Westworld : Review 2.10 The Passenger

Date : 27 / 06 / 2018 à 13h00
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" Ces violents plaisirs ont une fin violente : Ils meurent lorsqu’ils triomphent, comme le feu et la poudre ; explosent en s’embrassant ". William Shakespeare

Toutes belles choses ont une fin. Celle de Westworld est implacable, violente, tortueuse, froide et douce – amère.

Avec ce final grandiloquent – à l’image de la saison – toutes les réponses sont données, les vérités rétablies, les sentences délivrées. Sur l’échiquier Westworld, le semblant de victoire des uns et des autres est une victoire à la Pyrrhus.

Face à un tel final, le ressenti est ambivalent, oscillant entre pointe d’amertume et immense sentiment de satisfaction et de gratitude.

Quant à la petite pointe d’amertume qui ne peut être mise sous silence, elle naît d’abord d’une impression imperceptible, mais bien présente : Westworld a perdu " quelque chose " entre ses deux saisons. Un " quelque chose " du domaine de l’émotionnel, de l’affect qui impacte directement l’engagement du spectateur.

À ce titre, la froideur émotionnelle qui habille globalement le show tout au long de la saison – à l’exception notable du 8 ème épisode – n’est pas sans incidence. En effet, il est difficile de s’engager émotionnellement dans l’aventure de personnages qui sont clairement positionnés, dès le départ, comme de simples pions au service de stratèges de génie et marionnettistes invisibles.

L’engagement émotionnel est également flottant face à une série où rien n’est simple : la mort n’est jamais définitive, la vie n’est pas éternelle, les hommes sont parfois inhumains et les robots livrent une partition un peu trop humaine pour être vraie.

Cette amertume existe aussi car l’exigence de concentration et de dévouement nécessaire pour apprécier la structure paratactique de l’intrigue prenait parfois le pas sur le " plaisir pur ".

Cet impact sur l’engagement des téléspectateurs est quantifiable et se matérialise à travers une étonnante érosion de l’audience de la série durant la saison.

Plus spécifiquement, au niveau de l’audience du direct – hors rediffusions et streaming légal –, la seconde saison a réuni 1,6 millions de téléspectateurs en moyenne. Cela correspond à une baisse de 13% des audiences par rapport à la saison précédente (1,8 millions en moyenne). Les audiences du final de la saison 2 (1,6 millions de téléspectateurs) sont symptomatiques de la moindre performance du show sur le terrain de l’audimat. Cela démontre en effet, un effritement de – 600 000 personnes entre le premier épisode et le dernier épisode. A noter que le final que la première saison a réuni 2,2 millions de fans.

Cet effritement des audiences est inhabituel pour une série qui bénéficiait d’une très belle aura à la sortie de sa première saison. Et dans une industrie ultra-concurrentielle où les coûts de production tendent à la hausse, une telle baisse des audiences entre deux saisons constitue une sérieuse alerte.

A l’évidence, du point de vue des audiences, Westworld peine à incarner " l’après-Game of Thrones ".

Il n’en demeure pas moins qu’avec un taux ne baissant pas du million de téléspectateurs – et une courbe haussière tout au long de la seconde moitié de saison – Westworld reste l’un des programmes les plus solides de la chaîne HBO qui a d’ores et déjà commandée une saison 3.

Fort heureusement, car Westworld est une grande œuvre, un véritable travail d’orfèvre livré par des passionnées, souffrant d’un souci obsessionnel du détail. Soucieux de son public, ils s’évertuent à ne pas lâcher la main des égarés tout en disséminant moultes énigmes et autres " os à ronger " aux férus des puzzles TV un brin élitistes.

A l’instar des puzzles et des jeux d’échecs, Westworld demande donc à son public une participation active, un véritable dévouement avant que naisse une passion qui aura du mal à s’éteindre.

Et comme en témoigne la générosité de ce somptueux final, long de 86 minutes, le dévouement est véritablement récompensé. Car à travers les deux saisons, Jonathan Nolan et Lisa Joy – et la brillante équipe qui les entoure – livre une œuvre complète et totalement " habitée ".

En effet, les deux saisons de Westworld constituent un dyptique qui se suffit à lui-même. Bien que la fin soit ouverte, les saisons sont si complémentaires, si imbriquées l’une dans l’autre, voire indissociables, qu’elles parviennent à apporter des réponses à toutes les questions posées tout au long du show. D’où l’impression lors du générique d’un véritable sentiment d’achèvement.

Par ailleurs, au terme de cette saison, il apparaît que la réflexion philosophique portée tout au long de la série a été menée jusqu’au bout. Il en résulte un essai complet sur le genre humain dont le libre-arbitre est à la fois le fruit et le prisonnier de sa mortalité, sa condition de " passager " de l’existence. La réflexion est d’autant plus complète qu’elle est enrichie par les nombreuses œuvres et auteurs cités dans les deux saisons.

Maintenant que les fins violentes ont eu lieu, que l’histoire est achevée et que la réflexion est aboutie, que reste-t-il ?

D’abord, un sentiment de satiété prédomine à l’apparition du générique de fin de saison. Cette satiété démontre la capacité des showrunners à répondre aux attentes qui pèsent sur un show de ce calibre.

Plus important, un réel sentiment de satisfaction et de gratitude se dégage envers une équipe créative qui a beaucoup œuvrée pour construire une intrigue exigeante, déjouant les prédictions et les multiples théories de fans.

Enfin, il reste une scène post-générique.

Elle est de la veine des scènes qui créent un choc, l’enthousiasme et la furieuse envie de revoir l’intégralité d’une histoire sous un angle nouveau.

Le genre de scène qui élargit infiniment le champ des possibles puisqu’elle achève le Mondwest de Yul Brunner pour s’envoler vers le Futureworld de Peter Fonda.

Finalement Une troisième saison, synonyme de nouveau départ, est terriblement nécessaire et désespérément attendue pour 2020.

EPISODE

- Episodes : 2.10
- Titre  : Vanishing Point
- Date de première diffusion : 24/06/2018 (HBO) – 25/06/2018 (OCS)
- Réalisateur : Frederick E.O. Toye
- Scénariste : Jonathan Nolan & Lisa Joy

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