Star Trek Discovery : Critique 4.08 All In

Date : 12 / 02 / 2022 à 14h30
Sources :

Unification


STAR TREK DISCOVERY

- Date de diffusion : 11/02/2022
- Plateforme de diffusion : Pluto TV
- Épisode : 4.08 All In
- Réalisateur : Christopher J. Byrne & Jen McGowan
- Scénaristes : Sean Cochran
- Interprètes : Sonequa Martin-Green, Doug Jones, Anthony Rapp, Wilson Cruz, Blu del Barrio et David Ajala

LA CRITIQUE FM

Quelle est la pire chose à faire pour une série qui vient de s’accorder un petit hiatus d’un mois et demi après un cliffhanger sensé donner envie aux téléspectateurs de ne pas manquer le retour de la dite série ? Je vous le donne en mille... celui de diffuser un épisode de remplissage où il ne passe strictement rien de bien folichon. Vous en avez rêvé, Disco vous le livre emballé dans un papier d’hallu...

Déjà que je ne suis pas du tout hypé par cette histoire d’anomalie gravitomachin, tant je suis intimement persuadé que la résolution sera ultra deceptive, je me retrouve sur mon canapé à bailler à me décrocher la mâchoire en regardant Michael et Book se taper une petite séance de poker extraterrestre et Owosekun postuler à Heels la série sur le catch de Starzplay.

Du coup, pour passer le temps, j’ai joué au jeu des questions cons :

1 - Pourquoi nous faire un cliffhanger de dingue sur le départ de Book en décembre pour réunir les 2 tourtereaux de Disco en février au bout de 15 minutes ?
2 - Quel est l’avantage stratégique d’être en uniforme pour Michael et Owosekun dans cette Cantina du pauvre hors Fédération ?
3 - La société protectrice des robots va-t-elle mobiliser ses réseaux sociaux pour dénoncer les sévices de Culber à l’encontre d’un des leurs ?
4 - C’est moi ou Zora est un peu lèche-cul avec Stamets ?
...

Sur la cinquantaine de minutes de l’épisode, on a le droit à 1 minutes et demi sur la vraie thématique de cette saison. Tout ça pour donner une explication capillotractée sur la raison d’être de l’anomalie puis la seconde suivante rajouter encore une couche de mystère. Bref, il reste encore cinq épisodes où les scénaristes vont s’attacher à delayer l’intrigue encore et encore.

Soupirs...

FM

LA CRITIQUE YR


En entrainant ses protagonistes dans un casino extraterrestre, Discovery 04x08 All In tente de diversifier l’expérience de visionnage d’un épisode à l’autre… après Discovery 04x07 But To Connect qui se voulait politique.
Malheureusement, les décors ont beau changer, la médiocrité narrative est toujours aussi abyssale… à tel point qu’il faut se demander si c’est l’escale ludique qui constitue un délayage... ou le fil rouge de la saison lui-même !

Il est en outre navrant de constater à nouveau que, aussitôt sorti d’une Fédération idiocratique sous perfusion burnhamienne, le Kurtzman-verse du #FakeTrek inflige au spectateur son essence mercantile et mafieuse paresseusement décalquée de la galaxie Star Wars. Après Picard 01x05 Stardust City Rag et une troisième saison entière de Discovery barbotant dans la Chaîne d’émeraude (et ses goodfellas du pauvre), Discovery 04x08 All In ne fait qu’enfoncer le clou dans le cercueil de l’IDIC et de la diversité trekkienne. Désormais, ce sont les espèces des quatre quadrants de la Voie Lactée (Ferengis, Orion, Devore, Lurians, métamorphes du Dominion…) qui se voient confinées dans les mêmes lieux triviaux, affligés par l’entropie du manque d’imagination et du géo-impérialisme rampant des showrunners...

