[Concert Fiction] – Une aventure d’Huckleberry Finn : La critique

Date : 19 / 12 / 2015 à 07h51
Sources :

Unification


J’étais très enthousiaste à l’idée d’assister à l’enregistrement de cette adaptation des Aventures d’Huckleberry Finn, l’un de mes livres préférés, mais surtout l’un des plus grands romans de la littérature américaine.

Pour rappel, le roman écrit par Mark Twain, est la suite directe des Aventures de Tom Sawyer, à la fin duquel ce dernier et Huck, finissent riches après avoir trouvé le trésor de Jo l’Indien. Au début de cette suite, Huck décide de s’enfuir de chez lui en se faisant passer pour mort, afin de ne plus avoir à supporter les coups et les crises de démence de son père, un ivrogne patenté. Il rencontre très rapidement Jim, un esclave en fuite, qui cherche à être affranchi en rejoignant le nord des Etats-Unis. Ils vont faire l’essentiel de leur voyage en radeau en remontant le Mississippi, où ils vont rencontrer une galerie de personnages plus pittoresques les uns que les autres.

A mon arrivée à la Maison de la Radio, je remarque que le mythique studio où va avoir lieu la représentation a été entièrement rénové : le cadre est très agréable à l’oeil et la diffusion sonore spatialisée pour une meilleure qualité d’écoute. Par exemple, lors de la représentation, lorsque des coups de feux été tirés, on pouvait entendre les coups aller à gauche ou à droite de la salle ce qui renforçait bien entendu l’immersion. Pour l’occasion la scène a été aménagé en trois espaces : sur la gauche on avait un groupe de musique qui accompagnait les dialogues et jouait des morceaux chantés lors d’intermèdes musicaux servant de transition entre certaines scènes. Au centre étaient placés plusieurs micros devant lesquels se positionnaient les acteurs en fonction des séquences et quelques rares éléments de décors. Enfin sur la droite, une bruiteuse, créait des sons avec différents objets.

La représentation, destinée à être diffusée à la radio, présentait à mes yeux une démarche assez inédite. Pour commencer, la plupart du temps, les acteurs, tous costumés, récitaient ou lisaient leur dialogues devant un micro, mais il leur arrivait aussi de jouer certaines scènes comme dans une pièce de théâtre, mais avec une mise en scène plus dépouillée. Du coup, même si grâce à la magie des bruitages et à la qualité de l’interprétation vocale des acteurs, il était tout à fait possible d’assister à l’ensemble de la représentation les yeux fermés, le faire de cette manière nous aurait empêché de profiter de cette chance unique de pouvoir donner un visage, un corps et surtout des mouvements à ces voix.

Ensuite, bien que décrit comme étant un concert fiction nous étions aussi dans une sorte de making of en direct. Si les différents décors sonores ont été enregistrés en amont (l’intérieur d’une grotte, le bord d’un fleuve..) la plupart des sons était joués en direct par la bruiteuse. C’était vraiment fascinant de découvrir les différents artifices qu’elle employait pour accompagner l’action : Que ce soient le clapotis des rames fendant l’eau ou le crépitement d’un feu, elle usait d’astuces diverses et variées pour recréer l’équivalent de chaque son. Bien entendu certains sons, comme le tonnerre ou les coups de fusil étaient préalablement enregistrés. On devine néanmoins l’énorme travail accompli par le chef opérateur en régie, pour que tout puisse être entendu par l’auditeur de façon harmonieuse. Son travail consiste en effet à mixer voix, musique et bruitages sans que l’un fasse disparaître l’autre. Les trois parties qui composaient la scène étaient d’ailleurs séparées par des panneaux afin d’obtenir des espaces acoustiques les plus isolées possible pour le mixage.

J’ai trouvé le casting très bon. On avait l’impression d’avoir l’incarnation vocale, mais aussi en chair et en os des personnages de Mark Twain. Un petit bémol toutefois concernant Thomas Solivérès (Intouchables, Les gamins) qui donnait à Tom Sawyer une voix un peu trop niaise à mon goût. A mes yeux, le personnage à toujours été un enfant doté d’une intelligence remarquable, mais mise au service d’une imagination beaucoup trop débordante, et non pas un idiot comme semblait le suggérer ici sa voix ! Cependant l’ambiance du roman et là, que ce soit au niveau de l’humour mais aussi des situations rocambolesques. Le Mississippi, ce personnage à part entière est bel est bien présent, grâce à la qualité du décor sonore, mais aussi aux morceaux de blues joués par le groupe présent sur scène.

En vérité, ma plus grosse frustration est que cette Aventure d’Hucklebberry Finn a malheureusement était expurgée de nombreuses scènes et de personnages particulièrement savoureux du roman : Pas de signe de la vendetta digne de "Roméo et Juliette" des Grangerford, "Le duc" et "le Roi" ne sont qu’un seul et unique personnage, et la fin a été grandement modifiée. Bien entendu il n’était pas possible d’adapter l’intégralité du roman de Mark Twain, mais j’aurai aimé que le spectacle eût été un peu plus long (il ne dure qu’une heure environ ) pour savourer plus longtemps la compagnie de tous ces personnages hauts en couleur.

Au final, ce fut quand même un spectacle extrêmement réussi, qui permet à la fois de retrouver l’ambiance du roman, mais aussi de découvrir l’envers du décor de l’enregistrement d’une oeuvre radiophonique. Elle sera d’ailleurs diffusée dimanche 28 février sur France Culture, de 21h à 23h dans l’émission Théâtre et Cie, et je vous recommande bien entendu d’y prêter une oreille attentive.

INFORMATION

Les fictions de France Culture et la Direction de la musique de Radio France vous invitent à découvrir une aventure de Huckleberry Finn, le compère de Tom Sawyer. Comédiens, musiciens et bruiteurs se réunissent sur scène pour offrir au jeune public un véritable spectacle radiophonique !

SYNOPSIS

Les trois principaux personnages de cette histoire sont Huckleberry Finn l’enfant fugueur, Jim l’esclave en fuite – et le Mississippi, « fleuve remarquable à tous égards » selon Mark Twain, qui l’avait longtemps côtoyé. En descendant pendant des jours l’immense Mississippi, Huck et Jim vivent toutes sortes d’aventures ; ils se nourrissent de leur pêche et conjurent le mauvais sort ; ils rencontrent un étrange Duc, faux comédien et véritable escroc. Peu à peu, entre le jeune garçon sans famille et le « nègre » évadé se noue une amitié profonde, encore inavouable dans l’Amérique de 1840. Quand Huck voudra faire évader Jim, emprisonné à nouveau dans la ferme des sœurs Coleman, il pourra compter sur l’aide imprévue de son ami Tom Sawyer. On peut alors en être sûr : les deux compères mèneront leur mission avec panache !



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