Madame Claude : La review du film Netflix

Madame Claude est un bon film français permettant de revenir sur l’ascension et le déclin de la reine de la prostitution parisienne dans les années 60 et 70, Fernande Grudet, dite Madame Claude.

Le scénario de la réalisatrice Sylvie Verheyde présente une femme menteuse et ambitieuse, qui mère-fille a décidé d’aller à Paris, est devenu prostituée et a ensuite utilisé le téléphone pour montrer une entreprise de prostituées de luxe évoluant dans les hautes sphères artistiques, politiques et sociales. De par son nombre de filles employées, ses contacts et ses clients, cette dernière a aussi collaboré avec l’Élysée, notamment sur l’affaire Marković qui a eu un retentissement national à la fin des années 60.

Loin du glamour et de l’érotisme du premier film qui lui a été consacrée en 2014, le biopic montre une battante, ayant les dents longues et utilisant son commerce pour s’élever socialement. L’œuvre brosse le portrait d’une femme d’affaires n’hésitant pas à faire des magouilles obscures, ou à utiliser des clients aux goûts pervers pour punir certaines de ses filles. Néanmoins, le long métrage montre aussi une personne prenant soin de celles travaillant pour elle, ne leur demandant pas plus de 30 % de leurs revenus et les faisant évoluer dans des sphères élevées, ce qui a permis à certaines d’entre elles de devenir chanteuses, actrices ou d’épouser un riche client.

Le film de Sylvie Verheyde se focalise principalement sur cette Madame Claude charismatique, ainsi que sur une jeune fille provenant d’un milieu aisé qui va devenir son adjointe. On va découvrir, année après année, la manière dont la dame gère son empire et la façon dont ce milieu s’intègre dans la politique de l’époque. C’est d’ailleurs la voix de comédienne qui incarne le personnage principal qui commente certains événements marquants de sa carrière.

La mise en scène met en avant les femmes, sans jamais tomber dans un glamour dévoyé. Si de nombreuses fêtes et des séquences de sexe ponctuent le film, ces dernières sont toujours filmées avec délicatesse et n’en montrent jamais trop. Il s’agit après tout d’une œuvre permettant de s’immiscer dans une sorte de maison close évoluée dans laquelle les filles se trouvent pour travailler et n’y prennent pas de plaisir. Il est d’ailleurs très intéressant d’avoir un regard féminin en se posant dessus, montrant la vérité se cachant derrière le décor et exempt de l’érotisme et du libertinage que veulent y voir certains hommes.

La reconstitution des années 60 et 70 est très bien faite. Il faut saluer le beau travail sur les décors de Thomas Grézaud et celui formidable sur les costumes d’Isabelle Pannetier. On a vraiment l’impression de se replonger dans le siècle dernier. Il faut d’ailleurs se rappeler qu’en cette période, les femmes avaient peu d’avenir en dehors du mariage et qu’il n’était pas facile pour elle de s’élever dans la société grâce aux études et au travail. Cela explique notamment l’impact qu’une telle femme à eu sur d’autres en montrant comment celle-ci a réussi à créer un petit empire dont en parle encore, alors qu’elle n’avait rien.

La photographie de Leo Hinstin est aussi très bonne. Elle joue parfaitement avec les lumières et la fumée pour offrir une ambiance souvent superficielle, dans laquelle les hommes disparaissent parfois derrière les brumes et les ombres.

Quant à l’interprétation, elle est impeccable. Karole Rocher est formidable en Madame Claude menant son petit monde d’une main de fer. Cette dernière campe bien une femme ambitieuse au destin sulfureux qui a tout mis en œuvre pour s’élever dans la société. Garance Marillier est très bonne en jeune femme bien née voyant une opportunité de s’affranchir de sa vie et de prendre enfin celle-ci en main. Roschdy Zem est très juste dans le petit rôle marquant d’un mafieux travaillant parfois avec le personnage principal.

Madame Claude est un bon film aidant à se (re)plonger dans une période pas si lointaine que cela et mettant en avant une femme forte qui a révolutionné la prostitution de haut niveau. Avec une histoire montrant l’imbrication entre cette femme haute en couleur et la politique de l’époque, une très belle réalisation, une reconstitution soignée et de fort bons acteurs, on passe un moment à la fois instructif et divertissant grâce à ce biopic d’une femme sortant de l’ordinaire.

Intéressant et original.

Fin des années 1960, Madame Claude règne sur Paris et au-delà grâce à son commerce florissant. En réinventant les codes de la prostitution, en empruntant ceux de la bourgeoisie et en s’inventant un passé respectable, elle est devenue une femme d’affaires redoutée et estimée du monde politique au grand banditisme. Femme de pouvoir dans un milieu et une époque d’hommes, à la veille des grands mouvements de libération de la femme, elle sera aussi le témoin de la fin d’une époque. Sa rencontre avec Sidonie, son opposée mais aussi son alter ego, sera imperceptiblement le fil conducteur de l’érosion de son empire. Sidonie est la fille qu’elle s’est choisie, qui deviendra presque son bras droit. Pour la première fois de sa vie, elle tient à quelqu’un. Elle qui tient le tout Paris dans ses carnets, qui s’est construite sur la haine et la honte, aimer quelqu’un, ça, elle ne sait pas le gérer. Sans le vouloir, et sans doute aussi car elle représente la liberté et l’indépendance, Sidonie précipitera sa chute...

 Durée du film : 1 h 52
 Titre original : Madame Claude
 Date de sortie : 02/04/2021
 Réalisateur : Sylvie Verheyde
 Scénariste : Sylvie Verheyde
 Interprètes : Karole Rocher, Garance Marillier, Roschdy Zem, Pierre Deladonchamps, Annabelle Belmondo, Hafsia Herzi, Joséphine de La Baume, Mylène Jampanoï
 Photographie : Leo Hinstin
 Montage : Christel Dewynter
 Costumes : Isabelle Pannetier
 Décors : Thomas Grézaud
 Producteur : Florence Gastaud pour Les Compagnons du Cinéma
 Distributeur : Netflix France

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