Les effets spéciaux ont beau être parfois spectaculaires (en particulier lorsque la navette pénètre dans la gueule du serpent de mer holographique pour dévoiler la barge Karma occultée sur les océans de Porathia), jamais le sentiment de micro-univers de poche n’a été aussi étouffant.
Ainsi, alors que Book s’est enfui avec le plus brillant scientifique de la Fédération du 32ème siècle et un système de propulsion mycologique lui permettant virtuellement de se matérialiser instantanément n’importe où dans l’univers, Burnham le retrouvera en seulement quelques minutes d’épisode !
Au motif que Tarka recycle 800 ans après contre la DMA l’armement prohibé que ST Insurrection nommait "isolytic weapon", Discovery 04x08 All In invente de toute pièce pour les besoins de la seconde moitié de la quatrième saison un MacGuffin nommé isolynium ! Soit une logique nominative de cartoon.
La quête de ce précieux minerai conduira comme par "hasard" le fugitif et la limière de Starfleet au même endroit (le casino du "courtier" Haz Mazaro). Ça valait bien la peine de situer l’action dans le cosmos lointain...
Les deux amants, désormais dans des camps activistes opposés, s’affronteront verbalement avant de disputer le précieux cristal au Leonian Poker. Mais anticipant la victoire de Cleveland (ce jeu de carte alien étant bien le premier domaine où Mary-Sue n’a pas l’ascendant par contrat), l’héroïne aura réussi à coller un mouchard sur l’isolynium... permettant de le repérer instantanément dans la micro-galaxie.
L’espèce génocidaire 10-C a été localisée au voisinage externe de la barrière galactique, et seule le Stilphe – une forme de vie totalement inconnue de la Fédération (mais néanmoins connue de la "sphère magique" de Zora-qui-sait-tout) – pourrait éventuellement fournir des scans stellaires de cette région de l’espace. Au motif que des Stilphes ont un jour croisé des Orions, il suffit alors que Burnham paye une bonne dose de latinum (et une bague) au broker Haz Mazaro (possédant un tête de démon) pour que celui-ci lui fournisse en quelques minutes chrono les données spatiales recherchées ! Lorsque les mécanismes de causalité deviennent une blague !
Et bien sûr, outre des voyages bien plus instantanés encore que dans Stargate, les grands ressorts diégétiques se résument à des interactions et des va-et vient incessants entre de sempiternelles figures de proue qui miniaturisent jusqu’à l’absurde l’univers : Burnham bien sûr, la présidente Rillak, l’amiral Vance, et l’amant Book. Une parodie de SF dans un bac à sable.

