Tout sur le zéro : La critique du nouveau Pierre Bordage

Date : 01 / 09 / 2017 à 07h45
Sources :

Unification France


Pierre Bordage

Tout sur le zéro

  • Éditeur : Au Diable Vauvert
  • Date de sortie : 7 septembre 2017
  • Format : 200 x 130 mm
  • Nombre de pages : 196 pages
  • EAN : 979-1030701302
  • Prix : 18 €

C’est l’histoire de Paul, Blaise, Éloïse, Charlène et Grégoire, Martine ou Jacques, et finalement de tous ceux que l’addiction au jeu rassemble autour de la roulette des Casinos, ici de la côte atlantique. C’est l’histoire de ce défi répété à la face du destin où chaque fois on rejoue sa vie, une manière, pour peu qu’on s’y penche, de mieux s’explorer. C’est l’histoire de la souffrance humaine, qu’on croit un temps dissipée par le vertige du jeu.

Décryptage
A des années lumières de son thème de prédilection, la science-fiction, et encore plus loin de son dernier roman avec Arcane, premier essai réussi dans la fantasy, Pierre Bordage nous désarçonne avec ce roman « réaliste » comme aime le définir l’éditeur sur le 4ème de couverture de ce nouveau roman au titre étonnant : Tout sur le zéro. Réaliste mais aussi violent, parce qu’il décrit sans fioriture le quotidien de ces drogués du jeu, ces férus de la boule qui hantent les salles des casinos. Qu’ils s’appellent Pierre, Paul ou Jacques, ils ont tous en commun cette addiction aux jetons ou à la boule, qui n’a pas de sexe, qui touche aussi bien les hommes que les femmes. Tous y laissent, en plus de l’intégralité de leur porte-monnaie, une grande partie de leur âme. Ce qui est paradoxal, c’est que le jeu est la seule « occupation » qui les rend vivants alors qu’elle les consume à petit feu.

Et là, Bordage excelle dans la manière de dépeindre ses personnages, les relations amicales et amoureuses, les vies gâchées, les promesses d’alcooliques, les mensonges, les bonnes résolutions…etc... Et les personnages défilent les uns après les autres dans de courts chapitres, tous addicts au jeu, tous malheureux, solitaires. Pour tous le jeu est une échappatoire. Paul, Blaise, Eloise et Charlène (pour les principaux) comblent un ennui dans leur vie, un vide, une solitude qui les ronge. Bordage décrit sans concession et avec beaucoup de froideur, de détachement mais finalement avec beaucoup de tendresse aussi et sans jugement de valeur, la laideur de leur vie, la déchéance dans laquelle ils tombent, les problèmes d’argent qu’ils ont perdu, qu’ils perdent et qu’ils perdront forcément, les mensonges, l’adrénaline, le monde à part qu’ils se créent. Ils ont tous ces points communs que sont la solitude et la tristesse qui les habitent. Menteurs, ils le sont tous. Les mensonges qu’ils font envers les autres mais surtout envers eux-mêmes. Chacun cherche ici un refuge, chacun vient ici pour oublier.

Contrairement à ses autres romans, Bordage utilise ici un style qui ne nous laisse pas respirer, sans tirets pour les dialogues, sans ligne passée, sans séparation ni respiration entre les dialogues des protagonistes, ni entre les dialogues et le reste, les pensées ou les descriptions. Tout est jeté à la suite et même si c’est quelque peu perturbant au début, c’est une manière très originale d’emballer le récit. Il raconte et nous entraîne dans les vies de ces fantômes qui se croisent au casino. Mais il sait les rendre humains, vivants et attachants comme ils forment une famille qui s’entraide quand ils le peuvent, qui s’encourage. Mais Bordage ne parle pas que des joueurs, il parle aussi de la directrice du casino. Il nous fait vivre à travers ses mots les rencontres, l’adrénaline, les regards et les jugements qu’ils portent sur eux-mêm mais aussi sur les autres, l’excitation et la fierté quand ils gagnent, la honte et le dégout quand ils perdent. S’en suit alors la détresse et les remises en question.

Vous l’avez compris je suis tombé sous le charme de l’écriture mais aussi sous le charme du sujet qui n’avait à la base aucune chance d’accrocher ni de plaire. C’est pourtant chose faite, Bordage sait nous accrocher pour ne plus nous lâcher qu’une fois la dernière page tournée. C’est à la fois amusant mais aussi triste et très touchant par moment sans être larmoyant pour que l’on s’apitoie, sans porter aucun jugement de valeur, neutre. Malgré toute cette noirceur, cette tristesse, l’auteur choisi de terminer son roman sur une note positive, c’est souvent ce qu’on lui reproche dans ses romans mais là c’était comme obligatoire de donner un peu de chance à ces êtres qui traversent tout le livre, mais tout le monde sait que cette chance tournera à nouveau pour les plonger à nouveau dans le gouffre de l’addiction.


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