Chez Nous [DVD / Blu-Ray ] : La critique

Nous n’avons pas besoin d’être nés de la dernière pluie pour comprendre que Chez nous cherche à évoquer les aspects les moins reluisants du Front National à travers un parti d’extrême droite fictif. Que ce soit le nom donné à la ville du Nord où se situe l’action, Hénart, ou bien encore le physique et les propos de sa dirigeante, nous avons tout au long du film l’ensemble des marqueurs qui nous permettent d’identifier ce parti pas comme les autres. Et c’est là que se situe le véritable problème de Chez nous, qui se contente de dénoncer moult choses que nous savons déjà si l’on suit un tant soit peu l’actualité. Au contraire de la formidable websérie Face au Diable qui utilise toute la puissance de la fiction, Chez Nous se contente d’illustrer de façon un peu trop scolaire tout ce qui caractérise le FN. Le film manque donc de la profondeur et de l’universalité qui amèneront les spectateurs, quel que soit le bord politique auquel ils appartiennent, à comprendre réellement pourquoi le F.N attire autant et pourquoi il constitue un parti véritablement dangereux pour la démocratie.

On frôle ainsi beaucoup trop volontairement la caricature (surtout quand il s’agit de bien faire comprendre au spectateur qu’on parle du FN) et seuls les personnages joués par Emilie Duquenne et Guillaume Gouix sont là pour apporter un peu de nuance. En effet, dans le rôle de l’infirmière entraînée à l’insu de son plein gré dans certaines dérives dû à son engagement envers le parti extrémiste, Duquenne est comme toujours très convaincante. Il faut dire que son personnage est caractérisé avec soin et que l’actrice a su apporter à son personnage toute la complexité nécessaire. Gouix est tout aussi épatant dans sa manière de jouer les souffrances qu’induisent les atermoiements de son personnage, un entraîneur de foot, secrètement membre d’un groupuscule Nazi,

Le film comporte de nombreuses scènes fondamentalement choquantes, mais qui ne parviennent pourtant pas à atteindre le spectateur, car elles ne sont que le reflet de la réalité que nous connaissons déjà. Que ce soit le racisme décomplexé de certains personnages ou bien la violence physique pour des motifs xénophobes, la mise en scène des mécanismes de la haine n’a pas vraiment l’effet escompté sur le spectateur tant ce dernier est déjà au fait de l’actualité, mais qu’il a aussi été précédemment abreuvé d’œuvres de fiction comme La Haine ou American History X, autrement plus efficaces dans ce qu’elles voulaient dénoncer.

Au final, ceux qui voient déjà dans le FN un parti dangereux n’auront pas vraiment l’impression d’apprendre de choses nouvelles, quant aux autres, il n’est pas sûr qu’ils changent leur opinion. Bien qu’elle ne parvienne pas à être l’électrochoc qu’elle aurait pu être, Chez nous n’en reste pas moins une œuvre nécessaire, dans un genre où le cinéma français a encore beaucoup de mal à s’imposer.

Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses deux enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l’aiment et comptent sur elle. 
Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.

Lors d’un entretien avec Yves Alion, pour FilmoTv, le réalisateur Lucas Belvaux commence d’abord par expliquer pourquoi selon lui, certaines personnes sont attiré par le populisme et votent Front National. On ne ressent aucune condescendance de la part du réalisateur et on peut très clairement retrouver les raisons qu’ils évoquent dans son film.

Il explique également pourquoi le métier d’infirmière a été choisi pour le personnage principal joué par Emilie Dequenne et pourquoi certaines caractéristiques ont été donné aux personnages, comme le médecin joué par André Dussolier.

Il analyse aussi la stratégie de dédiabolisation du F.N et évoque la campagne de bashing que le film a subit de la part de la fachosphère lors de la sortie du film.

Enfin il explique en quoi il est beaucoup difficile aujourd’hui d’identifier les prédateurs qui nuisent au modèle social.

Dans cet cet entretien sans phare, le réalisateur n’hésite aucunement à parler du parler du parti dont il ne dit pas le vrai nom dans le film. Lucas Belvaux est brillant, maîtrise les sujets dont il parle et on ne pourra regretter qu’une chose, c’est que la dimension politique du film prennent beaucoup trop le pas sur tous les aspects purement cinématographique dans le traitement d’un tel sujet.

• Entretien avec le réalisateur Lucas Belvaux (24 min 10s)
• Bande annonce (1 min 51 s)

 Disponibilité : DVD / Blu-Ray
 Date de sortie DVD / Blu-Ray / Coffret : 12/07/2017
 Date de sortie VOD : 28/06/2017
 Audio : Français (Dolby Digital 5.1), Français (Dolby Digital 2.0)
 Sous-titres : Français
 Durée du film : 113 minutes

 Réalisateur : Lucas Belvaux
 Scénaristes : Lucas Belvaux, Jerome Leroy
 Interprètes : Emilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob, Anne Marivin, Patrick Descamps, Charlotte Talpaert, Stéphane Caillard

 Photographie : Pierre Gantelmi D’ille
 Musique : Frédéric Vercheval
 Montage : Ludo Troch
 Costumes : Dorothée Guiraud
 Décors : Frédérique Belvaux
 Producteur : Synecdoche, Artémis Productions, France 3 Cinéma, RTBF
 Distributeur : Le Pacte

 ALLOCINÉ
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