Si Tarka a effectivement abusé de la confiance de l’amiral Vance et a volé à la Fédération le prototype de spore drive sur lequel il travaillait, la traque de Booker (avec diffusion d’avis de recherche comme dans un techno-western) ne repose quant à elle sur aucune base légale. Ce dernier n’est pas un citoyen de la Fédération, et le vote du conseil dans Discovery 04x07 But To Connect n’était aucunement engageant envers les non-membres (sans quoi appartenir ou ne pas appartenir à l’UFP reviendrait au même, soit la définition d’un impérialisme ultime). Cleveland étant donc libre de partir et d’acheter de l’isolynium hors des territoires et de la juridiction de la Fédération. Mais par un glissement sémantique manipulatoire, l’épisode tente de le faire passer pour l’ennemi public numéro un (sans retour possible dans le cas où il aura l’impudence de persévérer) au seul motif qu’il tient à riposter contre ceux qui ont "génocidé" sa planète et l’intégralité de ses compatriotes... Et pourtant loin des vengeances que cultivent toutes les productions Kurtzman, Book cherche uniquement à détruire la machine à exterminer, et non à exterminer les exterminateurs...
Du coup, que ce soit par dirigisme, par impérialisme, par lâcheté, ou par naïveté, Starfleet en vient à criminaliser l’ultime survivant d’un génocide en prenant de facto le parti des génocidaires. Lorsque la recherche maladive de paix à n’importe quel prix revient à se comporter en collabo. Il est de surcroît peu vraisemblable qu’il ne se soit pas trouvé une seule puissance dans la galaxie pour suivre le même type de stratégie voire davantage, puisque le vote ne matérialisait aucune autorité "transplanétaire" contraignante. Mais la diversité d’une galaxie entière est sacrifiée ici à une uniformité anthropomorphe (supposée aller de soi) pour laisser la seule charge d’une divergence infamante à un personnage en prise intime avec l’héroïne...
Le comble du ridicule est atteint lorsque Michael vient faire la leçon à Cleveland dans le casino avec un discours d’assistante sociale ! Sérieux ? Il est question d’anéantissement de mondes, mais on y répond par des séances sur le divan du psy autoproclamé Culber, puis maintenant par des ateliers d’intégration et des travaux d’intérêt général !!!
Alors que la solution proposée par Tarka (détruire la DMA) était le complément naturel de la recherche de paix et de premier contact (selon l’issue), Discovery 04x08 All In persiste à les opposer, continuant donc à tisser le contresens aporétique de l’opus précédent, Discovery 04x07 But To Connect. Ainsi, la Fédération se prive de tout moyen de sa politique et de tout plan B, plaçant aveuglément tous ses atouts dans un même acte de foi gratuit en une puissance exterminatrice, et ce dans le but de se gargariser de proclamations impuissantes et illusoirement humanistes tout en diabolisant toute dissidence. Est-ce ainsi qu’Alex Kurtzman a digéré l’idéalisme roddenberrien ? Un niveau de trahison et de mascarade que n’avaient pas même atteint les films Kelvin...
Autant dire que la pseudo-dramaturgie opposant désormais le "devoir" de Michael aux "convictions" de son chéri présente toute la facticité des pires soaps du soir où les enjeux sont exclusivement emblématisés par des querelles entre VIP-only partageant des liens de cœur ou de cul.
Rien d’étonnant alors que le sort de l’univers soit réglé par une partie de cartes, tant l’antagonisme est artificieux, la distribution manichéenne, et l’issue déjà actée. Fausses alternatives, faux dilemmes moraux, faux choix cornéliens, fausse profondeur... et en même temps faux cool, faux fun, faux entertainment.
Même dans ses moments les plus idéalistes et/ou prêcheurs, jamais ST TOS n’avait osé confondre l’idéalisme avec la niaiserie ou l’irresponsabilité, les questionnements moraux avec les dénis de justice ou les dénis de prophylaxie, l’humanisme avec une complaisance nauséabonde envers l’abjection. Mais Discovery n’est pas à son coup d’essai : la boussole (im)morale de ce #FakeTrek s’était déjà vautrée dans les câlins et les mamours avec une giga-Hitler de proportion galactique (i.e. Mirror-Georgiou) durant les seconde et troisième saisons...

