Le chant du loup : La rencontre avec Antonin Baudry, François Civil et Reda Kateb

Date : 18 / 02 / 2019 à 08h30
Sources :

Unification


À l’issue de la projection du film Le chant du loup, le réalisateur Antonin Baudry et les acteurs François Civil et Reda Kateb sont venus répondre aux questions du public.

Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.

Comment est-ce qu’on arrive à faire un premier film d’une telle ampleur ?

Antonin Baudry : Cela vient d’une passion. J’ai fait une immersion dans un sous-marin pendant plusieurs jours, et j’ai essayé de comprendre son fonctionnement. J’en ai écrit un scénario, puis j’ai parlé à des gens et cela a plu.

Comment avez-vous réussi à vous immerger dans un tel rôle ?

François Civil : Je n’avais jamais entendu parler de ce métier, l’oreille d’or, avant. J’avais vu des films comme À la poursuite d’octobre rouge. J’ai lu le scénario, et j’ai vu qu’il était centré sur ce personnage. Cela m’a tout de suite plu.

Reda, comment avez-vous vécu le tournage ?

Reda Kateb : C’était cool de shooter un hélicoptère à partir d’un sous-marin. J’ai beaucoup aimé le scénario. Ce n’était pas que le cahier des charges d’un film d’action. Il y avait un vrai point de vue et un regard original sur les oreilles d’or. Pour notre préparation, nous sommes partis dans un sous-marin.

Pourquoi avez-vous axé votre film sur la confrontation entre deux sous-marins français et pas entre un sous-marin français est un sous-marin étranger comme c’est généralement le cas dans ce type de film ?

Antonin Baudry : Cela me hante de vivre en sachant qu’il y a des armes de destruction massive partout autour de nous. On m’a dit que dans les sous-marins qui étaient équipés avec des lancements d’ogives nucléaires, il n’y avait pas de possibilité de risque d’erreur. J’ai cherché la faille du système. Je me disais qu’il n’y avait forcément un risque d’erreur. Je me suis posé la question de quel type de problème pouvait survenir. Qu’est-ce qui se passerait si cela dégénéré ? Je me suis beaucoup documenté. J’ai rencontré des personnes en charge du nucléaire en France. J’ai essayé de me mettre dans la peau du personnage. Je me disais que si les gens ont une conscience, ils essaieraient forcément d’arrêter ce qu’il va se passer, c’est-à-dire le tir d’un missile nucléaire. Je me suis posé la question de comment marche les choses. Cela peut arriver. Il est impossible d’arrêter un tir nucléaire une fois que celui-ci a été programmé. Cela fait partie de la doctrine de dissuasion nucléaire française. Lorsque l’ordre du tir est donné, c’est le président de la République qui l’envoie aux sous-marins. Il est codé. Mais il n’existe pas d’encodage d’ordre annulation.

Le tournage se fait en partie dans un sous-marin. Comment était organisée la logistique autour ?

Antonin Baudry : C’était un vrai défi, ces scènes dans de vrais sous-marins. Il y avait plein de coursive très étroite. En ce qui concerne la salle de commandes, elle a été entièrement reconstituée en studio. Nous avons choisi une l’échelle identique à la réalité. C’était un défi technique. Nous voulions avoir quelque chose de très réaliste qui nous permettrait de gagner en intensité. Derrière la caméra, j’avais beaucoup de contraintes. Mais je ne voyais plus des acteurs, mais un vrai équipage de sous-mariniers. Il y a une grande relation de proximité physique qui est lié à l’étroitesse des lieux.

François Civil : J’ai halluciné quand j’ai plongé en sous-marin. C’était très exigu. Ost en contact constant avec les autres. C’est très intime. Il est important de s’approprier l’espace. Nous avons eu un coach sur le mouvement pour nous former. Nous devions faire un vrai ballet dans le centre opérationnel qui soit réaliste.

Comment vous êtes-vous approprié le langage des sous-mariniers qui est vraiment une autre langue ?

Reda Kateb : On avait des informations dans le scénario. Il y avait une page de garde une note, qui disait qu’il fallait utiliser le langage tel quel. Il n’y aurait pas de sous-titres, ni de simplification à l’écran.

Cela nous faisait l’effet de jouer dans une langue étrangère, comme une musique qu’on ne maîtrise pas. Nous avons suivi une formation.

J’ai arrêté les maths en classe de quatrième. Je me sentais mal dedans et je ne comprenais pas très bien ce que je disais. Mais quand je disais quelque chose comme cap 270, je voulais qu’on ressente l’idée du danger.

Le cadre est hyper technique. On ne doit pas passer du temps sur les sentiments. Par exemple dans la scène du prologue qui dure 20 minutes, on faisait des prises de 20 minutes. C’était comme jouer au théâtre. On partager ensemble, on s’amusait bien.

Quel a été votre travail sur la mise en scène pour donner autant de poids au son ?

Antonin Baudry : C’est le son qui m’a le plus frappé dans un sous-marin. Le langage, je n’y comprenais rien. Je voulais que le spectateur se retrouve dans cette position. Et qu’il voit les mots comme des sons et le son comme un langage.

Il y a eu un gros travail en postproduction sur la création sonore.

Je voulais trouver un véritable langage des sons. Par exemple pour les torpilles qui avancent sous l’eau, j’ai mis du temps avant de trouver le bon son. J’ai mélangé le cri d’un serpent avec le rugissement d’un lion.

Il y a eu un gros travail sur la création de cet univers sonore. J’ai conçu toutes les histoires autour.

