Les Grands : Review de la saison 3

En deux saisons, Les Grands a su se positionner comme l’une des séries les plus réussies de l’histoire de la télévision française. Cette réussite s’explique aussi bien par son casting mêlant nouveaux talents et acteurs confirmés, que par la direction artistique extrêmement aboutie. Que ce soit la photographie, la bande-son, la mise en scène et bien entendu le scénario, la série a su proposer un niveau de qualité toujours très élevé. La deuxième saison laissant en suspens de nombreux arcs narratifs, il faut bien avouer que ces deux ans d’attente avant la découverte de cette nouvelle fournée d’épisodes ont été particulièrement longs.

La série se devait donc de frapper particulièrement fort pour ce qui allait être son ultime saison, comme cela avait été annoncé pendant son tournage. Quels choix allaient donc être faits pour qu’elle arrive à rester à la hauteur de la réputation qu’elle s’est forgée tout en livrant une conclusion suffisamment satisfaisante pour nous laisser un souvenir impérissable.

En tout premier lieu, dans la lignée des choix scénaristiques les plus efficaces du paysage sériephile, nous retrouvons nos jeunes protagonistes à quelques mois du bac, alors que nous les avions quitté lors de leur voyage de fin d’année de seconde à Amsterdam. Ce bond dans le temps aurait pu faire craindre que l’impasse soit faite sur certains arcs narratifs et pourtant arrivé à la fin de la saison, c’est un immense sentiment de satisfaction qui domine. En effet, même si le trio Dylan-Enzo-Bertille (cette dernière ayant complètement disparu de l’intrigue) a tristement été mis de côté, toutes les questions en suspens trouvent des réponses et les évolutions proposées sont à la fois logiques et émotionnellement très impactantes.

MJ, Ilyès, Avril, Hugo et Boogie sont de retour, rejoints par Kenza devenue la petite amie de ce dernier. Leurs préoccupations et leurs questionnements sont plus adultes, ce qui ne les empêche pas pour autant pas de faire des bêtises aux conséquences plus ou moins explosives. En cette année charnière pour leur avenir, toutes les expériences sont bonnes à prendre pour découvrir qui ils sont et peut-être devenir une meilleure version d’eux-même. Beaucoup de téléspectateurs seront sans doute surpris par le virage mature pris par la série avec de nombreuses scènes en mode" sex and drug " qui lui donne une filiation plus marquée à la cultissime série Skins.

Si les adultes ont toujours un rôle très périphériques et pas très positif dans la série, le beau-père de MJ, Mr Humbert avait réussi à grandement marquer les esprits grâce à sa bienveillance et son intérêt non feint pour les jeunes. Il va avoir dans cette saison une place plus importante, et ce, pour notre plus grand plaisir, d’autant plus renforcé par la qualité d’interprétation de son interprète Laurent Bateau, bouleversant d’humanité.

Le choix pour cette saison d’avoir situé l’action majoritairement hors du lycée est particulièrement gagnant puisqu’il contribue à donner à l’ensemble des accents de reboot, nous évitant ainsi d’avoir l’impression que la série n’ait pas suffisamment évolué pour justifier l’existence de cette saison. Ainsi, l’obtention du baccalauréat n’est qu’un objectif parmi d’autres pour nos lycéens et toutes les péripéties qu’ils vont vivre vont contribuer à maintenir notre intérêt de bout en bout.

Cependant, ce qui fait la grande réussite de cette saison, c’est bien entendu son incroyable mise en scène qui achève de placer la série au panthéon des plus grandes réussites visuelles de ces dernières années. Vianney Lebasque, co-scénariste et réalisateur de tous les épisodes de la série finit avec cette saison d’imposer son propre style. Un style à la fois rigoureux et élégant qui lui permet de capter les émotions des personnages pour les faire ressentir au maximum au téléspectateur. Le huitième épisode, composé d’un unique plan-séquence (outre la scène d’introduction et de fin) est d’ailleurs un morceau de bravoure qui, tout en faisant écho à l’une des premières scènes de la série, fait des Grands une série si unique.

Tout ceci étant dit, il faut bien avouer que la série aurait beau avoir toutes les qualités artistiques possibles, si le dénouement n’est pas satisfaisant, alors les téléspectateurs n’arriveront pas à en avoir un bon souvenir. C’est avec un plaisir immense que l’on découvre que Les Grands possède une conclusion d’une puissance évocatrice rare et qui émouvra tous ceux qui auront fait de ces adolescents, des compagnons de route télévisuels durant ces quatre années d’existence.

Les Grands fait clairement partie des séries que l’on porte en nous toute notre vie et que l’on prend plaisir à revoir encore et encore pour vérifier si le souvenir positif qu’on en a est toujours aussi justifié. Sans aucun doute possible, Les Grands est une immense réussite et bienheureux ceux qui vont pouvoir la découvrir d’une seule traite lorsqu’elle sera disponible dans son intégralité.

 Episode : 3.01 à 1.10
 Titres : Nouvelle ère - Mauvaise idée - Première soirée - Proposition d’avenir - Swing - L’anniversaire - Passe ton bac - Tensions - Hangover - Grandes vacances
 Date de première diffusion : 31 octobre 2019 (OCS)
 Réalisateur : Vianney Lebasque
 Scénariste : Joris Morio, Victor Rodenbach et Vianney Lebasque

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