Un épisode de Discovery ne serait pas signé de la marque K sans son habituel tombereau d’invraisemblances, d’incohérences, d’inconséquences, d’absurdités, de WTF, de bullshits, et de nawaks en tous genres. Mais faut-il une fois de plus les inventorier dans une interminable liste en bullet points... que Frank a d’ailleurs lui-même entamée dans sa propre critique ci-dessus ?
Explorons tout de même quelques "pépites" (parmi d’autres) :
- Discovery 04x08 All In pose que seul le Stilphe, établi à 30 AL de l’espace présumé des 10-C, serait susceptible de fournir de l’intel stratégique (i.e. des cartes ou des scans spatiaux) sur l’habitat de la "species of interest". Sauf que l’épisode situe le système stellaire du Stilphe à l’intérieur même de la Galactic Barrier ! Fait difficilement concevable dans le même univers et la même continuité que ST TOS 01x01 Where No Man Has Gone Before, où la simple traversée de celle-ci était susceptible de transformer les humanoïdes en êtres omnipotents…
-  Plus généralement, il n’est pas très malin de la part de Discovery de conférer soudain une place aussi centrale à un ressort anecdotique de la série originale, qui plus est l’un des moins prédits par les sciences réelles, par l’observation astronomique, et par le modèle standard. Le concept de "Galactic Barrier" avait certes permis le développement d’un épisode fameux de ST TOS (son second pilote), mais il ne méritait pas pour autant de devenir un fondement central et structurel du Trekverse, à la façon d’une pierre angulaire ou d’un point d’invariance indépassable… a fortiori les sciences du 32ème siècle. Faut-il rappeler que l’USS Enterprise de Kirk avait franchit sans difficulté cette barrière radiante dès ST TOS 02x21 By Any Other Name, et que l’on ne parlait plus de ce phénomène au 24ème siècle de ST TNG ? Et cela car il n’empêchait nullement de quitter la Voie Lactée (cf. ST TNG 01x06 Where No One Has Gone Before) et encore moins d’observer l’univers extérieur (le voisinage péri-galactique, les autres galaxies…) depuis ST ENT très incluse (tout comme de nos jours dans le monde réel). Comment se fait-il donc que, plus d’un millénaire après, Starfleet ne soit plus capable d’observer par elle-même l’espace et les systèmes stellaires hors de la Voie Lactée ? Alors que paradoxalement elle monitore en vidéo et en temps réel n’importe quel coin de la galaxie dans Discovery 04x01 Kobayashi Maru et Discovery 04x02 Anomaly ?
- Si la Fédération a vraiment besoin de passer par le Stilphe pour accéder à une cartographie de l’espace des 10-C (extérieur à la Voie Lactée mais dans son voisinage immédiat), alors l’univers devrait être indétectable au-delà des étoiles de la Voie Lactée, cette dernière étant alors un gigantesque dôme galactique opaque ! Or il n’y a rien tel dans le Trekverse historique, ni dans l’univers réel. Les productions Berman s’étaient toujours employé à crédibiliser les hypothèses de ST TOS en les éclairant au sens de l’évolution des sciences réelles. Mais les productions Kurtzman prennent le chemin exactement opposé, en fétichisant les hypothèses de ST TOS jusqu’à les ridiculiser à force de ne strictement rien piger en sciences (ce qui est tout de même ballot lorsqu’on prétend écrire de la SF)…
- À supposer que l’on entérine l’hypothèse absurde et incohérente d’une Galactic Barrier qui ne laisserait rien voir au travers, puisque le propulseur mycologique de l’USS Discovery permet magiquement de se matérialiser instantanément n’importe où dans l’univers, comment se fait-il que nul au QG de Starfleet n’envisage la possibilité de s’en servir pour sortir de la Voie Lactée et observer à bonne distance l’espace périphérique de l’espèce exterminatrice 10-C ? Considérant les hypothèses de départ (aussi invraisemblables qu’elles soient), cette stratégie-là aurait au moins été incomparablement plus crédible que de devoir passer par un malfrat de tripot pour entrer en contact avec des mafieux de la Chaîne d’émeraude qui posséderaient toutes les données cartographiquse du mystérieux Stilphe au motif que certains d’entre eux auraient un jour croisé des Orions !!! Et le plus grotesque est que cet improbable jeu de piste ultra-capillotracté aboutit du premier coup, et en quelques minutes s’il vous plait ! Le Kurtzverse est vraiment une boule à neige infantile.
- Toute l’opération "d’infiltration" (il faut le dire vite) de Mary-Sue repose sur le postulat selon lequel la barge Karma n’est pas soumise à la juridiction de la Fédération et Starfleet n’y est pas la bienvenue. C’est la raison pour laquelle l’USS Discovery se terre tellement loin (visiblement à plusieurs années-lumière) de Porathia que Burnham et Owosekun en sont réduites à voyager à distorsion dans une navette pour atteindre leur destination. Et pourtant, sans y déceler la moindre contradiction tactique, nos vaillantes aventurières débarquent avec le plus grand naturel comme des stars dans leurs fringants uniformes de lumière à bord d’un aéronef officiel de Starfleet ! À ce compte-là, il aurait été plus efficace et pas moins contreproductif de positionner l’USS Discovery directement en orbite de Porathia ! Oui, mais voilà, il fallait absolument que l’héroïne se retrouve seule (du moins sans sa cavalerie) avec son chéri...
- Mieux encore, aussitôt débarqués sur la péniche-casino, les deux officières de Starfleet sont accueillies comme des reines par le personnel et par Mazaro lui-même... et ce avant même que ce dernier ne découvre qu’il s’agissait de sa "vieille copine" de vingt ans devenue capitaine. Starfleet, pas la bienvenue sur Porathia ? Vraiment ? L’épisode ne met pas plus de deux minutes on screen pour contredire grossièrement ses hypothèses de départ, et par voie de conséquences toute son architecture narrative.
- La navette de Burnham sort de distorsion directement dans l’atmosphère de Porathia à quelques encablures de la surface de l’océan. Il serait toujours possible d’invoquer l’alibi des avancées technologiques du 32ème siècle, mais il est probable que les auteurs (et la pseudo-conseillère scientifique Erin Macdonald) n’ont pas même songé à la guideline qui avait été établie par Isaac Asimov en personne, proscrivant l’emploi de la distorsion à trop grande proximité des puits gravitationnels (sous peine de conséquences lourdes). En outre, si les sorties de distorsion étaient possibles en basse atmosphère sans le moindre risque (notamment en étant assuré de calculer son coup au milliardième de seconde près pour ne pas émerger dans le cœur solide de la planète), elles devraient devenir la norme étant donné le stress que représente toute entrée atmosphérique. Mais chut, TGCM, les lois physiques sont aussi facilement customisables dans Discovery que la magie en fantasy
- Lorsque Burnham comprend que Mazaro pousse à la surenchère entre elle et Book sur l’isolynium (tout le latinum qu’elle apporté ne suffira donc pas à ravir le minerai aux "rebelles", il lui en faudrait le triple), elle demande au maitre de céans d’accéder aux communications pour demander à l’UFP davantage de fonds. Mais Haz refuse, de crainte de voir débarquer Starfleet en force. Logique de la part de ce dernier. Mais ce qui est moins logique, c’est que Michael acquiesce benoîtement… au lieu d’être directement montée dans sa navette pour entrer en contact avec la Fédération par exemple depuis l’orbite de Porathia. Tout se passe comme si Burnham était prisonnière de la barge Karma, ce qui n’est pourtant pas matériellement le cas. Mais peut-être que les scénaristes tentent ainsi d’embrouiller les esprits afin que nul spectateur ne s’étonne du comportement non-professionnel de Burnham. Si la stratégie suivie par Book et Tarka mettait véritablement en danger toute la galaxie (comme tente de le faire accroire l’épisode au prix de sophismes en cascades), la "souveraineté" et l’orgueil d’un tenancier de tripot seraient insignifiantes au regard de la gravité des enjeux collectifs, et Burnham aurait dû faire le nécessaire pour appeler au plus vite Starfleet à la rescousse. Nécessité fait droit.
- Bien entendu, l’objectif narratif de cette incohérence tactique est de créer une symétrie factice entre Book & Tarka vs. Burnham & Owosekun, chacun des deux groupes étant dès lors contraints par les circonstances – au demeurant totalement artificielles – à utiliser ses talents propres pour gagner un maximum de flouze à l’arrache et devenir roi du casino. Bien sûr, l’ombre d’épisodes comme ST TNG 02x12 The Royale (mémorable d’originalité) et même ST DS9 07x15 Badda-Bing, Badda-Bang (pourtant l’un des moins réussi du Star Trek historique) se rappellera aux trekkers... mais toute tentative de comparaison sera fatale et rédhibitoire pour Discovery 04x08 All In.
- Book met à profit son expérience de baroudeur de l’espace et Tarka son génie scientifique pour identifier les fraudeurs pour le compte de Haz. Il s’avérera que le fraudeur était unique, et il s’agissait d’un métamorphe de l’ancien Dominion… tombé bien bas dans ce Kurtzverse dystopique. Lorsque le fan service devient fossoyeur…
- Quant à la frêle Owosekun, l’épisode n’aura aucun scrupule à en faire tout de go une championne de MMA (free-fight) mixte et alien, catégorie poids lourd, sans en avoir ni la formation ni le gabarit. Heureusement que le ridicule ne tue plus. Mais la série n’en est pas à un foutage de gueule près, Discovery 03x13 That Hope Is You Part 2 avait déjà tenté de vendre Joan comme championne galactique de l’apnée ! Manifestement, les personnages de Discovery – féminins surtout (wokisme oblige) – dévoilent des super-pouvoirs aussitôt que le script se cherche des rustines narratives et un rab de démagogie bienpensante. Mais l’usage desdites rustines n’est pas moins bancal, car la tactique consistant à se laisser mettre au tapis durant plusieurs rounds afin de faire monter du cote du champion en titre pour renverser brutalement la situation au dernier round afin de remporter le pactole aux paris est une triche encore plus grossière que celle du métamorphe épinglé par Book & Tarka. Et pourtant, le triomphe d’Owosekun passe comme une lettre à la poste, à tel point que le scénario ne trouve rien de mieux que de simplement lui opposer deux raquetteurs baraqués appâtés par le gain (et dont bien sûr les deux super-women ne feront qu’une bouchée). Alors certes d’aucuns pourraient se rejouir que Joan ne se contente pas cette fois d’appuyer sur des boutons... Pourtant, entre la figuration et le nawak intégral, il n’y a ni hésitation ni dilemme...
- Pour départager les deux concurrent·e·s (qui ont gagné autant de fric l’un·e que l’autre), Mazaro organise une séance de Leonian Poker, invitant même à participer au tournoi deux pathétiques prétendants (apparemment humains !) à la succession de feue Osyraa à la tête de la Chaîne d’émeraude. Mais ces deux derniers feront essentiellement tapisserie (avant de faire tapis). Au bout du compte, il n’y a aucune logique vénale dans la démarche de Haz, celui-ci dévoile surtout des préoccupations d’entremetteur, visiblement surtout préoccupés par la relation de couple (désormais compromise) entre Michael et Cleveland ! Dans le soap discoverien, la guimauve sentimentale envahit tellement chaque alcôve qu’elle n’épargne pas même la pègre. Mais l’incontinence de ce tropisme conduit aussi la série à se prendre une nouvelle fois les pieds dans sa propre continuité, parce que justement les premiers épisodes de la troisième saison avaient clairement établi qu’il n’y avait ni couple ni même attraction sentimentale entre Burnham et Book avant qu’ils ne retrouvent l’USS Discovery fraichement débarqué au 32ème siècle. Donc en mémoire de quoi Mazaro agit-il ?
- Néanmoins, exactement comme dans Discovery 03x03 People Of Earth et de nombreux épisodes ultérieurs, Discovery 04x08 All In surjoue les souvenirs de baroud communs de Mary-Sue et de son chéri pour les rendre plus cool tout en multipliant les jokers pour ne rien avoir à vraiment justifier. Ainsi le name-dropping hyper-connivent pour les personnages mais totalement excluant pour les spectateurs rivalise avec le name-dropping du fan-service le plus rance (c’est probablement supposé faire une moyenne). Et du coup, chaque fois que les deux vedettes réussissent un coup ensemble sans échanger une parole quand bien même désormais rivaux (par exemple au poker), c’est parce qu’ils l’avaient déjà fait off screen durant leur année sabbatique… au contenu infiniment extensible (à croire que ce fut une vie entière) ! Commode. Et le pire est qu’un certain public adolescent (ou adulescent) trouvera probablement cela très in (alors que c’est out dans tous les sens du terme).
- À la fin de l’épisode, via un flash-back déconstructif (supposé changer rétrospectivement le sens de ce qui a été montré avant façon Usual Suspects), Burnham désamorce la salve de reproche que la présidente Rillak s’apprêtait à lui adresser en lui révélant qu’elle a collé un mouchard (du type de celui utilisé dans Discovery 04x03 Choose To Live sur le cristal d’isolynium (au moment elle fut autorisé à en vérifier la pureté)… permettant aussitôt de localiser Book & Tarka dans la Voie Lactée. Mais comment cette opération fut-elle possible sachant que toute technologie importée était proscrite à bord de la barge Karma ? Les mouchards sont même les premières cibles des contremesures étant donné qu’ils sont les premiers auxiliaires de triche aux jeux...
- Accessoirement, il est curieux que la Fédération dispose de réserves monétaires illimitées. Car le Star Trek historique (et en particulier ST DS9) avait montré que le modèle économique de l’UFP ne reposait ni sur un capital, ni sur un système fiduciaire. Les négociations avec les sociétés tierces capitalistes et libérales n’étaient donc pas symboliquement compensables. Mine de rien, pouvoir jouer sur le terrain même des écosystèmes les plus vénaux change radicalement la proposition trekkienne de la Fédération et ruine sa dimension utopique. Mais il est vrai que le ST kurtzmanien ne s’est jamais posé ce genre de question. Avec son kérygme mafieux pour tout l’univers, le #FakeTrek n’en est de toute façon plus là…
- (…)
Bref, une fois de plus, la plus infime crédibilité internaliste est sacrifiée sur l’autel des objectifs externalistes les plus incontinents. Une norme dans Discovery depuis le lancement de la série. Mais les piètres scénaristes se relâchent tellement que cela jure davantage à chaque saison...

