Rupture pour tous : La rencontre avec B. Lavernhe, E. Ruschke, A. Gouy et E. Capitaine

Date : 22 / 11 / 2016 à 11h30
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À l’issue de la projection du film Rupture pour tous, les acteurs Benjamin Lavernhe, Élisa Ruschke, et Antoine Gouy, ainsi que le réalisateur Éric Capitaine sont venus répondre aux questions du public.

Voici la retranscription des échanges vraiment intéressants qui ont eu lieu. Vous pouvez aussi en visualiser la vidéo en fin d’article.

Vous avez fait un court métrage qui a inspiré votre film, mais d’où vient l’idée originale ?

Éric Capitaine : J’ai fait un court métrage en 2008 sur un couple qui était en train de se séparer. Je cherchais une idée pour qu’il soit drôle et j’ai pensé à mettre en scène un homme qui n’était pas le conjoint de la personne avec qui il se séparait, ce qui apportait de l’humour à la situation. Il s’agissait d’une exigence scénaristique. C’était au début des années 2000 et il y avait à l’époque l’émergence des sites de rencontre.
Le court métrage a eu un prix à Avoriaz (au Festival International du Film de Comédie de l’Alpe d’Huez en 2009, NdA).
Je voulais confronter ce personnage à la réalité de la vie pour le long métrage, ce qui permettait aussi le développement du protagoniste. À l’époque où le scénario a commencé à s’écrire, ce genre de prestation n’existait pas. Maintenant, la réalité nous a rattrapés et on peut monnayer ce genre de service. C’est aussi symptomatique de notre société existante.

Comment s’est fait le choix des acteurs ?

Éric Capitaine : Benjamin est arrivé très vite. On a beaucoup parlé. Il y avait la question de l’âge de son personnage que je voyais plus âgé et mature. Mais on a tout de suite vu que Benjamin pouvait jouer le rôle.
On avait des dialogues très écrits et il fallait quelqu’un qui les rendent naturels et Benjamin a parfaitement intégré cela et a incarné qui je voyais en Mathias Lonisse.

Concernant Élisa, on cherchait quelqu’un de pas ou peu connu au cinéma, car c’était intéressant d’avoir pour le personnage cette virginité cinématographique.
On a défendu ce point de vue et Élisa est celle qui a le mieux capté le personnage lors des auditions, avec son humour et ses relations avec l’autre personnage. On voulait une vraie femme pas une potiche et en plus, elle a un rire qui me plaisait beaucoup.

Antoine, c’est simple, c’est la directrice du casting qui m’a donné son nom. Quand il est arrivé, il n’avait pas beaucoup bossé. On a fait beaucoup d’improvisation. Il s’est amusé autour du personnage et a amené des répliques qui sont restées dans le film.

Pourquoi vous êtes-vous lancée dans l’aventure Élisa ?

Élisa Ruschke : C’est rare d’avoir quelqu’un qui prend le risque sur une grosse production de se lancer avec une inconnue. Moi, j’ai dit oui tout de suite et j’y suis allé avec beaucoup de joie. Je n’avais rien fait en images avant, car je joue au théâtre et j’ai pigé des trucs qui m’ont amené une meilleure compréhension du métier de comédien de cinéma et télévision.

Par exemple, on peut nous demander de faire 20 fois un regard identique, mais avec un petit changement pour donner du choix lors du montage, que l’on ne maîtrise pas en tant qu’acteur. Sur le plateau, tout le monde était drôle et gentil. Ce qui n’est, d’après ce qu’on m’a dit, pas toujours le cas.

Et dans l’histoire, qu’est-ce qui vous a séduit ?

Élisa Ruschke : Le langage qui est verbeux mais pas pompeux. Cette vision assumée de l’amour est aussi intéressante. Il s’agit d’une critique inversée des rencontres d’aujourd’hui. On n’a plus honte de se rencontrer sur un site de rencontre. On l’assume parfaitement à l’heure actuelle. Je trouvais intéressant d’en parler.

Benjamin Lavernhe : Ce sont les dialogues et l’humour d’Éric auxquels j’ai adhéré dès les premières scènes et c’était vraiment agréable de les dire et de les tester. Le fait de rire à la lecture d’un scénario, c’est assez rare. On y découvre le parcours d’un personnage séducteur qui se déconstruit au fur et à mesure et dont on voit de plus en plus la sensibilité.
J’étais très intéressé par le rôle. On ne me l’a pas proposé. Je suis allé avec plaisir passer le casting.

Et en ce qui concerne le thème ?

