Star Trek : Ronald D. Moore façonneur de l’empire Klingon

Date : 27 / 06 / 2021 à 12h00
Sources :

SyFyWire


« Rédemption », le final épique de la saison 4 de Star Trek The Next Generation et le 100ème épisode de la série, fut la première fois qu’une série télévisée Trek atteignait cette étape de diffusion. Ce cliffhanger en 2 parties a également créé un changement narratif sismique dans l’univers de Star Trek en allumant la mèche d’une guerre civile klingonne. La bataille imminente forçait Worf (Michael Dorn) à faire un choix : rester à l’écart du conflit et sur l’Enterprise, ou démissionner et rejoindre son peuple dans un combat pour protéger l’Empire de la prise de pouvoir des méchantes sœurs Duras. (Spoiler : Worf troque son uniforme Starfleet pour un poste à bord d’un Oiseau de Proie Klingon). Les conséquences de la décision de Worf, ainsi que les retombées sur le destin de la planète Klingon, auront un impact sur les 3 prochaines décennies de Star Trek.

Juste à temps pour le 30ème anniversaire de l’épisode, le scénariste Ronald D. Moore s’est entretenu avec SYFY WIRE sur la réalisation de cet épisode marquant et sur ce que cela représentait d’être "le spécialiste Klingon" chargé de construire un monde digne de Game of Thrones dans la frontière de l’infini.

Avec les 30 ans de « Rédemption », il est bien connu que vous étiez le gars à voir pour les épisodes Klingons de Next Gen. Qu’est-ce qui vous a accroché chez Worf et les Klingons en tant que personnages ?

Au début, Worf était le plus "étranger" des personnages de la passerelle. Vous savez, Data veut désespérément être humain, et Worf ne le veut pas. Cet aspect de Worf m’a fasciné, car il ressemblait, en quelque sorte, à celui de Spock dans la série originale. Worf est un alien parmi les humains, qui fait partie de leurs histoires, mais il peut les regarder d’un point de vue différent. Il est également issu d’une autre culture fascinante, qui s’oppose à l’humanité à bien des égards. C’était amusant de découvrir toujours plus de choses sur lui, sur les Klingons et sur la place de Worf dans ce monde, mais surtout sur les Klingons en tant que peuple. Leur histoire, leur système de croyances, et je me suis vraiment intéressé à cet aspect de leur histoire. Encore une fois, c’était une sorte de construction du monde, ce qui est quelque chose que j’aime vraiment, construire une culture et une société comme ça. Je n’avais pas l’intention de le faire, mais c’était de la construction de monde. Worf a donc été ma porte d’entrée dans ce domaine.

Vous avez trouvé votre chemin vers lui avec votre premier script de TNG.

C’est vrai. Ça a commencé avec mon premier épisode de Star Trek, « Filiation » (The Bonding). Grâce à Worf, on découvre qu’il existe un rituel dont on n’a jamais entendu parler, et qui fait suite à une tragédie avec un officier dont Worf s’est malheureusement retrouvé au centre. Et une fois qu’on s’est lancé dans la "Saga de Worf", quand on a fait « Les pêchés du père » (Sins of The Father), on est allé sur la planète Klingon pour la première fois dans Trek. C’est devenu un endroit riche à exploiter. Comment ça marche ? Comment est-ce que c’est sur leur planète ? Comment est le Haut Conseil Klingon, ses traditions et ses coutumes ? Qu’est-ce qui est tabou ici ? Qu’est-ce qui est amusant ici ? C’est devenu de plus en plus intéressant pour moi, alors ils ont commencé à me donner les épisodes sur les Klingons et je suis devenu "le spécialiste des Klingons".

En tant que "spécialiste Klingon", les événements de « Rédemption » ont eu des répercussions sur les 30 dernières années de Trek.

Ce à quoi je ne m’attendais pas vraiment. Les écrire a toujours été amusant pour moi. J’ai toujours eu envie d’en faire un autre. Je me disais "ce serait amusant d’en faire un autre" ou "hé, faisons cette [idée]" - il y avait toujours une histoire de Klingon en vue.

Alors est-ce un peu surréaliste pour vous de savoir que cet épisode est devenu une telle colonne porteuse pour la franchise ?

C’est assez drôle, oui. C’est intéressant parce que, quand j’ai commencé sur Star Trek, les Klingons faisaient déjà partie intégrante de la franchise. Mais quand on y regarde de plus près, on ne sait pas grand-chose d’eux. Parce qu’il n’y avait qu’une poignée d’épisodes de la série originale qui leur étaient consacrés, et ils font une apparition en cameo, essentiellement, dans Star Trek : Le film. Et ils étaient les méchants dans Star Trek 3 : À la recherche de Spock. À cette époque, ils étaient juste un peu "les méchants" de Star Trek. Et on n’en apprend jamais vraiment beaucoup sur eux.

Donc, avec « Rédemption » et avant cela, avec « Les pêchés du père (Sins of The Father) » et « Réunion » était-ce une volonté de TNG à l’époque de les étoffer ? Pour qu’ils soient plus que de simples "méchants" ?

