L’âcre parfum des immortelles : La critique
L’âcre parfum des immortelles est une belle œuvre d’amour dédiée à la femme perdue du réalisateur et une incursion vraiment intéressante dans 50 ans de lutte sociale.
Le réalisateur Jean-Pierre Thorn se plonge dans son passé pour livrer ce film composé de nombreuses séquences qu’il a tourné à différentes époques. Le récit est ponctué de lettres magnifiquement lues par Mélissa Laveaux et qui permettent de se replonger dans un passé suranné.
C’est après avoir rencontré sa femme que le réalisateur s’intéresse aux ouvriers en 1968 et va les filmer de près avec une caméra. Il va par la suite devenir un ouvrier et s’éloigner de la réalisation, avant d’y revenir pour capter certains des grands événements qui ont eu lieu au cours des 50 dernières années. Tels que fermetures d’usines sidérurgiques, émeutes dans les banlieues ou encore les gilets jaunes de leurs débuts.
Il donne la parole à un certain nombre de personnes dans ces documents du passé et en retrouve quelques-uns aujourd’hui. Ce qui lui donne l’occasion de les interroger sur les événements du siècle précédent et sur leur impact sur le temps présent. Ces échanges très intéressants brossent l’évolution de notre société et le ressenti de ceux qui se sont battus pour l’améliorer et y sont rarement parvenus.
Le réalisateur s’est aussi intéressé aux débuts du Hip-hop en France et au statut actuel de cette danse, vectrice de contestation. Il retrouve une jeune femme, Nacera Guerra, qui est depuis devenue une spécialiste de cet art et qui livre d’ailleurs devant sa caméra un magnifique numéro achevant cette plongée très intéressante au cœur de 50 ans d’histoire de luttes diverses en France.
Le documentaire alterne images du présent et du passé, parties musicales et dansée, interviews et s’accompagne en voix off des magnifiques textes amoureux de la belle du réalisateur. Le documentaire social se transforme donc régulièrement en une œuvre qui raconte avant tout une superbe histoire d’amour que le temps n’a pas réussi à éroder.
L’âcre parfum des immortelles est un bon film documentaire qui permet de mieux comprendre ce qui se passe aujourd’hui à l’aune des combats passés. Avec ce mélange entre conflits antérieurs, histoire d’amour passé et idéaux de jeunesse que le temps a émoussé, associés à des intervenants qui parlent avec passion de leur art et de la lutte pour la reconnaissance de leur travail et de leurs compétences, le long métrage est de plus en plus captivant et laisse un petit arrière goût amer à la fin de son visionnage que les souvenirs d’un temps suranné réussissent à atténuer.
Intéressant et différent.
SYNOPSIS
Au récit enflammé d’une passion amoureuse se mêle la folle espérance soulevée par Mai 68.
Jean-Pierre Thorn remonte le fil de sa vie pour retrouver les figures rebelles qui ont peuplé ses films : des ouvriers en lutte des années 70 jusqu’à leurs enfants du mouvement hip-hop... et aujourd’hui les gilets jaunes d’un rond-point à Montabon. Ensemble, ils composent une fresque lumineuse qui prolonge et répond aux lettres de son amante trop vite fauchée par la mort. Ils montrent combien la rage de Mai est plus que jamais vivante : telle la braise qui couve sous la cendre.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 19
Titre original : L’âcre parfum des immortelles
Date de sortie : 23/10/2019
Réalisateur : Jean-Pierre Thorn
Scénariste : Pierre Chosson, Jean-Pierre Thorn
Interprètes : Nach, Mélissa Laveaux, Serge Teyssot-Gay
Photographie : Sylvain Verdet & Sébastien Godefroy
Montage : Emma Augier
Musique : Interzone de Serge Teyssot-Gay & Khaled Aljaramani, A Nano World de Serge Teyssot-Gay & Xie Yugang
Producteur : Anne-Catherine Witt pour Macalube Films
Distributeur : Les Acacias
LIENS
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