Le film a été mixé au Skywalker Ranch. Comment avez-vous contacté les personnes qui ont travaillé de dessus ?

Antonin Baudry : J’ai cherché le monteur avec qui je voulais vraiment travailler, et je l’ai ramené avec moi.

En ce qui concerne le Skywalker Ranch, ils avaient déjà vu des extraits de mon film et c’est eux qui ont eu envie de faire ce travail sur le son. Le son est un personnage important, c’était l’occasion de développer leur amour du son.

Comment étaient vos rapports avec l’armée française ?

Antonin Baudry : Je n’en ai pas eu beaucoup. J’ai plutôt eu des rapports avec les sous-mariniers. C’est un sous-monde de l’armée.

Il y a eu un rapport très fusionnel entre nous, car l’équipe de tournage et les sous-mariniers fonctionnent de la même façon.

Sur un film, on a un régisseur. Quand on a besoin d’un décor, il va voir l’armée. C’est ce qui se passe aussi quand on a besoin d’un bar. Il n’y a pas d’anicroches. C’est assez serein.

François Civil : J’ai rencontré des sous-mariniers. J’avais besoin de comprendre ce que je disais. Il fallait que j’écoute les sons afin de nourrir le réel de mon personnage de Chanteraide. J’ai rencontré des oreilles d’or. Même dans la vie quotidienne, ils ont une vraie déformation professionnelle. Ils appréhendent le monde différemment et cela les isole aussi. Il y en avait un qui était capable d’entendre de leur appartement le sac de sa femme craquer dans la rue.

Reda Kateb : Nous avons été très bien accueilli lors des préparations. Chacun des acteurs principaux a été invité 24 heures dans un sous-marin. Les sous-mariniers étaient toujours disponibles et prêts à répondre à nos questions. Certains ont même travaillé comme figurant ou comme silhouette.

Ils nous faisaient beaucoup confiance. Ce sont des gens qui ont envie de montrer leur métier, car même au sein de leur famille, c’est secret. Ils nous ont fait confiance. Et nous ne voulons pas décevoir ces personnes. Nous devions aussi les rendre crédibles. Ce ne sont pas des excités ou des belliqueux. Et ils ont des familles.

Vous avez commencé votre premier jour de tournage avec l’hélitreuillage comment cela s’est passé ?

François Civil : J’étais hyper concentré dans mon travail, et cette première journée, c’était du n’importe quoi.

J’étais dans un hélicoptère de l’armée qui volait à 300 km heures. On se trouvait à 5 m de la mer et il y avait un sous-marin qui sortait de l’eau. Et nous étions suspendus à un câble. Mathieu Kassovitz était très concentré. Dans la première prise, il me lance un regard intense du genre « nous allons sauver le monde » avant de descendre. Pour la prise, il disparaissait puis on le remonte tout de suite pour recommencer une nouvelle prise. Et là, je l’ai vu réapparaître avec son téléphone à la main et un grand sourire de gamin. Cela a brisé la glace entre nous.

Vous avez tourné dans un espace très réduit. Cela entraîne parfois une absence de mouvement. Est-ce que cela change quelque chose dans votre jeu d’acteur ?

Reda Kateb : Cela modifie le rythme de la façon de bouger, la voix. Le sous-marin est très exigu.

François Civil : On était très statique. Surtout dans le prologue et la fin. Il y avait beaucoup de tension. Le tournage a duré parfois plusieurs jours. Il fallait trouver de l’énergie et de la tension qui étaient liées à l’enjeu du film.

Est-ce que vous avez hésité sur la fin du film ?

Antonin Baudry : J’ai failli couper plus tôt. Lorsque la caméra se fixe sur la main de Reda. C’était mon intention originale que de faire cette fin. Je crois, au fond, que la confiance entre quelques personnes peut sauver le monde.

Votre premier long-métrage est quelque chose d’énorme et un projet imposant. Sur quel type de film allez-vous travailler ?

Antonin Baudry : Quand j’étais enfant et jeune, j’aimais regarder des films d’aventures et d’action. Plus tard, j’ai découvert des livres, notamment les tragédies grecques. Il y a une unité de temps et de lieu. Dans mon film, j’ai voulu faire une tragédie grecque dans un sous-marin avec une humanité capable de se détruire. De gros moyens découlaient de ce projet. Mais si un jour, j’ai une idée géniale avec une super histoire pour un seul acteur, je serai hyper content.

Est-ce que le film a été vu par les sous-mariniers ?

Antonin Baudry : Il y a eu une petite projection d’une vingtaine de personnes pour ceux qui nous ont accompagnés, dont les sous-mariniers. Ils étaient plutôt contents du film.

Est-ce que la scène avec la musique d’attente est réaliste ?

Antonin Baudry : Oui complètement. En cas d’alerte, le président de la République doit descendre dans le bunker avec son chef d’état-major. C’est comme cela qu’on peut le joindre. Je voulais que l’on voie tout du point de vue des sous-mariniers. On ne comprend donc pas tout. On subit ce qui se passe. Il n’y a pas d’anticipation possible.

Le premier long métrage d’Antonin Baudry est très réussi et passionnant. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

- SITE OFFICIEL

VIDÉOS

Rencontre avec Antonin Baudry, François Civil et Reda Kateb partie 1 :


Rencontre avec Antonin Baudry, François Civil et Reda Kateb partie 2 :


Rencontre avec Antonin Baudry, François Civil et Reda Kateb 3 :


Bande annonce :



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