Une équipe de rêve : La critique

Date : 07 / 06 / 2015 à 08h25
Sources :

Unification


En 1994 est sorti un « petit » film qui est devenu un carton international. Il s’agissait de Rasta Rocket qui racontait l’aventure véridique de jeunes hommes, qui privés de Jeux Olympiques d’été, se mettaient au bobsleigh pour aller aux Jeux Olympiques d’hiver. Le film n’aurait pas eu un tel impact s’il ne s’agissait pas de Jamaïcains, pays dans lequel la neige est une vue de l’esprit.

Quelques années plus tard, en 2000, un autre film montrant que la réalité dépasse parfois la fiction est sorti plus confidentiellement en occident. Satreelex : The Iron Lady parle d’une équipe de volley thaïlandaise composée, entre autres, de transsexuelle, travestis et homosexuels, qui réussissent à remporter le championnat national de volley. Je ne saurais d’ailleurs que conseiller de découvrir ce très beau film.

Plus récemment, c’est un autre documentaire sur une équipe de volley féminine dont la plus jeune joueuse est âgée de 66 ans et la doyenne de 98 ans, Les optimistes qui montre les vertus de l’amour du sport.

Ces films, et documentaires, sont émouvants, incroyables et très drôles.
Qualités que l’on retrouve dans le film documentaire Une équipe de rêve qui parle de la pire équipe du football mondial (202ème pays sur 202 au classement Fifa) et de son envie de marquer un but en compétition, voire de remporter son premier match en 17 années d’existence.

Après avoir entendu parler du match Samoa Américaines contre Australie qui a vu la deuxième équipe remporter le match sur un score fleuve de 31 à 0, une équipe de documentaristes anglais a décidée d’aller aux Samoa Américaines et de filmer la préparation sportive de cette équipe, qualifiée de pire équipe de football du monde, en vue des qualification pour la coupe du monde du Brésil de 2014. Outre une envie sincère de suivre l’équipe, c’est aussi secrètement dans l’espoir de rencontrer des personnages qui sortent de l’ordinaire que les réalisateurs Mike Brett et Steve Jamison se sont envolés pour cette île du Pacifique. Un espoir qui s’est trouvé vite comblé devant une équipe d’individus plus formidables les uns que les autres et un entraîneur incroyable !

Car c’est la qualité des hommes et des femmes filmés qui donne au documentaire une saveur particulière et un attachement extrêmement fort vis-à-vis de ces combattants qui se battent pour pouvoir vivre leur passion au maximum.

Thomas Rongen, entraîneur hollandais, qui a accepté le contrat proposé par la Fifa d’aller aider l’équipe à s’améliorer en vu des qualifications de la coupe du monde, est un homme entier. Assez rapidement conscient que ses méthodes de management ne pourraient pas s’appliquer à cette équipe de foot, il a l’intelligence de s’adapter aux conditions climatiques et aux joueurs, ne brusquant pas ces derniers, mais les poussant à s’améliorer physiquement et techniquement. En effet, il n’existe aucun joueur professionnel aux Samoa Américaines.

À une époque dans laquelle l’argent est roi et où des équipes nationales arrêtent de jouer parce que les joueurs n’ont pas eu la prime qu’ils voulaient, l’équipe du Samoa américain ne se pose pas ces questions. Après tout être joueur de foot dans l’équipe nationale ne rapporte aucun revenu à ses joueurs, donc il n’existe aucune prime de jeu. Mais ces derniers pratiquent le football bénévolement avec passion et abnégation à partir de 5 heures du matin avant d’aller travailler pour gagner le salaire qui leur permet de vivre, puis de revenir à l’entraînement à 17 heures. Un exemple peut-être extrême de pratique de sport, mais toujours est-il une leçon d’amour et de dévouement à son sport qui devrait être montrée, et enseignée, dans les centres de formation des sportifs.

A l’issue de la montée au sommet de la montagne de l’île, Thomas Rongen déclare d’ailleurs honnêtement au joueur qui lui a servi de guide (il s’agit d’un garde forestier), qu’il comprend son état de fatigue le soir à l’entraînement, ainsi que sa condition physique supérieure aux autres joueurs puisqu’il doit tous les jours monter en haut de cette montagne.

La grande idée de Thomas Rongen est de renforcer l’équipe nationale avec des joueurs samoans évoluant à l’étranger. Ainsi, deux joueurs rejoignent l’équipe après avoir pris des congés sans solde ou des vacances afin de réaliser le rêve de leur vie, participer aux matchs qualificatifs de la coupe du monde de football.
L’entraîneur a aussi l’idée formidable de rappeler le goal de l’équipe parti s’installer aux États-Unis et de le convaincre de retourner aux Samoa Américaines quelque temps.

Nicky Salapu, hanté par la défaite historique de son équipe et cauchemardant régulièrement sur ce match d’horreur, décide de soutenir son équipe et de mettre tout son cœur dans leur aventure qualificative. Et disons le de suite, Nicky Salapu n’est pas un mauvais gardien. Sans lui, nul doute que l’Australie aurait marqué beaucoup plus de buts que cela. C’est de plus un homme attachant avec des valeurs fortes et saines qui sera le moteur de l’équipe et son âme.

