Made in Bangladesh : La critique

Date : 02 / 12 / 2019 à 11h00
Sources :

Unification


Made in Bangladesh est un excellent film bengali présentant la lutte d’une ouvrière pour pouvoir créer un syndicat dans l’usine où elle est employée.

Le scénario de la réalisatrice Rubaiyat Hossain s’inspire énormément de la vie de la véritable ouvrière, Daliya Akter. Cette dernière a en effet réussi à créer un syndicat après avoir découvert l’existence d’un code du travail dans son pays, ce qui a permis d’améliorer la vie des ouvrières. L’histoire retrace sa lutte pour parvenir à ses fins, tout en parlant de la condition de la femme au Bangladesh qui leur donne un statut pas toujours simple à vivre.

La réalisatrice a dû louer un bâtiment et recréer de toutes pièces l’intérieur d’une usine de confection d’habits. Les ouvrières travaillant dedans ont été embauchées pour être des figurantes et les actrices principales ont eu une formation précise sur le travail à effectuer par leur personnage. C’est d’ailleurs Daliya Akter qui était consultante sur le film, ce qui donne à tous les passages se déroulant dans l’entreprise un grand air de vraisemblance et permet de s’immiscer au plus près de la vie d’un travailleur surexploité, très mal payé, au métier bien difficile.

La mise en scène utilise aussi la véritable ville de Dacca qui sert d’écrin au récit. Ainsi, les rues montrées sont réelles, vraiment grouillantes de vie, et l’appartement du personnage principal est une véritable maison d’ouvrière. Le spectateur se retrouve donc en plein cœur d’un monde que l’on a rarement montré de cette façon-là, surtout dans une fiction, et qui permet d’appréhender la vie d’une ouvrière et de ses amies qui essayent d’améliorer leur quotidien.

Le film est néanmoins très prenant et réserve de nombreux rebondissements. Il se regarde tel un véritable thriller dans lequel on découvre une succession de pièges et de chausse-trappes mis sous les pieds d’une femme voulant un peu s’émanciper.

Car en plus de devoir lutter contre un système corrompu et contre des patrons près de leurs sous qui ne s’inquiètent pas beaucoup du bien-être de leurs employés, le protagoniste principal a aussi affaire à un mari chômeur n’appréciant pas ce qu’elle fait et à une société musulmane dont certains intégristes refusent que les femmes se veuillent revendicatrices.

Le casting est vraiment magnifique. Les comédiens sont très intéressants, mais c’est clairement Rikita Shimu qui crève complètement l’écran. Elle est parfaite en femme se battant pour maintenir sa maison à flot et essayer d’améliorer son ordinaire. L’actrice donne vraiment l’impression d’être une ouvrière et d’avoir fait cela depuis de nombreuses années. Ce qui la rend d’autant plus crédible dans un film permettant d’appréhender aussi des conditions de travail, parfois à la limite de l’indigne.

Si tout ne s’est pas exactement déroulé comme dans la vraie vie de l’ouvrière, tout est véridique. Rubaiyat Hossain a même dû changer les événements s’étant produits lorsque cette dernière rencontre un haut fonctionnaire, la réalité dépassant de loin à la fiction. Ces passages sont d’ailleurs tournés dans une véritable administration locale.

Le travail sur la photographie de Sabine Lancelin est très beau. Les images apportent énormément de couleurs au récit et donnent vraiment l’impression de se retrouver en plein dans un pays où les femmes, toutes en belles tenues colorées, font preuve de courage, d’entraide et de résilience contre une vie qui ne leur fait jamais de cadeau.

Made in Bangladesh est un film magnifique et extrêmement touchant qui va droit au cœur. Avec cette histoire palpitante contant une lutte d’ouvrières se battant à la fois pour leurs droits et pour montrer que des femmes ne sont en rien inférieures aux hommes, un écrin naturel saisissant et des actrices lumineuses, l’œuvre est vraiment à voir. D’autant qu’elle interroge sur la place de la femme dans la société, l’humanité, le travail, la dignité et le respect.

Impressionnant et passionnant.

SYNOPSIS

Shimu, 23 ans, travaille dans une usine textile à Dacca, au Bangladesh. Face à des conditions de travail de plus en plus dures, elle décide avec ses collègues de monter un syndicat, malgré les menaces de la direction et le désaccord de son mari. Ensemble, elles iront jusqu’au bout.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 30
- Titre original : Shimu
- Date de sortie : 04/12/2019
- Réalisateur : Rubaiyat Hossain
- Scénariste : Rubaiyat Hossain
- Interprètes : Rikita Shimu, Novera Rahman, Parvin Paru, Deepanita Martin
- Photographie : Sabine Lancelin
- Montage : Sujan Mahmud, Raphaëlle Martin-Holger
- Musique : Tin Soheili
- Décors : Jonaki Bhattacharya
- Producteur : François d’Artemare pour Les Films de l’Après-Midi, Khona Talkies, Beofilm, Midas Filmes, Cinema Cocoon
- Distributeur : Pyramide Distribution

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Made in Bangladesh



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Le Déserteur : La critique
L’Echappée : La critique
Resilient Man : La critique
Spy x Family Code - White : La critique
Le Jour où j’ai rencontré ma mère : La critique
For All Mankind : Un renouvellement stratosphérique pour la série (...)
Captain America - Brave New World : Un film Marvel 10 fois plus (...)
The Walking Dead - The Ones Who Live : Critique 1.05 (...)
Chucky : Critique 3.06 Panic Room
Star Trek : Le baiser entre Kirk et Uhura, et le passage à vide (...)
Le Déserteur : La critique
Le Clan des suricates : Le prochain Happy Feet de Warner Bros (...)
Dr. Odyssey : Don Johnson consulte sur ABC
Nous les Contactés : la critique
Fallout - Le Jeu de Rôle : La critique de L’Hiver (...)