EXCLU UNIF : Rencontre avec Bill Plympton

Date : 05 / 10 / 2015 à 08h50
Sources :

Unification


Animateur passionné et indépendant, Bill Plympton a un style inimitable. Ses dessins animés, réalisés de manière traditionnelle, sont destinés à un public adulte. Ils se caractérisent par un style déjanté et irrévérencieux.
La galerie Arludik présente une exposition rétrospective dédiée au travail de cet artiste du 22 septembre au 31 octobre 2015. Les visiteurs pourront admirer près d’une centaine d’oeuvre issues de ses films d’animation.

A cette occasion, Bill Plympton a accordé une interview à Unification.

Pouvez-vous nous dire quelques mots sur cette exposition ?

Les gens aiment voir les dessins originaux et c’est pour cela que je suis heureux d’en montrer ici. C’est intéressant car quand vous voyez un film, un dessin s’en va en quelques dixièmes de secondes mais là vous pouvez voir l’art , la technique, les ombres, les détails. Ce que vous ne pouvez pas voir lorsque vous regardez le film. Cette exposition donne une chance de voir les dessins qui font les films d’animation.

Pensez vous que l’animation commence à réellement être reconnue comme un art à part entière ?

Je pense que les festivals d’animation deviennent de plus en plus populaires avec des studios comme Disney, Dreamworks, Pixar ou Illumination, un studio qui est en France. Et puis, des personnes comme Michel Ocelot ou Sylvain Chomet ont aussi fait avancer les choses. L’animation devient de plus en plus populaire, ses représentations prennent différentes formes et deviennent plus artistiques.

Avez-vous toujours pensé que l’animation n’était pas réservée aux enfants ?

C’est le problème en Amérique. Il y a un stéréotype : les films d’animations sont pour les enfants. J’ai passé de nombreuses années à essayer de convaincre les distributeurs et les producteurs qu’il y a une audience pour ce type de films. C’est très difficile et cela prend beaucoup de temps. Lentement tandis que mon nom prenait plus d’importance , j’ai créé un marché de l’animation pour adulte. Je pense que Sylvain Chomet avec Les Triplettes de Belleville et quelques films d’animation japonais ont commencé à changer les esprits en Amérique, et que l’animation pour adulte commence à émerger. Tandis qu’en Europe, l’exception de l’animation pour adulte n’est pas un problème.


Quel matériel utilisez-vous pour faire vos dessins animés ?

Pour le film Hair High, par exemple, j’ai utilisé des celluloïds, vous voyez que le dessin est très délicat, très détaillé : je posais les feuilles d’acétate sur les décors. Puis aux alentours de 2004-2005, j’ai commencé à changer de technique.
Pour le film Guard Dog, c’était la première fois que je n’utilisais pas de celluloïd mais des crayons de couleur sur du papier. C’est vraiment plus facile, plus rapide et plus économique.J’adore la technique des crayons de couleur. C’est très agréable à faire et c’est plus artistique.
Je serai très heureux aussi d’utiliser des images de synthèses pour faire des films.

Vous avez fait des films sans paroles comme Cheatin. La musique et les bruitages sont très importants dans ce type de long-métrage, comment les coordonnez-vous à votre travail d’animateur ?

La première chose que je fais c’est le storyboard, qui se présente comme une bande dessinée où toute l’histoire est décrite. Ensuite, j’indique la musique que je veux ainsi que les effets sonores avant de commencer l’animation. Et pendant l’animation, il y a toujours un lien avec les sons et la musique. Une fois que l’animation est faite, je choisis la musique qui est la mieux. Le timing est très important, il faut que l’image et les sons correspondent parfaitement.

Comment élaborez-vous le design des personnages ?

Je commence à développer mes personnages dès que j’écris une histoire. Des fois, cela me prend deux semaines pour trouver le bon personnage. Un des dangers, pour un long film, c’est que les personnages changent pendant la fabrication du film.
Je travaille sur un nouveau film qui s’appelle Revengeance et dont les personnages sont créés par Jim Lujan. C’est bien parce que ce sont ses personnages, je ne peux pas les changer.
Mais pour mon film Cheatin, Jake a lentement changé à mesure que je dessinais mais c’est une bonne chose.

Vous faites un peu tous les rôles qu’est ce qui vous plaît le plus ?

J’aime planifier le film, écrire l’histoire et élaborer le design. J’adore faire l’animation, c’est très agréable. J’aime aussi m’occuper de la musique, l’intégrer avec l’animation c’est très amusant. Mais le côté business : essayer de trouver un distributeur, essayer de signer des contrats c’est très difficile pour moi

Votre nouveau projet Revengeance est une collaboration avec Jim lujan, comment vous êtes vous réparti les rôles ?

Dès que j’ai lu le projet, j’ai trouvé que c’était une très bonne histoire, il y avait de très bonnes voix et j’aimais le design des personnages de Jim Lujan. Il a aussi fait la musique.
J’ai décidé de faire l’animation, deux ans de dessin, et de réaliser le film. J’ai utilisé le style de Jim Lujan. Il était très différent du mien mais dès le début je l’ai trouvé très bien. J’ai fait 95% des dessins que vous pourrez voir dans le film.

Quand pourrons nous voir Revengeance ?

C’est difficile à dire car je ne contrôle pas cela. J’ai en France un très bon distributeur, ED Distribution. Je dirai en 2016 mais je ne sais pas. J’espère le montrer à Annecy.

Vous avez aussi un projet sur Hitler, Hitler’s Folly , pouvez vous nous en parler , craignez vous les polémiques ?

C’est un film très controversé. Je trouve que c’est une idée très drôle. Hitler avait un comportement fou et il adorait regarder Blanche Neige et les Sept Nains. Et c’est aberrant de se dire qu’un tel diable aimait les cartoons. J’ai trouvé ça amusant de faire un mokumentary à propos de son amour des cartoons, qu’il se lance dans un projet de studio pour faire un long métrage comme Blanche Neige. C’était mon idée mais des personnes de mon studio n’ont pas aimé. Je comprends que cela puisse gêner certaines personnes.
C’est vraiment de l’humour noir et j’aime ça, c’est très provocant. La première devrait avoir lieu à New York en décembre. On verra ce qui arrivera à ce moment là

Est ce plus facile pour quelqu’un qui aimerait débuter dans l’animation avec les nouvelles technologies ?

Je pense que les étudiants, s’ils veulent trouver un travail dans l’animation, doivent apprendre les logiciels d’image de synthèse. C’est très important.
Le crayon c’est plus drôle et moins cher mais le digital c’est indispensable pour trouver un job.

Bill plympton


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