The Visit : La critique

Date : 03 / 10 / 2015 à 09h30

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Avec son dernier film, The Visit M. Night Shyamalan donne une leçon de cinéma, notamment à ceux qui font des films d’horreur à petit budget et utilisent la technique du found footage. Vous êtes peut-être comme moi, et commencez à en avoir plus qu’assez de cette technique de tournage dans laquelle théoriquement toutes les séquences sont tournées par la caméra de l’un des personnages principaux. Outre qu’un certain nombre de films ne respectent plus cette règle, intégrant des images de caméra de surveillance, des films tournés avec le smartphone d’un passant ou des morceaux filmés par des vraies caméras mais mal homogénéisés avec le reste du film, l’image est souvent moche, peu lisible et tremblotante. A vrai dire avec le matériel amateur actuel, c’est incroyable d’obtenir une qualité VHS des années 80, mais cela cache souvent la misère d’un scénario et veut renforcer une horreur que ressent le spectateur surtout à la vue d’une image qui bouge tant elle donne le mal de mer.

M. Night Shyamalan lui fait une démonstration de son talent de réalisateur. Pour avoir tous les angles couverts, ce sont les deux personnages principaux qui ont chacun une caméra. La jeune fille veut devenir réalisatrice, donc elle prend soin de ne pas filmer n’importe comment. Quant à son frère, il est moins soigneux mais ne donne pas trop d’effet à la caméra. Lorsqu’il y a des séquences d’action, et elles sont nombreuses, chacun pose rapidement sa caméra, tantôt à terre, tantôt sur un meuble plutôt que la garder à main alors qu’elle encombre. On a ainsi une image fixe, parfois pas complètement dirigée sur le lieu de l’action, ce qui en renforce l’effet angoissant, plutôt que d’avoir le mal de mer.
De plus les caméras sont modernes, donc l’image est belle et ne pique pas les yeux. Pas besoin de caméra avec vision nocturne, s’il fait nuit la lumière est allumée. S’il n’y a pas de lumière, c’est les ombres et mouvements qui sont filmés.
En bref, une belle maîtrise technique !

M. Night Shyamalan s’est fait connaître avec un film qui a marqué des générations, Le sixième sens. Puis sa carrière a été en dents de scie avec quelques films à gros budgets qui n’ont pas vraiment marché au box-office. Il a donc décidé de revenir à un film plus intimiste qu’il finance lui-même tout en retrouvant le genre qu’il aime : l’horreur.
Ne cherchez donc pas d’effets spéciaux incroyables, de morts par dizaine ou de décors imposants. Son film est plus à rapprocher du cinéma asiatique d’horreur dans lequel l’épouvante ne fait que monter et le film donne réellement des sensations au spectateur.

Ainsi M. Night Shyamalan a écrit un scénario d’une certaine simplicité et d’une redoutable efficacité. Avec seulement 5 personnages, dont un souvent présent que sur Skype, et un lieu presque unique : une immense maison perdue dans la campagne Pennsylvanienne en hiver, il réussit à instaurer une angoisse croissante et anxiogène.

Le réalisateur a d’ailleurs tourné le film dans l’ordre chronologique, permettant ainsi aux acteurs de faire évoluer leurs personnages en conséquence et de sentir eux-mêmes le poids de l’intrigue.

De plus, M. Night Shyamalan a osé le parti pris de faire un film sans musique. La bande son a été très travaillée pour offrir tous les bruits inquiétants d’une vieille maison dans laquelle certains évènements se déroulent. Les morceaux musicaux sont ceux que les protagonistes entendent. Ainsi pas de musique qui annonce à l’avance qu’il va y a voir un morceau d’horreur pour lequel le spectateur doit se préparer, ou pas de musique qui brouille les pistes pour vous surprendre. Le principe se révèle fort efficace et ajoute à la tension ambiante.

Enfin, M. Night Shyamalan sait mieux que quiconque qu’un bon casting permet à un film d’être bon. Une règle qui semble évidente mais que beaucoup de petits films d’horreur ne semblent pas avoir intégré. Les deux adolescents sont plus que convaincants. Ce sont des adolescents avec les plus et les moins liés à cette condition, et les jeunes acteurs portent sans faillir le film sur leurs épaules et restent réalistes quant à leur comportement avec leur caméra.
Le grand père est très sympathique et représente ce que beaucoup aimeraient trouver chez un tel homme. Mais mon coup de cœur va vers la grand-mère, parfaite cuisinière et femme attachante. L’actrice livre une composition marquante qui force l’admiration.

Mais je n’en dirais pas plus car le film se doit d’être vu et commenté à son issue.

The Visit est un film d’horreur très réussi qui devrait inspirer beaucoup de réalisateur. Simple, efficace, angoissant et surprenant, M. Night Shyamalan montre qu’il connait l’horreur et respecte le genre. Cela fait réellement plaisir de voir un petit film d’horreur (seulement 5 millions de dollars de budget) qui sans se prendre pour un grand, s’impose d’une façon aussi élégante et avec un tel brio.

Avis aux amateurs de film d’horreur, The Visit est le film à ne pas rater !

SYNOPSIS

Deux enfants sont envoyés passer une semaine en Pennsylvanie, dans la ferme de leurs grands-parents. Mais lorsque l’un d’eux découvre qu’ils sont impliqués dans quelque chose de profondément dérangeant, leurs chances de retour s’amenuisent de jour en jour.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 1 h 34
Titre original : The Visit
Date de sortie : 07/10/2015
Réalisateur : M. Night Shyamalan
Scénariste : M. Night Shyamalan
Interprètes : Olivia DeJonge, Ed Oxenbould, Deanna Dunagan, Peter McRobbie, Kathryn Hahn, Celia Keenan-Bolger, Samuel Stricklen, Patch Darragh
Photographie : Maryse Alberti
Montage : Luke Franco Ciarrocchi
Costumes : Amy Westcott
Décors : Naaman Marshall
Producteur : M. Night Shyamalan, Jason Blum, Marc Bienstock pour Blumhouse Productions, Blinding Edge Pictures
Distributeur : Universal Pictures International France