L’Affaire Pasolini : La critique
L’affaire Pasolini est un bon film revenant sur l’année 75 qui a été terrible pour le réalisateur italien Pier Paolo Pasolini et dont les évènements qui se sont produits se sont toujours pas complètement éclaircit.
Le scénario du réalisateur David Grieco et de Guido Bulla propose une hypothèse plausible sur ce qui est arrivé au réalisateur, en butte à la fois aux critiques concernant son dernier film Salò ou les 120 journées de Sodome et à sa rédaction d’un roman portant sur un individu de pouvoir plus que trouble, Eugenio Cefis.
Le film suit principalement Pasolini dans ses occupations, évitant de tomber dans le bien-pensant et dressant le portrait d’un homme entier, homosexuel dans un pays peu tolérant et communiste, alors que l’Italie est en pleine crise politique. D’autres personnages sont mis en avant, nécessitant une certaine attention pour relier tous ces protagonistes. Néanmoins, l’intrigue est de plus en plus facile à suivre, une fois que l’on a une vision claire des divers intervenants en place. Le réalisateur fait aussi des choix scéniques audacieux qu’il faut saluer.
La reconstitution des années 70 en Italie est bien faite. La belle voiture de Pasolini, qui lui faisait des envieux, paraît flambant neuve. Le travail sur les décors de Carmelo Agate et celui sur les costumes de Nicoletta Taranta apportent un verni de vraisemblance à l’histoire d’un réalisateur qui a défrayé la chronique.
De plus, la belle photographie de Fabio Zamarion sait assombrir les évènements lorsqu’ils le doivent, tout en apportant une belle luminosité à d’autres passages.
À travers l’histoire du réalisateur, le spectateur se retrouve projeté dans la période trouble de la fin du vingtième siècle, lorsque le Parti communiste italien monte en puissance et que les relents fascistes ne se dissipent pas complètement. Une période tourmentée, propice à la montée en puissance d’individus pas toujours recommandables. Et dans laquelle manipulation et mensonge étaient utilisés pour pervertir la vérité.
C’est d’ailleurs à sa recherche que Pasolini est lancé, malgré les avertissements que certains lui prodiguent. Le long métrage réussit à montrer cette imbrication de volontés divergentes et les conflits que les différents acteurs : politiques, policiers, petit criminels...ont entre eux.
Les comédiens sont très bons. L’acteur incarnant le rôle-titre, Massimo Ranieri, retransmet fort bien l’ambiguïté d’un homme génial, réalisateur et auteur, ayant une vision claire de ce qui se passe et se croyant à l’abri d’un coup du sort grâce à sa célébrité. Libero De Rienzo est très intéressant en jeune gigolo ayant des fréquentations peu recommandables.
L’affaire Pasolini propose une vision intéressante d’une année marquante dans la vie d’un homme qui a réalisé et écrit des classiques cinématographiques et littéraires. Avec une histoire véridique conservant des zones d’ombre, auxquelles le réalisateur offre ses propres éclaircissements, un très bon acteur et une immersion réussie dans une époque passée, l’œuvre est intéressante et permet de se (re)pencher sur le cas d’un homme sortant de l’ordinaire.
Passionnant et fascinant.
SYNOPSIS
Pendant l’été 1975, Pier Paolo Pasolini termine le montage de son dernier film, « Salò ou les 120 journées de Sodome ». Son œuvre suscite de fortes polémiques et provoque des débats par la radicalité des idées qu’il y exprime. Au mois d’août, le négatif original du film est dérobé et une rançon importante est exigée. Prêt à tout pour récupérer son film, Pasolini va se laisser enfermer dans une terrible machination qui le conduira à sa perte.
BANDE ANNONCE
FICHE TECHNIQUE
Durée du film : 1 h 53
Titre original : La Macchinazione
Date de sortie : 21/08/2019
Réalisateur : David Grieco
Scénariste : David Grieco, Guido Bulla
Interprètes : Massimo Ranieri, Libero De Rienzo, Matteo Taranto, François-Xavier Demaison, Milena Vukotic, Roberto Citran, Alessandro Sardelli
Photographie : Fabio Zamarion
Montage : Francesco Bilotti
Musique : Pink Floyd
Costumes : Nicoletta Taranta
Décors : Carmelo Agate
Producteur : Vincent Brançon, Alice Buttafava, Dominique Desforges, Lionel Guedj, Marina Alessandra Marzotto pour Propagande Italia
Distributeur : 2iFILMS
LIENS
PORTFOLIO
Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.