Comme Discovery 04x07 But To Connect et de nombreux épisodes antérieurs depuis le début de quatrième saison, Discovery 04x08 All In se pique de haute politique et de stratégie, sauf que ses prétentions s’échouent à chaque fois sur l’écueil d’une complète impéritie d’écriture. Le suremploi de la présidente Laira Rillak et de l’amiral Charles Vance vise à propulser Burnham dans les coulisses au sommet du pouvoir, au mépris s’il le faut de toute chaîne hiérarchique et/ou cohérence promotionnelle. Mais ce parti pris n’est jamais totalement assumé afin de préserver les apparences. Quelles apparences d’ailleurs, puisque la messe à Mary-Sue est dite depuis longtemps ?
Il en résulte une permanente schizophrénie entre les ordres officiels que la présidente donne directement à sa capitaine vedette (y compris en privé) et les ordres réels qui ne sont jamais exprimés ouvertement au risque des plus tragiques malentendus dans les moments critiques. Il aura même fallu cette fois l’intervention en loucedé de l’amiral Vance pour expliquer à Michael ce que Rillak attendait d’elle, à savoir exactement le contraire de ce qu’elle lui a officiellement demandé. Merci pour la séance de "décryptage".
En somme, lorsque Burnham reçoit l’ordre formel de ne surtout pas partir à la recherche de Book et Tarka (du fait d’un évident conflit d’intérêt), cela signifie en réalité qu’elle doit les traquer sans pitié et les retrouver en top priorité ! Peut-être que les scénaristes se croient "malins" et "matures" en cultivant ces postures de double langage, peut-être fantasment-ils aussi déjà sur les black ops-pour-rire de la Section 31 en version Alias… mais aucun système opérationnel (qu’il soit militaire ou civil) ne pourrait fonctionner sous l’empire d’une pareille ambivalence (ou hypocrisie) au plus haut niveau, a fortiori sur une base systématique comme le fait désormais Discovery.
En réalité, il ne fait aucun doute que l’objectif de ce procédé inédit d’enfumage est d’institutionnaliser la géométrie variable au seul profit de l’archange Michael. Ainsi, quoi qu’elle décide de faire ou de ne pas faire, d’obéir ou de désobéir aux ordres, la société et ses plus hautes instances lui donneront toujours raison. La fin de l’épisode en est une parfaite illustration lorsque l’échec cuisant de Burnham dans la mission qui ne lui a pas été confiée et confiée en même temps se transforme par un simple jeu rhétorique conclusif en triomphe absolu… permettant au chef d’état-major (Vance) de déclarer sa flamme (professionnelle) à Mary-Sue et à la présidente (Rillak) de lui adresser les éloges les plus agenouillés. Soit le "système culbuto" copyrighté Burnham/Kurtzman dans toute sa splendeur (ou son horreur), avec la triche érigée en système et une issue invariable (contractuellement garantie à l’avance).