Johnny « Jaiyah » Saeluah est un autre personnage emblématique du documentaire. Il s’agit d’un fa’afafine, le troisième genre aux Samoa.
« Les Fa’afafine sont l’appellation des transgenres dans les îles Samoa. Ce concept est lié au rôle et à l’identité sexuelle. Très spirituels, les Fa’afafine sont respectés de tous et leur existence fait partie de la culture polynésienne. Ce terme désigne généralement les garçons nés dans des familles avec trop d’enfants mâles, qui sont choisis par les parents pour aider aux tâches ménagères. Aidant à une tâche considérée comme exclusivement féminine, ils sont élevés comme des filles et mélangent ainsi leur identité. Entre innée et acquise, la sexualité du Fa’afafine elle est libre et sa culture le préserve de discriminations. Né homme et élevé comme une femme, le Fa’afafine est toléré et intégré par tous, il est estimé par les hommes et les femmes de sa culture. »

Jaiyah, dont vous pouvez trouver l’interview sur notre site est une femme remarquable, véritable cœur de l’équipe. Elle est choisie comme titulaire indiscutable, défenseur centra, par l’entraîneur qui a su déceler l’un des joueurs les plus engagé de son équipe.
Il s’agit d’ailleurs du premier joueur transgenre à disputer une compétition internationale de football, sans même que la Fifa ne s’en rende compte, a priori.

Le documentaire est tour à tour touchant, amusant, merveilleux et attendrissant. Le suspense est aussi très présent, des extraits des matchs joués étant montrés. La qualité du montage de Julian Quantrill rend d’ailleurs ces moments intenses, le spectateur se prenant au jeu de ces rencontres de football et espérant sincèrement que l’équipe marque au moins un but, voire gagne un match.

Une équipe de rêve est un merveilleux documentaire sur des joueurs formidables qui avec leur simplicité et leur passion donnent au monde entier une magnifique leçon d’humanité. Une équipe suivie et encouragée par un pays entier, qui à défaut de donner de l’argent à ses joueurs, offre son cœur et son amour à des hommes et à des femmes qui représentent leur pays à travers le monde. Une galerie de personnages plus incroyables les uns que les autres, une atmosphère digne d’un thriller intense et un sport qui révèle toutes ses qualités font de cette œuvre un véritable bijou. Une pépite à conserver précieusement dont le simple souvenir aide à voir la vie d’une façon plus légère.

Je suivrai dorénavant avec attention les matchs des Samoa Américaines dont les prochaines rencontres officielles auront lieu à partir de septembre 2015.

Une véritable leçon de vie et de passion ! Touchant, émouvant, palpitant, enthousiasmant, fascinant, tout simplement sublime !

SYNOPSIS

Après une défaite historique 31-0 contre l’Australie en 2001, les Samoa Américaines – officiellement la pire équipe de football au monde – sont toujours à la recherche de leur première victoire en match officiel. Ils n’ont pas marqué de but depuis 4 ans. Appelé à la rescousse, l’entraîneur hollandais Thomas Rongen découvre à son arrivée sur l’île une équipe attachante : Nicky Salapu, gardien de but hanté par les 31 buts encaissés, revenu sur l’île vaincre ses démons ; Johnny « Jaiyah » Saeluah, premier joueur transgenre à disputer une compétition internationale, etc. Il reste un mois avant le début de la campagne qualificative pour la Coupe du Monde, et un rêve à conquérir.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 37
- Titre original : Next Goal Wins
- Date de sortie : 10/06/2015
- Réalisateur : Mike Brett, Steve Jamison
- Interprètes : Thomas Rongen, Nicky Salapu, Liatama Amisone, Uasila’a Heleta, Daru Taumua, Tala Luvu, Terrence Sinapati, Roy Luani, Ismael D’Angelo Herrera, Moe Kuresa, Ramin Ott, Diamond Ott, Rambo Tapui, Charlie Uhrle, Gene Neemia, Johnny Saelua, Natia Natia, Justin Manao, Rawlston Masaniai, Shalom Luani, Suani Uelese, Fitiuta Maiava, Chin-Fu Ta’ase, Taufaiula Mavaega, Kid Bartley
- Photographie : Steve Jamison
- Montage : Julian Quantrill
- Musique : Roger Goula Sarda
- Producteur : Mike Brett, Steve Jamison pour Agile Films, Archer’s Mark
- Distributeur : Bodega Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Le Déserteur : La critique
L’Echappée : La critique
Resilient Man : La critique
Spy x Family Code - White : La critique
Le Jour où j’ai rencontré ma mère : La critique
For All Mankind : Un renouvellement stratosphérique pour la série (...)
Captain America - Brave New World : Un film Marvel 10 fois plus (...)
The Walking Dead - The Ones Who Live : Critique 1.05 (...)
Chucky : Critique 3.06 Panic Room
Star Trek : Le baiser entre Kirk et Uhura, et le passage à vide (...)
Le Déserteur : La critique
Le Clan des suricates : Le prochain Happy Feet de Warner Bros (...)
Dr. Odyssey : Don Johnson consulte sur ABC
Nous les Contactés : la critique
Fallout - Le Jeu de Rôle : La critique de L’Hiver (...)