF (1968)
Épisodes : 17 x 49 minutes
Créée par : Patrick McGoohan
Prod. Exécutif : Patrick McGoohan
Production : Everyman Films Ltd
Musique : R. Grainer, W. Josephs
Interprètes : Patrick McGoohan, Angelo Muscat, Peter Swanwick

Le Prisonnier est une série hors du temps (loufoquement dystopique) et des lieux (le Village est situé dans différents pays au cours des épisodes).

Nous suivons un ancien espion (surnommé N°6, mais il réfute systématiquement ce nom de code, ne voulant pas être fiché ou catalogué) qui, juste après sa démission, est capturé grâce à un gaz anesthésiant, puis emprisonné dans un village très étrange, d’où il est impossible de s’enfuir.

Il comprend qu’il n‘est pas le seul ancien espion à y être retenu, et que le village semble avoir été conçu pour cela.

Tout semble le surveiller, et se liguer contre les prisonniers.

Les habitants paraissent comme hypnotisés de bêtise, se lançant à tue-tête des « Bonjour chez-vous » et portant des badges avec leur numéro et un vélo grand-bi aux roues disproportionnées.

Pire, un énorme ballon blanc rôde et s’attaque à ceux qui ont des velléités de départ, en les étouffant.

Le village est un autre personnage. Ses architectures, flamboyantes de couleurs diverses, renforcent l’idée d’incongruité. Rien ne semble à sa place, ou mélangé, pour on ne sait quelle raison.

Tout les enjeux de l’intrigue sont les réponses aux questions.

Le Prisonnier veut savoir où il est, qui est le Numéro 1, et pourquoi le traite t’on ainsi ?
L’oppression veut des renseignements (sans trop savoir lesquels exactement).

Cette oppression, justement, parlons-en.
Elle est représentée par un personnage, le Numéro 2, dont le visage change à presque tous les épisodes (parfois même au sein du même). Il semble être puni parce qu’il n’obtient pas de réponse.

Il peut agir amicalement, mais toujours avec cette pression de l’interrogatoire, voir de la torture mentale (et parfois physique).

Ses apparitions (dans un fauteuil œuf) sont toujours un grand moment pour N°6 et le spectateur.

Il va falloir apprivoiser cette nouvelle incarnation.

Autant vous le dire, de réponses, vous n’en aurez jamais.
Mais l’on peut tout de même extrapoler.

En effet, la série semble aborder deux thèmes.

Celui de la folie, tout d’abord. Car, les agissements du N°6, son désir de fuite, ses colères, sa paranoïa, sa vision de doubles, son manque de repaire dans le temps et dans l’espace, ne sont-ils pas des signes de schizophrénie ?
Celui de l’oppression, ensuite. Car, l’absurdité du comportement des autres, le refus du conformisme, les pièges des autorités, ne sont-ils pas une dénonciation du désir de contrôle du gouvernement ?

La vérité est sans doute entre les deux. Et il semblerait que nous vivions le même cauchemar que N°6 !

Avec très peu d’épisodes (seulement 17), cette série est certainement la plus appréciée de la période 60-70, grâce à sa grande originalité et à une interprétation habitée de Patrick McGoohan.

Notez que les lieux des tournages, le village Portmeirion, se trouve au Pays de Galles, et qu’il est bien entendu possible de le visiter. Une zone de bâtiments de décors en dur, créés pour l’occasion, est même réservée pour une visite des intérieurs.

Pour y avoir passé une petite journée de mes vacances, il y a un temps certain, je vous conseille le détour.

Sachez aussi qu’un reboot a été tenté en 2009 avec Jim Caviezel (Person of Interest, À armes égales, La ligne rouge) et Ian McKellen (Le Seigneur des anneaux, X-Men, Da Vinci Code), mais qu’il n’a pas remporté le succès escompté. Elle n’a qu’un intérêt très limité d’ailleurs (ne valant pas le visionnage, peut-être le coup d’œil curieux, à la limite).