Ava : Review du film Netflix

Date : 03 / 12 / 2020 à 14h00
Sources :

Unification


Voilà encore un film qui, sous prétexte de s’inscrire dans la mode actuelle qui consiste à donner à des femmes des rôles habituellement réservés aux hommes, accumule les clichés horripilants. Je suis d’accord que, pour rendre un scénario intéressant, il faut que le personnage central ait des problèmes, des choses qui le/la hantent, un passé lourd, des cadavres dans le placard... Mais le scénariste d’Ava a pris beaucoup trop de raccourcis. Il lui aurait suffit de faire preuve d’un peu plus de créativité pour qu’Ava devienne une véritable héroïne et non pas cette espèce d’insupportable cliché à deux balles.

Je me demande pourquoi certains scénaristes prennent tant de plaisir à faire de leurs ’femmes fortes’ des droguées alcooliques dépressives, ou alors à tendance parano / schizo / nympho / psychopathe - quand c’est pas tout à la fois ! Pour nous convaincre qu’une femme ne peut être aussi forte qu’un homme que si elle est complètement barrée ? Un bon film d’action, c’est celui où le spectateur s’identifie au héros, même si c’est un tueur. Alors dites-moi pourquoi les femmes voudraient s’identifier à des perturbées du cerveau et de la vie ? Y a t-il une femme sur terre qui s’est identifiée à Carrie Mathison (Homeland) ? Si oui, je ne veux surtout pas la rencontrer !

Ava (Jessica Chastain) a un passé militaire : elle a fait ’des guerres’, celles que les Américains croient utile de faire... Lorsqu’elle quitte l’armée, elle sombre dans l’alcool et la drogue. Puis elle rencontre Duke (John Malkovich), cadre dans une agence de ’black-ops’, qui la sort de ses addictions et en fait une machine à tuer. Depuis 8 ans, sous couvert d’un job à l’ONU, elle exécute dans le monde entier les cibles désignées par l’agence. Elle en est déjà à 41 victimes, ce qui est lucratif car chaque assassinat lui rapporte des dizaines de milliers de dollars. Sa vie privée pue : une mère toxique, Bobbi (Geena Davis) ; une soeur musicienne, Judy (Jess Weixler), qui lui en veut de ne pas avoir donné signe de vie depuis des années mais qui en a tout de même profité pour s’accaparer son ex-boyfriend addict au jeu, Michael (Common). Et je ne vous parle même pas de la problématique avec feu son père, c’est trop affligeant. Voilà, notre personnage est défini, et il est d’un banal accompli. C’est triste à pleurer. Pas tant son histoire que le fait que ladite histoire manque terriblement d’originalité.

Et puis Ava dérange le patron de Duke, Simon (Colin Farrell), parce qu’elle demande à chacune de ses cibles si elle connait la raison pour laquelle on lui en veut suffisamment pour la tuer. Bon, et alors ? Est-ce qu’elle utilise l’information ? Non. Est-ce que ça l’empêche de remplir son contrat ? Non. Est-ce que ça ennuie la victime ? Ben non, elle est morte. Donc une raison plutôt ridicule pour éliminer la pauvre Ava qui veut juste buter des gens et gagner beaucoup d’argent. Mais c’est l’élément déclencheur de l’histoire ! Alors pour tenter de rendre les motivations de Simon plus crédibles, on explique que c’est un gros misogyne qui pense qu’une femme n’a pas sa place sur le terrain. Il a d’ailleurs tout fait pour faire foirer la dernière mission d’Ava, et il utilise ce foirage comme un argument supplémentaire pour expédier la jeune femme ad patres. Bref, on nage dans le gros stéréotype en utilisant le sexisme comme source d’antagonisme.

Je n’aime pas le jeu de Jessica Chastain de façon générale, et ce n’est pas ce film qui va me faire changer d’avis. Je trouve Malkovich de plus en plus mauvais, ou alors je viens à peine de me rendre compte qu’il joue comme un pied. Common est insignifiant et Geena Davis se demande ce qu’elle fait là, et ça se voit. Quant à Jess Weixler, je ne sais pas si c’est son rôle qui est particulièrement mal écrit où si elle joue comme une savate, mais elle est insupportable. Même Colin Farrell, d’habitude très bon dans les rôles de psychopathes, semble n’avoir pas réussi à trouver ses marques.

Cerise amère sur ce gâteau raté : un traitement du son digne d’un mauvais manga pendant les scènes où Ava grille un neurone, avec une réverbération insupportable qui dure, qui dure... Un gimmick tellement éculé que même les élèves des écoles de cinéma n’oseraient pas y recourir. Le reste, conventionnel, ne mérite pas qu’on s’y attarde, d’autant que la pauvreté du scénario tire tout vers le bas. Le film est sauvé de l’extrême nullité par quelques unes de ses scènes d’action, mais cela reste marginal.

Alors je m’en vais revoir The Long Kiss Goodnight (Geena Davis au mieux de sa forme), Salt, Hanna, Atomic Blonde et surtout l’excellent The Old Guard parce que dans le genre ’femmes tueuses’, c’est quand même bien meilleur.

SYNOPSIS

Vétéran de l’armée, alcoolique réformée, Ava gagne sa vie en exécutant les cibles désignées par l’agence super secrète qui l’emploie. Mais elle a un gros travers : elle demande à ses futures victimes ce qu’elles ont fait pour mériter le sort qu’elle leur réserve. Cela ne plait pas à l’un de ses supérieurs qui décide de l’éliminer, et le chasseur devient gibier... Se greffent par dessus des histoires de famille pas forcément jouasses, et voilà Ava coincée entre le marteau et l’enclume.

BANDE ANNONCE - EXTRAITS


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 36
- Titre original : Ava
- Date de sortie : 01/12/2020
- Réalisateur : Tate Taylor
- Scénariste : Matthew Newton
- Interprètes : Jessica Chastain, John Malkovich, Colin Farrell, Jess Weixler, Common, Geena Davis, Joan Chen
- Photographie : Stephen Goldblatt
- Montage : Zach Staenberg
- Musique : Bear McCreary
- Costumes : Megan Coates
- Décors : Molly Hughes
- Producteurs : Kelly Carmichael, Nicolas Chartier, Jessica Chastain, Dominic Rustam
- Distributeurs : Vertical Entertainment / Netflix France


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