Pas vraiment. Ce qui s’est passé, c’est que quand j’étais sur Next Gen, c’était au moment où [le défunt showrunner] Michael Piller, lors de ma première semaine, parce qu’il savait que j’étais un fan, et qu’il était nouveau dans la série et dans Trek et qu’il essayait de prendre ses marques, a dit : "Rédigez-moi un mémo sur l’identité de ces putains de Klingons." Alors j’ai dit : "D’accord ! Je vais vous écrire un mémo sur l’identité des Klingons."

Quelles ont été vos inspirations pour construire un monde à la George R.R. Martin avec ce mémo Klingon ?

Ce fut inspiré par les romans de Star Trek, en particulier « The Final Reflection » de John Ford. Un bon livre, qui a vraiment influencé ma façon de penser les Klingons. Mais c’est intéressant maintenant que je suis le type qui a "fait" l’Empire klingon. Je suis "la Margaret Meade de l’Empire Klingon," comme disaient les auteurs. Même quand j’étais là, ce n’était pas quelque chose que j’essayais consciemment de faire, donc c’est ironique que cela fasse partie de mon héritage en tant qu’auteur de Trek.

Après avoir construit ce monde, était-ce à dessein d’utiliser le double épisode « Rédemption » pour enchainer avec la menace d’une guerre civile klingonne ?

Oh oui, absolument. C’était comme : "Ok, maintenant on va s’y mettre." À ce stade de la série, nous étions à un moment où nous pouvions vraiment nous amuser avec ça. On leur a donné une guerre civile, et on a pu voir comment les luttes de pouvoir et le leadership pouvaient fonctionner. Et explorer les grandes maisons [familiales] klingonnes, les grandes dynasties et les histoires. Surtout les règles de la planète et la façon dont ils mènent la guerre. J’ai adoré écrire ces deux épisodes, c’était vraiment amusant de se plonger dans ce monde.

Dans quelle mesure les épisodes finaux sont-ils proches de vos ébauches originales ?

C’était il y a plus de 30 ans maintenant, mais je pense que c’était assez proche. Je me souviens que le plan initial pour « Redemption » était d’être le cliffhanger qui terminait la saison 3, au lieu de « Le Meilleur des deux mondes » (The Best of Both Worlds). Mais évidemment, nous l’avons retardé d’un an. Je me souviens de Gene [Roddenberry] - il n’était pas d’accord avec ça, à l’origine.

Vraiment ? Pourquoi ? A cause de l’intrigue ?

Oui, c’était - à l’époque, Gene avait des paramètres très spécifiques sur la façon dont il voyait ce futur. Et, comme vous le savez, il n’y avait pas de réel conflit entre les personnages principaux de la série, donc la majorité du drame venait de forces extérieures apportant ce conflit à nos personnages. Ainsi, même si c’était avec les Klingons, c’était la première fois que nous, la première fois que Trek, vraiment, faisait une grande histoire de guerre comme celle-ci. Gene n’était pas très enthousiaste à l’idée d’aller dans cette direction, et il n’aimait pas l’idée de la centrer sur Worf.

Parce qu’il ne voyait pas Worf comme un personnage principal ou...

Il ne voyait pas vraiment Worf comme un personnage principal, non. La série était centrée sur Picard. Il était le capitaine. Et en plus, c’était le 100ème épisode de la série. Nous avons donc dû nous battre pour passer outre et réaliser l’épisode.

Et une fois l’épisode lancé, je sais que les scénaristes de la TNG n’étaient généralement pas présents sur le plateau pour la production de leurs épisodes, mais avez-vous pu leur rendre visite ?

J’y étais, en fait. Si je me souviens bien, j’étais là quand Ronald Reagan, alors président, est venu visiter le plateau. Et Gene était là, et il avait une canne à l’époque et il l’a fait tomber. Et Reagan, il l’a ramassé pour lui.

Cet épisode introduit les sœurs Duras de Klingon, que vous utiliserez plus tard dans votre scénario pour Star Trek : Générations.

Ce sont des personnages formidables. Ces grands personnages shakespeariens avec lesquels on peut vraiment prendre de grands coups. J’ai vraiment aimé les écrire. Mais je ne les ai pas vraiment créés. Je les ai écrites, mais je crois que c’est Michael qui a eu l’idée initiale de faire de ces 2 sœurs le faire-valoir et les personnes qui tirent les ficelles de cette prise de pouvoir des Klingons. J’ai eu l’idée de Sela, le personnage de Denise Crosby. Nous l’avons révélée [à la fin de « Rédemption, Partie I »] dans l’épisode de la saison 4 avec Geordi et les Klingons, « Vue de l’esprit » (The Mind’s Eye). Nous l’avons présentée comme une figure de l’ombre dans une sorte de conspiration à la Un crime dans la tête.

En revoyant l’épisode pour le 30ème anniversaire, on dirait vraiment Game of Thrones : Édition Klingon.

Vous savez, je n’ai jamais vraiment pensé à ça avant. Oui, il y a un peu de ça. Personne ne faisait vraiment ce niveau de construction du monde à l’époque, surtout dans une série syndiquée comme TNG. Maintenant, tout le monde veut le prochain Game of Thrones ou quelque chose de similaire avec ce niveau de construction du monde en série. Mais, oui, je pense que nous étions l’une des premières séries de genre à explorer cela. C’était vraiment une époque amusante et intéressante, en tant que fan, pour aider à façonner cela.


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