Black Mirror : Review de la Saison 4

Date : 04 / 01 / 2018 à 12h30
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En trois saisons, l’esprit " Black Mirror ", inspiré de La Quatrième Dimension, marque les esprits : format anthologique, noirceur implacable et écriture cynique, voire fataliste. Toutefois, le l’épisode de la saison 3 intitulé San Junipero constitue une exception notable. Il préfigure déjà les évolutions opérées dans la 4ème saison de Black Mirror.

Passée sous la bannière NETFLIX en 2015, la série créée par le journaliste Charlie Brooker a changé de dimension. En témoigne, les réalisateurs de renom (Jodie Foster, John Hillcoat ou David Slade) qui se succèdent pour donner vie à ces contes dystopiques magistralement bien écrits.

Outre les moyens conséquents, Black Mirror est désormais accessible à un public plus large doté d’une sensibilité hétéroclite. Afin de captiver ce public et combler les attentes qui reposent sur elle, Black Mirror a vu ses codes évoluer. Et premiers changements notables, les épisodes puisent dans la culture populaire : Star Trek, Metal Hurlant.
Si les histoires restent sans concessions, force est de constater que le cynisme, le fatalisme et la noirceur reculent. En effet, la saison 4 laisse plus de place à de nouvelles couleurs émotionnelles, plus lumineuses.

En ce sens, les épisodes mettent toujours en scènes des " Icare " qui se brûlent les ailes, des actes karmiques ou des contrats faustiens aux conséquences douloureuses. Néanmoins, dans cette saison, Charlie Brooker nuance son écriture. Il met l’accent non plus sur la malveillance, mais sur les bonnes intentions des protagonistes. Cette nuance offre l’opportunité de comprendre la logique finalement très humaine des tristes engrenages à l’œuvre dans chaque histoire. Plus focalisé sur l’humain au lieu de la domination technologique, Charlie Brooker accentue l’empathie et l’identification aux personnages. D’ailleurs, cette identification est accentuée par le souci de situer les récits dans des environnements et des pratiques familières, voire symptomatiques de la société occidentale contemporaine.

À travers ses épisodes a priori anthologiques, l’esprit " Black Mirror " évolue mais la volonté d’ " éveiller les esprits " est toujours prégnante. Ainsi, les épisodes retranscrivent à l’écran une réflexion d’une pertinence rare sur l’influence de l’évolution technologique sur la condition humaine.

Tour à tour, les 6 épisodes explorent les sacrifices consentis par la société et les personnes dans l’espoir d’un avenir meilleur pour eux et leur enfant. Derrière ses contes, Brooker rappelle que toutes avancées technologiques, notamment médicales, ont nécessité plusieurs expérimentations. Elles sont toujours le fruit des leçons tirées d’expériences ratés. Parfois, il a même fallu repousser les frontières de l’éthique pour parvenir à repousser les limites de la condition humaine. Évidemment, la question de la nécessité d’une limite au développement technologique est très justement posée. Surtout, lorsque les épisodes révèlent la tendance humaine à repousser sans cesse les limites technologiques pour combler des besoins pourtant insatiables.

Face à la question des limites, certains épisodes soulignent, d’un côté, l’absence de volonté propre des technologies. Ce sont donc bien les utilisateurs qui pervertissent l’usage des gadgets qui ne sont pas mauvais en soi. D’un autre côté, d’autres épisodes suggèrent que l’existence même des gadgets influence le comportement humain, au point de le dénaturer.

Durant cette saison, Charlie Brooker souligne surtout qu’au cœur de toute technologie se trouve une intelligence, des décisions et des faiblesses très humaines.

À l’instar d’Hubert Reeves, Black Mirror souscrit à l’idée que l’intelligence humaine, vitale à la survie du genre humain, constitue aussi sa plus grande menace. En effet, la technologie médicale, mais aussi les armes les plus destructrices sont issues de l’esprit humain. Par ailleurs, parmi les faiblesses sans cesse dénoncées au fil des 4 saisons, l’acrasie occupe une place de choix.

Cette dernière est la manifestation de l’effritement de la volonté face à une tentation. En d’autres termes, les protagonistes ne peuvent s’empêcher de faire quelque chose alors même qu’ils ont conscience des ravages de leurs actions. À noter que l’acrasie est un grand marqueur de tout comportement addictif. Car Black Mirror est avant tout une série traitant de l’addiction.

À titre de rappel, la série est née d’un constat de Charlie Brooker : les gadgets technologiques sont vecteurs d’une dépendance similaire à celle provoquée par une drogue. En ce sens, la série explore avec ses contes dystopiques ou contre-utopiques, les tranches de vie d’une société futuriste techno-addict. Lors du lancement de la série en 2011, le showrunner expliqua d’ailleurs que Black Mirror est la notice qui dévoile tous les effets inhérents à l’addiction aux gadgets technologiques.

Dans cette logique, Charlie Brooker ne dénature pas sa série en mettant en lumière des " inconforts " ET " des joies " liés à l’usage de la technologie. Et le fait que la noirceur et le cynisme coexistent avec des moments de lumières et d’énergies positives, apparaît bien comme une évolution logique de la série.

En 4 saisons, le tour de force de Charlie Brooker est de suggérer que la société actuelle se dirige logiquement vers la société dystopique de Black Mirror ; sans qu’il soit possible d’influer sur le cap. Tout simplement parce que les gadgets technologiques présentés dans la série répondent à des besoins primordiaux de l’homme : trouver l’amour, mieux élever ses enfants, renforcer la sureté des biens et des personnes, vaincre la mort via le transhumanisme. En ce sens, les problématiques évoquées s’appliquent moins à la société contre-utopique de Black Mirror qu’à la société réelle.

En tant que dystopie préventive, Black Mirror a vocation à faire réfléchir. À sa façon, elle prévient que " la Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ".

EPISODES

-  Nombre Episodes : 6
- Titres : USS Callister – Arkangel – Crocodile – Hang the DJ – Metalhead – Black Museum
- Date de première diffusion : 29/12/2017 (Netflix)
- Réalisateurs : Toby Haynes (ép. 1) – Jodie Foster (ép. 2) – John Hilcoat (ép. 3) – Tim Van Patten (ép. 4) – David Slade (ép. 5) – Colm McCarthy (ép. 6)
- Scénariste : Charlie Brooker

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