True Detective : Review 2.08 Omega Station

Autant le dire de suite, cet épisode final n’a pas su être à la hauteur du précédent. Néanmoins cet épisode s’est montré satisfaisant sur de nombreux aspects, notamment sur le fait que le scénariste de la série Nic Pizzolatto a réussi à aller au bout des intrigues qu’il avait mises en place. Ainsi, l’amour naissant, inattendu mais pourtant logique, entre Bezerrides et Velcoro, tout comme les promesses de retrouvailles entre Semyon et sa femme, y trouvent une conclusion dramatique, le scénariste n’ayant pas privilégié un Happy End pour ses personnages, contrairement à ce qu’il avait fait dans la saison précédente.

Un des aspects qui caractérise cette saison de True Detective est l’enseignement moral qu’on peut en tirer : celui qui a pêché ou qui est pris dans les tourments du vice, finit toujours par payer le prix de ses erreurs et de ses fautes, contrairement aux victimes ou leur entourage qui obtiennent une sorte de salut. Ainsi, la Passion telle qu’elle est vécue par Velcoro et Semyon n’a pas le même sens. Velcoro est le héros tragique, qui recherche à tout prix la Justice, ce qui l’aura amené à tuer la mauvaise personne. Malgré l’enquête qui lui aura permis de renaître spirituellement, il finit par payer au prix fort la loyauté envers son fils. Semyon qui, jusqu’au bout, aura mené toutes ses affaires avec l’opiniâtreté d’un gangster voulant se créer un autre destin que celui que lui prédisait son père, se retrouve confronté aux fantômes de son passé, lors d’une dernière marche funeste en plein désert. On remarquera que nos deux héros quittent le décor urbain, lieu de perdition et de chute de l’humanité, pour terminer leu vie dans la nature la plus sauvage, pas encore souillée par l’homme. Il est important ici de citer ce plan fugace, mais d’une beauté stupéfiante, où la caméra prend le point de vue de Velcoro et nous permet de contempler de façon subjective la cime des arbres dans toute leur majesté.

Pizzolatto a voulu donner une tonalité résolument féministe à ce dernier épisode et cela peut s’appliquer à l’ensemble de cette saison. Les hommes y sont responsable de bien des maux et ont bien des vices, parfois des plus abjects, et seulement peu d’entre eux, en l’occurrence Velcoro ou Wodrugh auront le courage de s’indigner. Dans cette épisode, lorsque Semyon rencontre Bezerrides pour la première fois, il voit une femme flic non pas à cause de ses seins, mais parce qu’ « En tant que femme elle a de la dignité ». On découvre d’ailleurs que l’histoire des diamants de Caspere trouve son origine dans l’avidité qu’a eu ce dernier, ce qui a provoqué sa chute et l’ouverture de l’enquête de nos héros. Ici encore, parmi les enfants des bijoutiers à qui Caspere a volé les diamants, c’est le frère qui décide de se venger de ce dernier de façon inhumaine, alors que la sœur reste une victime qui a fini par se prostituer. A la fin de l’épisode il ne reste plus que des femmes : veuves ou mères elles sont présentées comme l’avenir de l’humanité. Bezerrides, telle Edward Snowden, est devenue une lanceuse d’alerte qui permettra peut être de renverser enfin l’élite corrompue de Vinci. A ceux qui reprochaient à Pizzolatto le manque de consistance de ses personnages féminins lors de la première saison, il s’est ici très élégamment rattrapé.

Cet épisode est à l’image de la saison dans ce qu’il y aura eu de meilleur mais aussi dans ses travers. Il fallait tout d’abord accepter que l’enquête passe au second plan pour apprécier pleinement l’intrigue, un choix qui aura sans doute été source de déception pour de nombreux téléspectateurs. Il y aura donc eu certaines longueurs dans les scènes de dialogues ou d’exposition, et la longue marche de Semyon dans le désert aurait put être un poil plus brève. Par contre l’étirement du temps pour faire monter le suspens et rendre les scènes d’action explosives était très bien géré. L’émotion était au rendez-vous et encore une fois l’interprétation de Colin Farell était impeccable, comme l’ensemble du casting qui s’en sort très bien. On peut avoir quelques regrets concernant le personnage de Wodrugh qui aurait put être encore mieux exploité, et certains dialogues parfois abscons. Enfin, si cette saison n’a pas à rougir face à d’autres séries policières, elle a quand même souffert d’une attente sans doute trop forte mais aussi d’un certain manque de personnalité. On a ainsi l’impression de retrouver certains éléments de civilisation déjà vu dans The Wire par exemple, et toute la dimension métaphysique, qui faisait la saveur unique de la première saison a presque complètement disparue. La série va de toute façon avoir le droit à une saison 3 qui sera peut être l’ultime occasion pour Pizzolatto de faire mûrir son imaginaire et sa pensée philosophique, afin de reproduire la réussite formelle de la première saison.

 Episodes : 2.08
 Titres  : Omega Station
 Date de première diffusion : 9 août 2015 (HBO)
 Réalisateur : John Crowley
 Scénariste :Nic Pizzolatto

Les séries TV sont Copyright © leurs ayants droits Tous droits réservés. Les séries TV, leurs personnages et photos de production sont la propriété de leurs ayants droits.