3 visages : La critique

Date : 02 / 06 / 2018 à 09h00
Sources :

Unification


3 visages est le dernier film du réalisateur, scénariste et producteur, Jafar Panahi interdit de tournage en Iran sous peine de 20 ans de prison et dont les films sont tous censurés dans son pays. Projeté en compétition au Festival de Cannes 2018, il a obtenu le Prix du meilleur scénario.

Le réalisateur s’est inspiré d’une histoire vraie qui lui est arrivé pour écrire son scénario et a décidé de tourner dans les villages natals de son père, sa mère et ses grands-parents afin de se sentir à l’aise et en sécurité. Ce qui explique, au vu de leur localisation, le turc souvent utilisé dans les conversations.

À travers cette quête de vérité passionnante à suivre, le réalisateur brosse le portrait des comédiennes de son pays en présentant une actrice célèbre, une comédienne en devenir et une ancienne artiste obligée d’abandonner son métier lorsque la révolution islamique a banni tous les comédiens.

Ce personnage très intéressant, uniquement entraperçu, prend le nom d’une immense star de l’époque qui a d’ailleurs donné son accord pour l’emprunt de son identité et qui a prêté sa voix lors de l’écoute de l’enregistrement d’un poème qu’elle a écrit.

Le village permet d’esquisser le portrait d’une société patriarcale dans laquelle la femme n’a pas grand-chose à dire. La virilité exacerbée est présentée de façon subtile, comme avec l’histoire du taureau et les artistes féminines sont présentées comme des écervelées ruinant l’honneur de la famille.

La jeune Maedeh Erteghaei a été repérée dans la rue et incarne très bien une jeune fille voulant poursuivre ses rêves à tout prix. Mais c’est Behnaz Jafari qui crève l’écran. Cette dernière, très engagée, n’a d’ailleurs pas voulu être payée pour le film. Sa présence imposante, notamment dans les nombreux silences ponctuant le récit, est impressionnante. La comédienne est criante de vérité et souvent bouleversante.

Elle forme un très bon duo avec Jafar Panahi qui campe son propre rôle et offre un personnage d’homme fort attachant. Et un parfait contrepoint à l’attitude masculine d’un certain nombre de villageois.

La réalisation de Jafar Panahi est vraiment formidable. Il met en scène d’une façon passionnante son scénario et offre de magnifiques plans-séquence. La voiture, lieu principal de l’intrigue, ne prend jamais le pas sur les deux comédiens et ces derniers sont filmés avec un grand talent dans ce réceptacle de métal.

3 visages est une œuvre très intéressante et d’une grande intensité. Complètement captivante et offrant un regard sans compromis sur un village reculé d’un pays très traditionnel, c’est à un véritable dépaysement auquel on est invité. Avec une actrice imposante, un scénario ciselé et des paysages superbes, cette rencontre avec trois actrices de différentes générations, représentantes d’un rêve de liberté, reste longuement à l’esprit.

Passionnant et touchant.

SYNOPSIS

Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 40
- Titre original : Se rokh
- Date de sortie : 06/06/2018
- Réalisateur : Jafar Panahi
- Scénariste : Jafar Panahi, Nader Saeivar
- Interprètes : Jafar Panahi, Behnaz Jafari, Maedeh Erteghaei, Narges Delaram, Marziyeh Rezaei
- Photographie : Amin Ja’fari
- Montage : Mastaneh Mohajer
- Décors : Leila Naghdi
- Producteur : Jafar Panahi pour Celluloïd Dreams
- Distributeur : Memento Films Distribution

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

3 Visages



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