The Birth of a Nation : La critique

Date : 09 / 01 / 2017 à 12h30
Sources :

Unification


D’emblée voué à la controverse, The birth of a Nation de Nate Parker, est un film destiné à faire débat. Tant dans les intentions de l’auteur, que dans les réactions des spectateurs.
Dans un contexte racial plus que tendu ces dernières années aux Etats-Unis, il vient alimenter la mécanique et tend à faire réfléchir sur la condition des Afro-américains, dans leur propre pays, de leur arrivée dramatique sur ce sol "de Liberté" pour les uns et de souffrances pour eux. Jusqu’à aujourd’hui. En rappelant de fort douloureuses circonstances historiques.
En cela, l’intention est louable. Et sur le fond, c’est une oeuvre utile.
Après, il y a la manière...

Le parti pris par Nate Parker est de réhabiliter la position du peuple noir et lui redonner sa place dans l’Histoire de ce grand pays. En se réappropriant un titre, selon lui dévoyé, tout d’abord :
"Pour moi, intituler ce film The birth of a Nation était une manière de me réapproprier ces mots, de réparer une injustice et de transformer ce titre en source d’inspiration." déclare-t-il.
" Ce n’est pas par hasard si le réalisateur a choisi de reprendre le titre du film de D.W. Griffith de 1915 (dont le titre français était Naissance d’une Nation), un film qui, parallèlement à ses innovations techniques, présentait étrangement le Ku Klux Klan comme une force du bien – rappel glaçant de l’imagerie raciale des débuts d’Hollywood. Le film de Nate Parker évoque cependant une tout autre naissance, celle d’une version alternative de l’Amérique, à travers l’histoire méconnue de ceux qui ont forcé le pays à évoluer par leur désir de liberté et d’égalité." explique encore la production.

"La rébellion des esclaves menée par Nat Turner constitue un des actes de résistance contre l’esclavage les plus marquants et les plus influents de l’histoire des États-Unis, et pourtant cette histoire n’avait encore jamais été portée à l’écran. Controversée pour certains, source d’inspiration pour d’autres, la vie de Nat Turner se limitait jusqu’à présent aux contes populaires, aux romans, aux documentaires et à quelques photographies trouvées ici ou là dans des livres d’histoire."

Le fond est donc d’une incontestable importance.
La forme, y est, selon moi, relativement dommageable. Un peu trop égocentrique à mon sens. Je me demande si Nate Parker n’aurait pas mieux fait de rester derrière la caméra, pour mieux s’occuper de son film.
Car on a l’impression de ne "voir que lui"... et pas forcément son personnage.
Il est parfaitement servi par la sublime photo, par ailleurs tout aussi efficace sur les décors et les autres acteurs, je le reconnais. Mais en dépit d’images chocs (les âmes sensibles seront prévenues) et d’une belle maîtrise de l’ensemble, le focus semble dépasser de loin l’hommage au charisme du protagoniste.
Il est vrai, que pour un premier long-métrage, le projet est ambitieux.
Pas une excuse pour verser, même un peu, dans la mégalo.
Il y a comme la sournoise sensation que l’auteur-réalisateur-vedette cherche à prouver tout son talent, presque plus qu’il ne cherche à mettre en valeur l’exploit historique et le parcours de son héros.

Un sentiment qui m’a un peu gâché le plaisir, si tant est qu’on puisse trouver le film "plaisant". J’entends, "attachant", "captivant".
Une déception d’autant plus forte que j’offre au cinéma "engagé" tout mon soutien et désespère à comparer les oeuvres qui militent contre l’injustice ou comme ici l’esclavage ou tout autre "horreur" dont se rend coupable l’Humanité, envers elle-même et son environnement.
Et je vois déjà, dans les médias, les réactions, les mises en abyme et les comparaisons avec les dernières productions sur le sujet. Alors qu’aucun curseur n’est capable de délimiter la valeur d’un discours sur ce thème essentiel :
La liberté, le respect de la vie. Tout support est légitime de porter ne serait-ce qu’une once d’espoir, pour les défendre.

Sur la question très précise de l’esclavage et de son impact dans la société américaine, j’ai pour ma part depuis longtemps élu meilleur ouvrage le très efficace Roots (Racines) d’Alex Haley, roman édité en 1976 (année du bicentenaire de la glorieuse Nation, est-ce un hasard ?) et porté très vite à l’écran, à la télévision dans une formidable série, en 1977. J’ai hâte de découvrir la version 2016.

Cela pour dire, que si le film de Nate Parker a la généreuse vertu de présenter un épisode méconnu de la lutte contre l’esclavage, il souffre à mes yeux du manque d’humilité de son auteur. C’est très personnel. Comme un frisson dans le dos.

Cela n’enlève rien à l’excellente qualité de ce long métrage, sur le plan technique, qui mérite à l’évidence les deux prix qui lui ont été remis au Festival Sundance (Prix du Jury et du Public) ni à l’interprétation tout à fait talentueuse de toute la distribution.
C’est juste, que personnellement, je ne m’y retrouve pas. Même si, j’engage le public à s’intéresser à cette histoire et à cet homme qui a marqué son temps.

Nécessaire.


SYNOPSIS


Trente ans avant la guerre de Sécession, Nat Turner est un esclave cultivé et un prédicateur très écouté. Son propriétaire, Samuel Turner, qui connaît des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté…

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE


- Durée du film : 2 h 00
- Titre original : The birth of a Nation
- Date de sortie : 11 janvier 2017
- Réalisateur, Scénariste : Nate Parker
- Interprètes : Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller
- Photographie : Elliot Davis
- Montage : Steven Rosenblum
- Musique : Henry Jackman
- Costumes : Francine Jackson-Tanchuck
- Décors : Geoffrey Kirkland
- Producteur : Nate Parker, Kevin Turen
- Distributeur : Twentieth Century Fox France

LIENS


- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

The birth of a Nation



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