Les "stellar surveys" du Stilphe (rapportés par l’héroïne) révèlent que l’espèce 10-C a construit dans son espace extragalactique une structure artificielle de 228 millions de kilomètres de rayon, impénétrable aux scans, et englobant possiblement une étoile (curieusement, nul ne songe à la sphère de Dyson rencontrée dans ST TNG 06x04 Relics...).
S’ensuit une conclusion d’épisode proprement hallucinante. En effet, soudain, Burnham sort de nulle part THE explication devant un public médusé face à pareille omniscience : la DMA n’est pas une arme de destruction massive mais un système de drague ou de collecte des particules de boronites (hautement énergènes) ! Ce qui donne lieu à une scène totalement surréaliste où la ressortissante du 23ème siècle – avec le renfort de son équipage du même millésime – éduque l’élite de la Fédération du 32ème siècle sur une espèce extraterrestre disposant d’une avance technologique présentée comme inimaginable ! Ben voyons ! Faut-il vraiment avaler que Michael connaisse la réponse par pure science infuse, tandis qu’il ne serait venu à l’idée de personne au 32ème siècle d’analyser l’espace traversé par la DMA (siphonné de toute boronite), notamment via l’avalanche massive de données récoltées dans Discovery 04x02 Anomaly puis dans Discovery 04x06 Stormy Weather ?
Les scénaristes ont-ils oublié la trame de la saison... ou bien tout ce qui n’est pas Mary-Sue sert juste à décorer ? Emportés par leur propre idolâtrie bêlante devant leur super-héroïne, les auteurs ne prennent même plus la peine de préserver une apparence de crédibilité, ni même un semblant de contenance et de dignité.

