L’ange ivre : La critique

Date : 22 / 01 / 2017 à 10h30

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L’ange ivre est un très bon film d’Akira Kurosawa permettant d’assister à la confrontation de deux très grands acteurs Toshirô Mifune qui sera l’un des acteurs fétiches du réalisateur avec lequel il tournera 16 fois et un autre de ses acteurs fétiches Takashi Shimura.

Un médecin porté sur la bouteille et dévoué à ses patients essaye d’aider un jeune yakuza tuberculeux. Mais ce dernier voit de la faiblesse dans le fait de se soigner et créé une étrange relation avec un homme tentant de le sauver contre son gré.

Cette opposition de style permet de découvrir le milieu mafieux du Japon d’après-guerre. Des yakuzas qui étaient peu aimés du réalisateur ne signant pas un film à leur ode ou les montrant au mieux.

Plus qu’une histoire de milieu et de pouvoir, c’est une affaire d’homme qu’Akira Kurosawa met en scène. Celle de deux volontés qui s’affrontent alors qu’elles-mêmes sont mises à mal par leur propre faiblesse, l’alcool pour l’un, le désir de paraître pour l’autre. Deux maîtresses exigeantes qui pourraient bien prendre à leurs amants leur propre humanité.

Mais plutôt que de sombrer dans le misérabilisme, l’œuvre offre une certaine forme d’espoir, notamment en son prochain. Et ces deux hommes que tout sépare en viennent à trouver d’étranges compromis permettant à l’intrigue de ne jamais retomber et au spectateur de rester accroché à l’histoire jusqu’à son poignant, et poétique, épilogue.

Toshirô Mifune en jeune gangster malade et Takashi Shimura en médecin bourru, mais généreux, sont franchement formidables. Leur rencontre cinématographique éclaire littéralement l’œuvre et les deux comédiens tirent de concert l’œuvre vers les longs métrages marquants.

Quant à Akira Kurosawa, sa mise en scène parfaitement maîtrisée est un plaisir pour les yeux et une nouvelle leçon de cinéma d’un immense réalisateur qui se renouvelle toujours.

Sa très belle ouverture sur un cloaque, ferment des maladies des gens qui le côtoient est une superbe allégorie de cette histoire se passant en grande partie dans les marécages humains qui bien que chatoyants et colorés n’en restent pas moins délétères.

Akira Kurosawa a aussi composé les paroles de la chanson Jungle Bowie qui est interprétée dans le film. Il faut aussi souligner la mélopée d’une guitare servant de fil rouge à une histoire magnifiée par une musique subtile

L’ange ivre est un très grand film qui livre la chronique passionnante d’un Tokyo suranné à travers la rencontre improbable de deux hommes opposés qu’une certaine forme d’honneur et de courage lient.

Palpitant et émouvant.

SYNOPSIS

Dans les bas-fonds d’un Tokyo meurtri par les ravages de la guerre, Sanada - vieux médecin débonnaire et porté sur la bouteille – reçoit la visite d’un jeune yakuza blessé par balle chez lequel il décèle la tuberculose. Mais ce dernier, en plein déni vis-à-vis du mal qui le ronge, refuse obstinément de se faire soigner, craignant que ses pairs y voient un signe de faiblesse. Débute alors une étrange amitié entre deux hommes, qu’en apparence tout oppose, et qui se retrouveront confrontés à la violence de la maladie ainsi qu’à celle de la ville.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 34
Titre original : Yoidore Tenshi
Date de sortie : 25/01/2017
Réalisateur : Akira Kurosawa
Scénariste : Akira Kurosawa, Keinosuke Uekusa
Interprètes : Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Taiji Tonoyama, Yoshiko Kuga, Chouko Iida, Isamu Ikukata, Akira Tani, Sachio Sakai, Eitaro Shindo, Kumiko Kisho
Photographie : Takeo Ito
Montage : Akikazu Kôno
Musique : Fumio Hayasaka
Décors : So Matsuyama
Producteur : Sojiro Motoki pour Toho
Distributeur : Carlotta Films