The Punisher : Review de la saison 2

Date : 23 / 01 / 2019 à 14h30
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De la seconde saison du Punisher, il faut retenir une entame parfaite qui cristallise le meilleur et l’immense potentiel encore inexploré du personnage de Franck Castle.

Cette entame souligne qu’après s’être fait justice lui-même au travers d’une vendetta sanglante et sans merci, Franck Castle n’a plus aucune raison de prendre les armes. En ce sens, après avoir mené au bout Sa guerre personnelle, il s’efforce de faire la paix avec les autres humains et, surtout, avec lui-même. Et dès les premières minutes, même si l’appel de la violence reste prégnant, le vacarme des armes cède ainsi sa place aux soins des blessures du corps et de l’âme.

Le temps de cette entame, l’homme violent s’efface derrière le père et mari endeuillé. En phase d’acceptation du deuil, il semble aspirer à une vie en collectivité paisible, loin des affres des mégalopoles. Dans ce cadre, le Punisher de Jon Bernthal dévoile son besoin de renouer avec sa part d’humanité trop longtemps étouffée par une vie de soldat et sa quête de vengeance.

The Punisher partait donc sur le principe directeur, classique, de l’homme de guerre intégrant une société pacifiée qui ouvre sur un éventail très large d’intrigues et de genres. En se reposant sur ce principe, ce second run faisait entrevoir une relecture intimiste de Rambo - First Blood teintée du propos moderne de Brothers de Jim Sheridan. Dans cette optique, la dynamique de la saison aurait été complémentaire et distincte de l’excellent premier run qui, faut-il le rappeler, se suffisait à lui-même.

Malheureusement, les belles promesses de cette entame sont restées lettres mortes. En effet, la seconde saison de Punisher obéit à un cahier des charges où les personnages et l’intrigue servent juste de prétexte à la démonstration d’une violence gratuite, inconséquente et reniant les valeurs et l’intelligence du propos de la première saison.

Dans ce cadre, les personnages n’inspirent aucune empathie tant ils ne sont que des pantins désincarnés dont le sort ne peut que laisser indifférent. A titre de florilèges, Giorgia Whigham passe la saison à " attendre " que les évènements se dénouent. Amber Rose Revah hante de trop nombreuses scènes d’une présence fantomatique en raison d’un impact quasi-inexistant sur l’intrigue. Et le pauvre Ben Barnes, à l’image de son personnage Billy Russo, cherche désespérément un sens à sa présence dans cette nouvelle saison. Inutile de s’attarder sur l’apparence de Billy Russo, tant le manque de respect au matériau comics d’origine apparaît presque volontaire.

Tous les efforts de composition des acteurs ne peuvent sauver des personnages qui reposent sur une intrigue capillotractée. Celle-ci se noie dans une succession de facilités scénaristiques tout aussi gênantes les unes que les autres – mention spéciale à la sécurité dans les hôpitaux.

Le naufrage artistique est vraiment palpable lorsque l’histoire de personnages très secondaires, du tout début de saison, intéresse infiniment plus que tout ce qui est raconté durant les 11 heures restantes. Il est difficile en effet de captiver l’attention des spectateurs durant 13 épisodes sur la base d’une histoire dont le seul problème aurait pu trouver sa résolution dès la 3 ème heure de la saison.

En vérité, le non-respect du matériau d’origine ou la grande faiblesse de l’intrigue ne constituent même pas le véritable problème de la seconde saison du Punisher.

Le point le plus dérangeant réside dans le parti-pris de déconstruire le postulat de la première saison qui était d’assortir un anti-héros violent d’un code de conduite, sorte de garde-fou nécessaire au maintien d’un sens éthique à l’histoire. Et ce parti-pris d’abattre les frontières morales entre Franck Castle et ses ennemis afin de justifier la surenchère de violence est dangereuse et moralement condamnable, combien même la violence constitue un ingrédient clé du Punisher, et des actionners en général.

L’absence de sens éthique est désastreuse du point de vue de la narration et de la dramaturgie puisqu’une histoire de Super-héros sans héros, ni antagoniste, ni enjeux, ni mystère – car tout est prévisible – est profondément ennuyeuse et dénuée d’intérêt.
Clairement, que ce soit les personnages, les spectateurs, la franchise et Netflix, personne ne sort grandi d’une histoire prétexte à une belle démonstration de violence esthétisée, fade et sans saveurs car dénuée de sens.

Ici, à rebours de la première saison, l’art de donner la mort est gratuite, toujours extrême, sans conséquence, car presque toujours pardonnée. Pire, elle est quasi-glorifiée car elle est vectrice de séduction, et surtout, présentée comme l’unique moyen de résolution des conflits. En définitive, cette seconde saison rappelle douloureusement que même pour un anti-héros violent, il existe une frontière, une limite éthique qu’il convient de ne jamais sacrifier sur l’autel du dieu Entertainment.

Et comme la seconde saison d’Iron Fist ne suffit pas, le Punisher pose ici un ultime clou sur le cercueil d’une franchise Defenders qui va sans doute connaître ses dernières heures avec Jessica Jones.

EPISODE

- Episodes : 2.01 – 2.02 – 2.03 – 2.04 – 2.05 – 2.06 – 2.07 – 2.08 – 2.09 – 2.10 – 2.11 – 2.12 et 2.13
- Titres : Le Blues du roadhouse (Roadhouse Blues) - Se battre ou fuir (Fight or Flight) - Troubler l’eau (Trouble the Water) - Le Masque (Scar Tissue) - Les Valets (One-Eyed Jacks) - Nakazat (Nakazat) - Une mauvaise journée (One Bad Day) - Le Gardien de mon frère (My Brother’s Keeper) - Fichu boxon (Flustercluck) - Le Sombre cœur des hommes - (The Dark Hearts of Men) - L’Abysse (The Abyss) - Crash (Collision Course) - La Tempête (The Whirlwind)

- Date de première diffusion : 19/10/2018 (Netflix)
- Réalisateurs : Jim O’Hanlon (ép 1, ép 2) - Jeremy Webb (ép 3, ép 13) - Iain B. MAcDonald (ép 4) - Stacie Passon (ép 5) - Jamie M. Dagg (ép 6) - Jet Wilkinson (ép 7) - Michael Offer (ép 8) - Sali Richardson-Whitfield (ép 9) - Alex Garcia Lopez (ép 10) - Meena Menon (ép 11) - Stephen Kay (ép 12)

- Scénaristes : Steve Lightfoot (ép 1, ép 2, ép 3, ép 4, ép 13) - Ken Kristensen (ép 3, ép 9) - Angela LaManna (ép 4, ép 10) - Dario Scardapane (ép 5, ép 12) - Christine Boylan (ép 6) - Felicia D. Henderson (ép 7) - Bruce Marshall Romans (ép 8) - Laura Jean Leal (ép 11)

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