Les cowboys : La critique

Date : 23 / 11 / 2015 à 11h19
Sources :

Unification


Remarqué dans divers festivals, nommé à Cannes et récompensé à Deauville, l’émouvant film de Thomas Bidegain Les Cowboys était déjà certes un bon film... il passe malgré lui à la lueur des récents évènements parisiens, presque dans la catégorie "document".
Même si, pensée et réalisée avant les terribles attaques, l’histoire est plus inspirée par l’insatiable quête d’un père dans le chagrin, qui "aurait pu avoir à arracher sa fille à un tout autre milieu" comme l’a souligné François Damiens en interview depuis, le spectateur se trouvera du coup au coeur du problème.

Et sera placé face à la même incompréhension que cette famille, touchée par un départ aussi inexplicable qu’inacceptable.
Qu’est qui pousse une enfant apparemment équilibrée et sans problème à s’enfuir ainsi vers un monde inconnu, vers des gens qui lui promettent monts et merveilles... et finalement l’entraînent vers l’horreur ?
La réponse n’est pas dans le film. Car la fuite de la jeune fille et sa propre quête ne sont qu’effleurées... ça n’est pas le sujet.

Plus près de La prisonnière du désert de John Ford, qui décrit la traque inflexible d’un parent (son oncle, incarné par John Wayne) recherchant une enfant enlevée à sa famille, Les Cowboys, raconte plus le funeste destin d’un père qui prend la stature de ce héros de western, et de son fils entraîné à le suivre dans son éternelle chasse.
Sans juger personne. Se contentant de montrer la détresse des uns face à une situation, quelque peu subie par l’une, les mettant tous dans une position cruelle.

On pensera fatalement à ces jeunes gens embrigadés, qui perdent toute raison, et à ceux qui sont venus attaquer les parisiens, en suivant le parcours de cette jeune fille devenue femme dans des circonstances aberrantes. Et celui de sa famille qui la suit à la trace au delà des frontières, au péril de sa propre existence.

Il y avait à l’évidence une envie d’alerter sur le danger. Mais l’auteur aura sans doute été le premier surpris de l’écho que représente son film aujourd’hui. Prenant l’allure d’un poignant témoignage.
Les personnages sont bouleversants, incarnés avec talent. La mise en scène sobre et concentrée, les images, c’est presque triste à dire sont magnifiques. Paysages et visages, cadrage et lumière, sont un peu traités comme dans les films hollywoodiens des grandes années, épiques. Sauf que la technique est bien contemporaine et nous enracine dans le propos tout aussi efficacement qu’un reportage télé. L’esthétique en plus.
Une fiction qui résonne comme la réalité.
Impressionnant.


D.B.

Si l’on se fie uniquement à son titre, il est difficile de savoir à quel genre de film nous allons avoir affaire. La force des Cowboys étant de révéler par petites touches successives ce qu’elle est, à savoir une œuvre cinématographique majeure.

Lorsque le film débute et que nous découvrons cette communauté country qui semble si fermée, on ne peut imaginer à quel point l’histoire tragique de ce père, prêt à tout pour retrouver sa fille qui a disparu, va nous amener aussi loin, que ce soit spirituellement et géographiquement. On fini très facilement par comprendre le choix du format Scope qui donne au film un cachet et une dimension universelle qui lui sied parfaitement.

C’est une œuvre rare, aux thématiques pourtant multiples et complexes, mais qui est toujours portée par une vraie intelligence dans son écriture, lui permettant de ne paraître ni réactionnaire, ni trop anecdotique. Le destin de cette famille touchée par le drame est d’ailleurs magnifié par le jeu de leurs interprètes. François Damiens est définitivement un acteur formidable et il le prouve ici une nouvelle fois encore, mais la vraie révélation du film est Finnegan Oldfield qui joue le rôle de son fils et dont la prestation ne manquera pas de faire de lui un talent sur lequel il faudra désormais compter. La participation du grand John C. Reilly n’étonne même pas, tant le récit atteint des sommets d’universalité dans ce qu’il raconte.

La force des grandes œuvres est d’être le reflet des tourments de son époque, et si Thomas Bidegain le réalisateur assure avoir eu l’idée du film en 2011, son contenu et sa thématiques ne manqueront pas d’interpeller les spectateurs, au regard des évènements dramatiques qui ont frappé il y a peu notre capitale. Du reste, le contenu profondément humaniste du film justifie tout à fait que sa sortie en salle ne soit pas reportée. Ce n’est pas un film militant et pourtant la puissance des messages qu’il délivre vaut bien des discours politiques.

Tant sur le fond que sur la forme, Les Cowboys est une réussite totale. Lorsque le générique de fin défile, c’est encore bouleversé par le choc salutaire que le film nous a procuré que l’on revient dans notre réalité. En ces périodes troublées, il est important de défendre un film qui arrive à démontrer si brillamment à quel point l’Amour est plus fort que les préjugés, l’intolérance et la mort. Rien que pour cela, Les Cowboys doit être vu par un maximum de monde en salle.

Vous ne le regretterez pas, parole de cowboy.


A.N.

SYNOPSIS


Une grande prairie, un rassemblement country western quelque part dans l’est de la France. Alain est l’un des piliers de cette communauté.
Il danse avec Kelly, sa fille de 16 ans sous l’œil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid.
Mais ce jour-là Kelly disparaît. La vie de la famille s’effondre.
Alain n’aura alors de cesse que de chercher sa fille, au prix de l’amour des siens et de tout ce qu’il possédait.
Le voilà projeté dans le fracas du monde.
Un monde en plein bouleversement où son seul soutien sera désormais Kid, son fils, qui lui a sacrifié sa jeunesse, et qu’il traîne avec lui dans cette quête sans fin.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE


- Durée du film : 1 h 45
- Titre original : Les Cowboys
- Date de sortie : 25 novembre2015
- Réalisateur : Thomas Bidegain
- Scénaristes : Thomas Bidegain, Noé Debré
- Interprètes : François Damiens, Finnegan Oldfield, Agathe Dronne
- Photographie : Arnaud Potier
- Montage : Géraldine Mangenot
- Musique : Raphaël Haroche
- Costumes : Emmanuelle Youchnovski
- Décors : Thierry Rouxel
- Producteur : Les Productions du Trésor
- Distributeur : Pathé Distribution

LIENS


- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO

Les Cowboys



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