Ozark : Review de la saison 2

Date : 06 / 09 / 2018 à 11h30
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Mise en ligne le 31 août 2018, la seconde saison d’Ozark accentue les différences avec le cultissime Breaking bad, afin de marquer sa propre identité.

A noter d’abord que la photographie du show avec Jason Bateman (Marty Byrde) est plus sombre et désaturée que celle de Breaking bad. Cette esthétique froide vise sans doute à souligner la désespérance des Byrde face à un déclassement craint par les citadins en « col blancs ». En passant, en dépit de son intitulé, la région des Ozark n’est pas vraiment le sujet de l’intrigue – l’histoire aurait pu se passer dans n’importe quelle région du monde à l’instar du Gold Coast australien.

En fait, de manière métaphorique, l’intrigue de la série vise à exposer la lutte pour la survie d’un fuyard acculé dans un cul-de-sac, un Dead End. Elle est surtout la transposition, en fiction, d’un phénomène de déclin d’une écosystème après l’intrusion d’une espèce envahissante. En ce sens, dès la première saison, la série présente les Byrde – Bird – comme une espèce invasive qui, à mesure qu’elle prospère et s’installe, entraîne le bouleversement, voire l’effondrement de tout le microcosme institué dans les Ozark. Si la première saison était consacrée aux modalités d’intrusion de l’espèce invasive, cette seconde saison montre véritablement l’impact et les conséquences plus ou moins néfastes de l’acclimatation des Byrde.

Par ailleurs, dégager de l’introduction du background et des enjeux de l’intrigue, la série peut enfin se permettre d’aborder des thèmes singuliers (la délinquance financière), classiques (La famille) ou indispensables (le rôle de la femme) pour affirmer son identité.

Ainsi, le show expose les formes de délinquance propre à la société capitaliste tel que décrit par Willem Bonger dans sa critique Criminality and Economic conditions (1905). En ce sens, la série fait rentrer en collision le couple Byrde, incarnation de la délinquance en col blanc née de la vénalité bourgeoise, et les frères Langmore qui sont l’archétype de la délinquance de rue, créée par la misère économique. Et bien que ce soit moins prégnant durant la première saison, la série se repose essentiellement sur la relation particulière qui se noue entre les Byrde et les Langmore, qui sont d’ailleurs, deux familles dysfonctionnelles.

Sur ce thème, puisque définir simplement « la famille » constitue aujourd’hui un défi, les showrunners ont adopté une définition par la négative. Autrement dit, en montrant ce que ne devrait pas être une famille, la série Ozark aide le téléspectateur à entrevoir les éléments indispensables à la constitution et la définition d’une « famille ». A noter que la saison 2 met l’accent sur le rôle indispensable de la femme dans la cellule familiale.

En fait, l’évolution notable de cette nouvelle saison par rapport à la précédente est bien l’arrivée des femmes au premier plan dans l’intrigue. Elles constituent même le moteur qui fait avancer l’histoire. Pour mieux peindre la figure féminine, la série adopte une approche assez pertinente sur la féminité avec des personnages représentants une période symbolique de la vie d’une femme : l’adolescente (Charlotte), l’adulescente (Ruth), la trentenaire (Rachel), la quadra (Wendy) et la sexagénaire (Darlene).

Tirant déjà son épingle du jeu la saison dernière, Julia Garner captive et impressionne en insufflant encore plus d’humanité à Ruth Langmore qui vole clairement la vedette à Marty Byrde (Jason Bateman). Femme-enfant, instinctivement maternelle, Ruth bénéficie d’une écriture très soignée qui la rend terriblement attachante. Mélange subtile d’insolence, d’inconscience et de détermination sans faille, Ruth dégage l’aura d’une personne capable de soulever des montagnes sans vaciller. Dans Ozark, Elle représente la véritable incarnation de la Mater familias. Elle apparaît ainsi comme le contrepoint des terribles parents que sont Marty et Wendy Byrde.

Il faut souligner, chez les Byrde, un nouveau rapport de force entre les personnages masculins et féminins. En effet, cette saison, l’intrigue porte principalement sur Wendy (Laura Linney) et Charlotte (Sofia Hublitz), mettant en retrait les deux hommes (Marty et Jonah). En particulier, cantonné au rôle d’épouse volage l’an dernier, Laura Linney voit son rôle de Wendy Byrde prendre de l’épaisseur puisqu’elle quitte ses habits de « problèmes à gérer » pour aller provoquer des solutions.

A ne pas oublier la folle présence de l’actrice Lisa Emery (Darlene Snell) et l’inquiétante stature de Janet McTeer (Helen Pierce) en avocate du diable.

A l’image de son talentueux casting, Ozark possède d’indéniable qualités qui n’arrivent malheureusement pas à gommer les principaux défauts grevant l’intrigue : Une agence fédérale (FBI) étonnement dépourvue du sens de l’investigation et un cruel Cartel mexicain particulièrement patient et tolérant.

En définitive, bien qu’ils partagent quelques traits et postulats, Ozark et Breaking Bad sont loin d’être comparable dans le texte, dans l’esthétique et dans les valeurs qu’elles souhaitent véhiculer. En effet, Ozark ne s’intéresse pas véritablement aux mésaventures de loosers magnifiques. En fait, avec une approche systémique, la série met en lumière les bouleversements subis par un microcosme après l’intrusion d’un corps étranger.

La seconde saison étant allé au bout de la logique systémique, une troisième saison serait le début d’un nouveau cycle.

EPISODES

- Episodes : 2.01 – 2.02 – 2.03 – 2.04 – 2.05 – 2.06 – 2.07 – 2.08– 2.09 – 2.10
- Titres  : Reparations - The Precious Blood of Jesus - Once a Longmore... - Stag - Game Day - Outer -One Way Out - The Big Sleep - The Badger - The Gold Coast
- Date de première diffusion : 31/08/2018 (Netflix)
- Réalisateurs : Jason Bateman (ép 1, ép 2) – Andrew Bernstein (ép 4, ép 5) - Phil Abraham (ép 6, ép 7) - Alik Sakharov (ép 8) - Ben Semanoff (ép 9) - Amanda Marsalis (ép 10)
- Scénaristes : Chris Mundy (ép 1, ép 10) - David Manson (ép 2, ép 8) – Alyson Feltes (ép 3) – Ryan Farley (ép 4) - Paul Kolsby (ép 5) - Ning Zhou (ép 6) - Martin Zimmerman (ép 7, ép 9) - Paul Kolsby (ép 9)

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