Benjamin Lavernhe : Ce n’est pas commun. Je me suis demandé pourquoi on n’a pas fait cela avant. Je pensais que les Américains avaient déjà traité le sujet. L’univers ressemble à une comédie à l’anglaise. Cela m’a amusé que l’histoire soit aussi cynique, parfois dure.

Éric Capitaine : On a écrit le scénario à trois. On a longuement travaillé dessus. On a cherché à mettre de l’humour et à aller jusqu’au burlesque de base, avec même une scène de tarte à la crème. On a recherché un parcours intégrant de l’humour discrètement et en y ajoutant des moments plus sensibles.

N’était-ce pas trop difficile à jouer que d’être du côté du réalisme alors que les ruptures ne se passent pas comme cela dans la vie ?

Antoine Gouy : L’écriture était très précise et il fallait aussi s’imprégner du langage. C’était un super terrain de jeux, et Éric Capitaine est très fin dans sa direction d’acteurs. C’est un bon metteur en scène qui laisse le terrain de jeux aux acteurs et c’est très appréciable, car c’est loin d’être ce qui se passe sur tous les tournages.

Benjamin Lavernhe : La question de ce qui est crédible, on se l’est posée. On s’est demandé jusqu’où on pouvait aller et c’est Éric qui nous disait quels décalages on pouvait se permettre. Il faut qu’il y ait un peu de crédit dans le personnage et les situations qu’il rencontre. Ce n’était pas facile.

Est-ce que de jouer sur les planches vous a aidé pour interpréter un rôle au cinéma ?

Benjamin Lavernhe : Sûrement, mais c’est difficile de voir ce que le théâtre apporte à un rôle au cinéma. Les ingénieurs du son s’en rendent compte, car nous avons une bonne articulation. Cela me sert aussi à être à l’aise avec mon corps. À la comédie française, on répète et on joue beaucoup. Et on a un espace scénique limité, ce qui nous oblige à être centré. Pendant longtemps, les directeurs de casting avaient peur des comédiens issus du théâtre. Ils pensaient qu’ils déclamaient leurs répliques et parlaient fort. Mais il y a comédie dans la comédie française.
Quand on aime le cinéma, on s’adapte, on parle moins fort. Mais après réflexion, l’expérience du théâtre est toujours un atout quand on joue devant une caméra.

Comment avez-vous vécu votre première expérience Élisa ?

Élisa Ruschke : Je voulais que mon jeu serve la scène. Je me demandais « qu’est-ce qu’on attend de moi ?, qu’est-ce que je peux proposer ? ». Quand je vois le résultat sur grand écran, je me rends compte que j’en ai parfois fait trois tonnes, même si cela va avec personnage, alors que sur certaines scènes, j’étais très contente de moi…
J’ai appris le travail que la comédie demande, les ajustements nécessaires. J’adore le travail de composition au théâtre. Le cinéma, c’est un autre travail, mais l’expérience du théâtre sert à s’y adapter.

En voyant votre film, on a la perception d’une comédie anglaise, mais elle se rapproche aussi de la comédie française des années 70 : triviale mais drôle avec des sentiments. Avez-vous été inspiré par des films et des réalisateurs ?

Éric Capitaine : Je suis né dans les années 70. Ces comédies m’ont amusé plus tard quand je les ai découverts. Aujourd’hui, la comédie repose sur la manière de parler dans la rue. Nous, on trouvait que c’était important de se différencier par le langage employé, surtout pour le personnage principal.

Attention ! Je ne me compare pas. Chez François Truffaut, il y a des phrases très drôles et bien tournées. On voulait essayer d’écrire des dialogues soutenus et de les rendre drôles et naturels. Et c’est cela que les acteurs ont réussi à faire. C’est des choses qu’il faut acquérir très vite, car les déplacements et positions étaient contraints. Il y avait des petits scotchs partout pour les scènes. Pour Antoine, ce n’était pas évident d’arriver sur le tournage. En effet, le film avait besoin d’un personnage débridé.

À quel moment, dans l’histoire du scénario, est arrivée la séparation des parents ?

Éric Capitaine : C’est arrivé assez vite. On a passé en revue tous les types de problèmes que le personnage principal pouvait rencontrer et c’était le plus intéressant qui pouvait lui arriver.
C’est toute son ambiguïté. On se demande s’il lui est difficile de faire cette rupture car il est mandaté par sa mère ou malheureux de cette séparation, car c’est ses parents.

Qu’est-ce qui est arrivé au personnage principal pour qu’il soit aussi cynique ?

