L’Histoire de Manon : Les adieux d’Aurélie Dupont

Date : 20 / 05 / 2015 à 08h21
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Unification


Aurélie Dupont a choisi L’Histoire de Manon, une œuvre en 3 actes, pour mettre fin à sa carrière de danseuse étoile du ballet de l’Opéra national de Paris le lundi 18 mai 2015.

Ce ballet a été chorégraphié par Kenneth Macmillan sur une musique de Jules Massenet d’après le roman de L’Abbé Prévost. Créé en 1974, il est entré au répertoire de l’Opéra de Paris en 1990.

Ce ballet tient à cœur Aurélie Dupont car c’est le premier qu’elle a pu danser après une opération au genou. Blessée peu après avoir été nommée étoile, elle a pu après une longue convalescence, et malgré les avis médicaux qui lui disaient qu’elle ne pourrait plus danser, remonter sur scène.
Interpréter ce personnage féminin fort convenait bien à la danseuse pour un adieu marquant.
La superbe musique de Massenet qui accompagne le ballet, composée d’extraits de ses œuvres, à l’exception de son opéra-comique Manon, est d’une grande beauté. Une musique qui ne peut que ravir Aurélie Dupont très sensible à cela. C’est d’ailleurs un morceau de Chopin joué au piano lors de son premier cours de danse qui a été le déclencheur de son amour immodéré pour la danse, les deux étant intimement imbriqués.

Le spectacle a été filmé par le réalisateur Cédric Klapisch grand amateur de la danseuse et sera diffusé sur France 3 le samedi 30 mai.

L’Histoire de Manon est un ballet merveilleux servi par une chorégraphie exquise et des danseurs formidables. Un ensemble parfait pirouettant sur des musiques ensorceleuses.
Solo, pas de deux, corps de ballet, l’ensemble du spectacle est magnifique et montre beauté, poésie, drôlerie et drame dans un ballet virevoltant qui va au-delà même de la danse, car les danseurs eux-mêmes se transforment en acteurs qui, grâce à leurs corps, font passer mots et émotions.

Si les décors sont très discrets et sobres, les costumes sont somptueux et flattent le regard, surtout dans un deuxième acte plus fastueux. Ne cherchez ni tutus, ni habits classiques, c’est bien le milieu du 18ème siècle qui est mis en scène entre vêtements rapiécés des pauvres et tenues ornementées de la classe aisée.

Aurélie Dupont en Manon est en état de grâce et offre à un public aux anges une prestation élégante, vivante, forte et émouvante. Il est difficile de retenir un morceau plus puissant et marquant que les autres tellement sa démonstration est complète et totale. Le talent dont elle fait preuve en incarnant Manon est éblouissant. Jeune et délicate dans le premier acte, amoureuse et réaliste dans le deuxième, blessée et perdue dans le troisième : le cœur du spectateur vibre et saigne en écho de ses pas de danse, de ses regards et de sa gestuelle parfaite.

Roberto Bolle, l’étoile de la Scala invité, danse un Des Grieux amant de Manon formidable. L’alchimie entre les deux danseurs est parfaite et on croit sans hésiter à leur histoire d’amour.
Les duos qu’ils interprètent sont touchant et d’une beauté qui fait parfois monter les larmes aux yeux. Les portés acrobatiques sont splendides et leur originalité et difficulté coupent parfois le souffle du spectateur.

Lescaut, le frère de Manon est parfaitement joué par Stéphane Bullion, étoile du ballet de l’Opéra national de Paris, qui offre au spectateur la scène la plus drôle du ballet. Il ne faut vraiment pas manquer la séquence du bal qu’il danse en étant en état d’ébriété avancé. Sa prestation force l’admiration, ainsi que la maîtrise dont il fait preuve lors des portés spectaculaires qu’il enchaîne avec sa maîtresse. Cette dernière est merveilleusement dansée par Alice Renavand, étoile du ballet de l’Opéra national de Paris. Elle livre quelques solos absolument magnifiques qui délivrent joie et énergie chaque fois qu’elle apparaît sur scène.

Deux autres étoiles du ballet de l’Opéra national de Paris dansent dans le ballet, Benjamin Pech interprètant Monsieur de G. M. qui entraîne la chute de Manon, et Karl Paquette dans le rôle du Geôlier qui maltraite Manon. Ces deux rôles plutôt déplaisants sont impeccablement dansés par les deux artistes qui réussissent à rendre leurs personnages fort déplaisants.

Enfin, Viviane Descoutures, Assistant Maître de ballet de l’Opéra national de Paris en artiste invitée, incarne Madame, dont l’hôtel particulier sert à des soirées légères. Avec prestance et élégance, elle est la Madame du ballet.

L’Histoire de Manon est un ballet magique et fantastique. Une chorégraphie extraordinaire associée aux talents de quelques-uns des plus grands danseurs du monde, en font un spectacle éblouissant à ne pas manquer.

Un ballet superbe à dévorer pour les amateurs. Un merveilleux moyen de découvrir pour ceux qui n’ont jamais vu de ballet que la danse est un spectacle incroyable. Un moyen aussi de peut-être créer de nouvelles passions qui mèneront, qui sait, à a naissance de nouvelles étoiles.

Aurélie Dupont est une danseuse qui a marqué de sa présence l’Opéra de Paris, notamment en osant devenir mère et montrer que l’on pouvait aussi garder son excellence. Elle a d’ailleurs fait des émules chez ses consœurs. Après avoir fait rayonner le ballet de sa présence lumineuse au travers d’une carrière magnifique, elle devient maître de ballet de l’Opéra de Paris.

Le ballet, filmé par Cédric Klapisch, sera diffusé sur France 3 le samedi 30 mai à minuit, précédé à 23 h 00 du documentaire Aurélie Dupont, l’espace d’un instant réalisé en 2010 par le même réalisateur.
Il est juste regrettable qu’un spectacle aussi exquis ne fasse pas l’objet d’un prime-time.

Présentation :
Inspiré par les héros mythiques de l’abbé Prévost, Kenneth MacMillan exprime sa fascination pour les personnages égarés et les sujets dramatiques. Le chorégraphe suit fidèlement la trame du roman et restitue l’histoire tragique de cet être sensuel et ingénu, moins responsable que victime de son propre sort. Dans le Paris de la Régence, la société bourgeoise s’enivre dans le luxe et les plaisirs faciles. Emportée dans ce tourbillon, Manon ne sait pas résister aux tentations, entraînant dans sa chute le fidèle Des Grieux. Le chorégraphe construit son ballet sur une mosaïque d’extraits de Massenet trouvant dans sa musique toute la théâtralité, la fraîcheur et le romantisme nécessaires à cette grande fresque dansée. Les scènes de foule et de bal succèdent aux pas de deux passionnés jusqu’à l’issue sublime et tragique du ballet.

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