EXCLU UNIF - Galerie Arludik : La rencontre avec John Howe

Date : 21 / 05 / 2017 à 11h15
Sources :

Unification


La nouvelle exposition de la Galerie Arludik John Howe : Dessins légendaires permet de voir les travaux de John Howe, l’un des deux illustrateurs officiels de l’œuvre de Tolkien et directeur artistique des trilogies Le Seigneur des Anneaux et Le Hobbit de Peter Jackson.

Ce dernier présente une sélection d’œuvres spécialement créées pour son exposition à la galerie Arludik.

Cette exposition est en accès libre du 11 mai au 8 juillet 2017 à la Galerie Arludik (12-14 rue Saint-Louis en l’Ile, 75004 Paris).

On peut découvrir de nombreuses œuvres crayonnées d’une grande finesse et à l’univers très évocateur. 6 très beaux tableaux couleur sont disséminés dans l’exposition, mais ne sont pas à vendre.

Des tendances se détachent des pièces présentées. Ainsi, le corbeau est un personnage très présent sous diverses formes. On le retrouve d’ailleurs sur la très belle affiche de l’exposition.

L’influence nordique est aussi prégnante et on peut retrouver des éléments de décoration spécifique dans les frises, ruines ou objets de certaines œuvres.

Si vous passez à proximité de la galerie, n’hésitez pas à aller visiter cette très belle exposition en entrée libre, vous ne serez pas déçu de la visite.

- SITE OFFICIEL

Quand avez-vous su que vous vouliez devenir artiste ?

J’ai toujours dessiné. C’est à l’adolescence, vers 12-13 ans, que je me suis rendu compte qu’il était possible d’en faire un métier. Mais je dessine depuis toujours. J’ai été beaucoup inspiré par le dessinateur américain Frazetta. Ses œuvres ont habité mon adolescence. Il représente tout ce que je ne suis pas.

Avez-vous fait des études spécialisées ?

Oui. J’ai passé 3 ans aux arts déco de Strasbourg. C’est une école d’art, une institution extraordinaire. Elle représente une collection temporaire d’artistes autodidactes. Elle les structure ensemble puis ils repartent vers un métier solidaire.

La première année, je n’ai pas compris grand-chose, car je venais du Canada et ne parlais pas bien le français, et la dernière année, on est près à partir, aussi, on fait moins attention à ce qui se passe. C’était très enrichissant !

Quelle est, ou sont, vos techniques préférés lors de la réalisation de vos œuvres ?

Je préfère l’aquarelle, l’encre et le crayon. Je fais peu de numérique.

Vous êtes né au Canada, avez habité en France, en Suisse, en Nouvelle Zélande. Qu’est-ce que ces lieux différents ont apporté à votre travail ?

La Nouvelle Zélande m’a apporté beaucoup, principalement par ses paysages. Sinon, la région du monde la plus enrichissante pour moi est les pays du nord, mais j’essaye maintenant d’avoir une ouverture vers le sud.

Je suis comme un type qui fait une randonnée. Je vois des choses, j’apprends. Le monde nordique est brumeux et froid. Les couleurs sont denses. J’éprouve de la difficulté à gérer le plein soleil. Cette ouverture est vraiment un enrichissement pour moi.

Comment êtes-vous devenu l’un des deux illustrateurs les plus reconnus de l’œuvre de Tolkien ?

Je ne sais pas. On travaille et on espère trouver une résonnance avec le public. Peut-être qu’on a tapé juste à un moment. On a peut-être fait des images que les gens avaient vues avant de les voir dessinées par nous ?

Nous sommes, tous les deux, habités par le respect profond qui nous lie à l’auteur et à son œuvre et on s’abandonne, on se met au service de quelque chose d’autre avec notre apport personnel.

Vous avez travaillé avec Peter Jackson sur sa trilogie du Seigneur des anneaux et celle du Hobbit. Comment on passe des images 2D à celles d’un film ?

Les étapes étaient nombreuses. Elles ne sont pas différentes du travail d’un illustrateur, mais on les décompose. On ne crée pas une scène entière. On l’approche par petits bouts. On en fait l’assemblage devant la caméra, on utilise la postproduction. Mais on ne contrôle pas tout ce qui se passe dans les scènes. On ne maitrise le choix des comédiens. Nous sommes un petit rouage dans un film.

On pourrait prendre le travail Alan Lee. Le film serait visuellement différent, mais son esprit serait très proche de ce que j’ai obtenu. Nous avons une communauté d’esprit. Parfois, certaines personnes entraient dans notre bureau avec une image et nous demandaient lequel de nous deux avaient fait le croquis. Parfois même nous ne le savions plus nous-mêmes. C’est le même univers. On finit par être deux représentations différentes de ce dernier.

Quel est le rôle d’un directeur artistique et comment vous y êtes vous adapté ?

On est là pour aider le metteur en scène, pour le mettre à l’aise dans le temps du projet. Il faut tout créer sur le film, notamment pour Le seigneur des anneaux, car on n’avait pas vu d’autres films comme cela avant. Le réalisateur doit s’habituer à son environnement et se sentit à l’aise.