L’argument supposé en imposer – c’est-à-dire consacrer ex cathedra la Voie de Burnham et diaboliser encore davantage celle de Book et Tarka – sera livré solennellement par la présidente Rillak : « si le DMA est leur équipement minier, nous ne pouvons qu’imaginer à quoi ressemblent leurs armes ». Le hic, c’est qu’il s’agit-là d’un sophisme, au demeurant bien amnésique de la part d’une UFP devenue idiocratique, jouant désormais les prudes effarouchées et faisant surtout pitié au regard de ce qu’elle fut un millénaire avant. Car, par exemple, la Fédération avait développé dès le 23ème siècle un équipement capable d’anéantir toute vie dans un système stellaire en quelques secondes dans ST II The Wrath Of Khan… et pourtant il s’agissait "seulement" d’un outil de terraforming accéléré (Genesis).
Ironiquement, Alex Kurtzman avait lui-même tenté de développer un semblable relativisme dans son premier #Faketrek de poche, Kelvin, avec la "red matter" de Milo Giacomo Rambaldi (recyclée depuis l’affligeante série Alias)...
Qu’importe, ce qui compte, c’est que tout personnage de la série (en l’occurence Book et Tarka) qui ose suivre une autre voie que celle prescrite par la dea ex machina n’a strictement aucune chance. Malheur à lui, car il n’existe qu’une seule stratégie, qu’une seule Vérité, qu’une seule Voie.
Des milliards d’humanoïdes se font exterminer par accident, mais l’essentiel est que les intentions soient bonnes et pieuses. Pas grave, suffira juste que super-Burnham apprenne doctement à l’espèce vendue comme la plus avancée de l’amas galactique local (mais un peu bêtasse sur les bords) qu’il y a des êtres vivants à la surface des planètes...
Idiocratie quand tu nous tiens, avec des civilisations entières peuplées de baltringues, pour le seul culte perpétuel de Mary-Sue.
Visiblement, Discovery tente de recycler – mais en pire encore si cela est possible – l’arnaque du Burn (cf. sa troisième saison)... que seul l’équipage messianique venu du lointain passé pouvait expliquer et éradiquer.