Éric Capitaine : Il n’est pas cynique pour nous. Il a un intérêt noble dans sa démarche. Il veut défendre l’amour vrai contre un amour qui serait faiblard, de convenance, et des couples qui resteraient ensemble pour préserver un certain équilibre financier. Des couples par défaut. Il veut offrir au gens une nouvelle liberté. Il pense que son système pourrait aider beaucoup de gens. Il n’y est pas venu par cynisme.
Dans son background, que l’on ne voit pas vraiment dans le film, mais qu’on a créé entre nous, il a eu une belle expérience quand il était jeune. En effet, les enfants délèguent souvent d’autres enfants pour aller dire des choses. Donc, il est resté sur cette rupture par personne interposée et s’est dit « et si on en faisait une vraie activité professionnelle ? ».

Quel est votre point de vue Benjamin sur votre personnage. Le trouvez-vous juste, amoral ?

Benjamin Lavernhe : Au cinéma, il me fait rire, dans la rue, je pourrais lui péter la gueule. J’ai l’impression qu’il prend plaisir à faire son métier. C’est un peu un acteur. C’est comme s’il avait en permanence conscience de lui et qu’il en jouait devant un petit public lors de ses annonces de ruptures.
Il essaye de convaincre l’autre que c’est pour son bien. Il se prend pour un super-héros. C’est comme l’histoire du papier qu’il fait signer. C’est symbolique. Il n’est pas officiel, car c’est une faille juridique. Mais cela fait partie de son kit, au même titre que sa boîte de mouchoir. Mais ce document, même pas juridiquement légal, signe vraiment la rupture et la personne qui le voit est au courant de sa nouvelle condition sans échappatoire.
C’est un métier sérieux qu’il a envie de faire bien. Il est parfois un peu atroce, mais je l’aime bien.

Pourquoi avoir choisi Brigitte Roüan pour interpréter la mère du personnage principal ?

Éric Capitaine : Elle fait beaucoup de choses et des fois, elle revient à la comédie. Je travaille avec une directrice de casting qui me l’a proposé pour le rôle et je venais de voir Les combattants dans lequel elle jouait très bien. Elle peut jouer ce rôle facilement et ce qu’elle a fait avec Mathias leur a donné un vrai lien de parenté.

Quand on regarde votre film, on est au cinéma. Chaque plan est réfléchi. Pourquoi avez-vous fait ces choix de tournage ?

Éric Capitaine : On a essayé d’y mettre un petit style. C’est la difficulté de la comédie, car la technique ne doit pas entraver l’humour et les acteurs. Il y a un dispositif à mettre en place avec les cadres, la lumière, tout en donnant une certaine liberté aux comédiens. Lors d’une même prise, on faisait un plan large, un gros plan. Il y avait parfois 3 caméras pour donner plus de choix lors du montage. Il fallait beaucoup de maîtrise pour les comédiens et la technique pour se coordonner. J’ai aussi mis beaucoup de couleur dans le film, mais sans tomber dans le flashy.

Quels sont vos projets futurs ?

Antoine Gouy : J’ai plusieurs films dans lesquels je joue qui vont sortir : Les Enfants de la chance et Demain tout commence. Je joue aussi dans la saison 2 de la série Au service de la France pour ARTE.

Élisa Ruschke : Je fais du théâtre. J’ai deux pièces en cours avec ma compagnie et une que je monte moi-même pour 2017. J’ai aussi joué dans le pilote d’une série télévisée.

Benjamin Lavernhe : La comédie française me prend beaucoup de temps. Mon planning est rempli jusqu’à septembre 2017. Je vais bientôt jouer dans La ronde d’Arthur Schnitzler. C’est amusant, car Mathias est aussi le nom de mon personnage. J’ai aussi tourné dans une comédie qui va sortir en octobre 2017 avec Jean-Pierre Bacri et qui parle d’une journée de mariage, Les Temps difficiles.
J’ai aussi très envie de tourner avec deux potes qui sont en train de travailler sur leur premier film, mais c’est compliqué avec mon planning.

Éric Capitaine : En ce moment, ce qui m’occupe, c’est la sortie du film. J’ai commencé à écrire mon prochain film qui sera aussi une comédie. Cela parle des bonnes actions que l’on peut accomplir.

Rupture pour tous est un film très drôle et sympathique qui fait passer un délicieux moment de détente. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

- SITE OFFICIEL

VIDÉOS

Rencontre avec Benjamin Lavernhe, Elise Ruschke et le réalisateur Eric Capitaine :


Bande annonce :



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