Il faut répondre à la compagnie et proposer des choses. Il faut apporter cela dans le projet, ainsi que notre enthousiasme et notre énergie. Il y a beaucoup d’étapes différentes. C’est un apport créatif, qui nécessite parfois une réponse spécifique selon la problématique. Il faut résoudre la contrainte.

Vous avez fait des œuvres originales pour votre exposition à la galerie Artludik. Quelles sont les nouvelles thématiques qui vous attirent actuellement ?

C’est des choses qui m’intéressent depuis toujours. Je m’installe dans un petit univers que j’apprécie. J’ai le plaisir de le montrer, et d’aller plus loin. Parfois, je ne sais pas ce que je vais dessiner, même si j’ai une idée au départ, l’œuvre finale peut me surprendre.

J’ai aussi dessiné pour un livre de Robin Hobb un dessin pour la page de garde, mais il n’a finalement pas été possible de le garder dans son œuvre.

Il y a une bonne partie du même univers que je devine vaguement. J’espère, si j’ai le temps, pouvoir travailler plus dessus. Je veux aussi continuer ma série des grands tableaux. J’en ai 6 en couleur avec une partie crayonnée en dessous. Je compte en faire plus, mais j’ai calé par manque de temps. Il y a un côté temporel qui n’a pas grand chose à voir avec l’œuvre.

Par exemple, j’avais débuté une œuvre début janvier, puis je suis parti 9 semaines en Nouvelle Zélande pour travailler sur un film, et je l’ai fini au retour, sur ma table, sans aucun problème.

Si vous pouvez en parler, quels sont vos projets à venir, tant artistiques que cinématographique ?

J’ai travaillé sur un long métrage en Nouvelle Zélande qui sortira en salle en 2018 (Mortal Engines réalisé par Christian Rivers, et co-écrit et produit par Peter Jackson, nda). Je travaille aussi dans le milieu de l’édition et je participe à un documentaire sur Arte qui sera bientôt visible.

J’ai écrit un roman qui se trouve au fond d’un tiroir à partir de l’un de mes tableaux couleur. Je trouve cela fascinant, ce va et vient entre l’imagerie et la narration. J’aime naviguer entre les deux. Mais j’ai une écriture amateure. Cela m’a fait plaisir de faire ce premier jet et d’aller d’une façon différente dans un univers. J’envie d’ailleurs ceux qui passent avec aisance du texte à l’image et peuvent créer les deux, mais ce n’est pas la même chose. Il faut que je reprenne mes cahiers si je veux essayer d’aller plus loin.

J’ai récemment illustré un livre d’horreur d’un auteur américain, Christopher Golden, chez un éditeur allemand (Der Fährmann (The Ferryman en version originale), nda). J’ai fait la couverture et quelques dessins à l’intérieur. Cela change du genre de dessin que je fais habituellement.

J’aimerais bien illustrer beaucoup d’auteurs que j’aime. C’est un appel d’air. J’ai une collection de livres illustrés de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème, et ils sont très bien illustrés, même si leurs auteurs sont souvent tombés dans l’oubli.

On peut remercier les jeux vidéo qui effacent les différences entre textes et images. Maintenant, avec Kickstarter, tout le monde peut lancer des projets. Les modes de reproduction se déconstruisent et se reproduisent.

Ce n’est pas la fin de l’illustration, mais cela nous demande plus, nous oblige à être polyvalent et à utiliser différentes techniques dont le numérique. Mais c’est enrichissant. Il faut rester en marge de ce qu’on maîtrise et le poursuive.

J’ai travaillé sur le numérique surtout pour la trilogie du Hobbit car il y avait un rythme soutenu de la production. Mais cela n’élimine pas l’utilisation d’un cahier croquis. Par exemple, pendant les réunions, on peut faire des dessins de ce dont en discute et montrer une proposition pendant la réunion.

Mais la complexité des images nécessite qu’elles soient retravaillées et c’est plus facile avec du numérique. C’est aussi plus efficace pour la dissémination de l’information sur la production. Sur le Hobbit, des Ipads ont été distribués au début de la production, et chacun pouvait télécharger les nouveaux fichiers le soir. Cela pousse la créativité vers l’avant.

J’enseigne aussi le dessin une fois par semaine en mâtiné. La créativité demande de la versatilité. Il faut aussi du courage, mais c’est très motivant. C’est bien de se lancer dans autre chose. Nos œuvres nous appartiennent en temps que créateur, mais elles prennent des formes différentes selon les artistes même si le point de départ est le même.

En ce qui concerne la galerie Arludik, j’ai eu une première exposition en 2005, mais depuis, je n’ai pas vraiment fait exposition. Il faut rappeler aux gens que l’on existe quand on s’absente pendant longtemps pour faire autre chose.

J’ai fait les tableaux en noir et blanc exprès pour l’exposition. Je ne sais pas quel sera l’avenir de mes tableaux couleur. Dans ces derniers, la partie en noir et blanc donne une idée du tableau suivant. Cela ne paraît pas très logique, car les deux parties du tableau ne représentent pas la même chose, mais il y a une progression bien présente. C’est le thème qui m’intéresse.

GALERIE PHOTOS

Visite de l’exposition :

Galerie Arludik : Exposition John Howe 2017


Visuels officiels :

Galerie Arludik : Exposition John Howe 2017, visuels officiels



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