En définitive, visionner un show aussi abêtissant ne présente pas une once d’intérêt et ne génère pas même de "guilty pleasure". Car les dés sont pipés, le parcours prédéterminé, la dramaturgie contrefaite, les questionnements illusoires, les problématiques sophistiques, les comportements irrationnels et immatures. Il n’y a ni enjeu, ni incertitude, ni réflexion, ni dialectique... mais juste des clichés éculés, du surjeu ad nauseam, du sirop de glucose, et un culte forcé. Il suffit de suivre aveuglément et religieusement Mary-Sue, infaillible avec un millénaire d’avance, altérant à volonté les lois physiques et logiques de l’univers à son profit (une façon "d’expliquer" la masse critique d’incohérences). Elle sait tout, ne se trompe jamais, fait toujours les meilleurs choix possibles... pour emballer, distendre à loisir, et bien sûr résoudre à elle toute seule l’intrigue artificielle et prévisible dans le nombre imparti d’épisodes. Dans les trois premières saisons, elle désobéissait aux ordres et se mettait le système (faussement utopique) à dos pour mieux asseoir son complexe du martyr. Désormais, la bonne conscience est à ses côtés et la société entière à ses genoux.
Mais cela n’en est pas moins le Burnham show dans le Burnham-verse, réduit et rabaissé un peu plus à chaque numéro. Car ce n’est pas l’héroïne qui évolue au gré des expériences, c’est le (micro-)univers lui-même qui se conforme toujours davantage à sa déesse prédestinée...

Fake, fake, toujours plus fake... absolument sur tous les plans. Le fake dans sa forme la plus pure et la plus indigne.

NOTE ÉPISODE

NOTE STAR TREK

YR

BANDE ANNONCE





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