Makala : La critique

À travers la découverte d’une tranche de la vie de Kabwita, un Congolais vivant dans un petit village, c’est la description méconnue et prise sur le vif du mode de vie harassant de beaucoup trop d’habitants de la planète que nous découvrons dans Makala. Ce documentaire nous rappelle ainsi à quel point les plus pauvres sont amenés à accomplir de véritables exploits pour survivre... Ou tout simplement réaliser leurs rêves !

Malheureusement, les risques encourus sur leur santé sont loin d’être anodins et leur environnement est également fortement impacté. Le village où vit Kabwita est ainsi entouré par une brousse de plus en plus dépourvue de végétation et d’animaux, parce que les habitants font de la culture sur brûlis ou coupent les arbres pour en faire du charbon.

C’est justement ce que fait Kabwita pour gagner de l’argent. On est cependant à mille lieux d’imaginer tout ce qu’il va entreprendre pour fabriquer, puis aller vendre ce charbon en ville et c’est justement ce que nous propose de nous montrer Makala.

Makala a beau être un documentaire, sa mise en scène est extrêmement travaillée. Celle-ci est proche de ce qu’ont fait Abdellatif Kechiche ou Gus Van Sant respectivement sur La vie d’Adèle et Elephant. On retrouve en effet cette façon organique de faire ressentir au spectateur l’environnement qui entoure les personnages et ce qu’ils ressentent. La différence fondamentale est qu’ici l’action tout entière est centrée sur Kabwita et que ce dernier n’est pas un personnage de fiction.

Le réalisateur Emmanuel Gras a eu une chance incroyable de trouver Kabwita pour son documentaire. Ce dernier a une prestance et une verve qui captent naturellement l’œil de la caméra. En outre, il ne sait pas que ce qu’il accomplit est quasi-surhumain, ce qui fait de lui à la fois un héros du quotidien et de cinéma rare et attachant, dont on espère voir s’accomplir les objectifs de vie.

Accompagné par une bande-son très réussie, les paysages ruraux ou urbains sont véritablement sublimes et nous amènent à nous sentir dépaysés. Une des réussites du film est d’arriver à nous interpeller sur les dures conditions de travail de Kabwita sans pour autant que cela soit misérabiliste ou racoleur.

Bien que le documentaire ne se contente que de suivre Kabwita dans l’exercice de son métier, une incroyable progression dramatique se met naturellement en place. Notre vendeur de charbon va devoir faire face à moult péripéties aussi injustes que cruelles qui ne manqueront pas de vous faire réagir.

Makala est un film que ne laissera personne indifférent. Ses qualités esthétiques, tout comme sa capacité à nous interroger et nous faire réfléchir sur le fonctionnement de notre monde en font une œuvre d’une puissance rare qui mérite sans aucun doute que vous vous déplaciez dans les salles obscures pour la découvrir.

Au Congo, un jeune villageois espère offrir un avenir meilleur à sa famille. Il a comme ressources ses bras, la brousse environnante et une volonté tenace. Parti sur des routes dangereuses et épuisantes pour vendre le fruit de son travail, il découvrira la valeur de son effort et le prix de ses rêves.

 Durée du film : 1 h 36
 Titre original : Makala
 Date de sortie : 06/12/2017
 Réalisateur : Emmanuel Gras
 Scénariste : Emmanuel Gras
 Interprètes : Kabwita Kasongo, Lydie Kasongo
 Photographie : Emmanuel Gras
 Montage : Karen Benainous
 Musique : Nicholas Britell
 Producteur : Bathysphère
 Distributeur : Les Films du Losange

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