Titli, Une chronique indienne : La critique

Date : 03 / 05 / 2015 à 12h43
Sources :

Unification


Titli, Une chronique indienne est un film sombre et violent sur les laissés pour compte de l’Inde. Pour les connaisseurs du cinéma indien, Titli fait partie d’un nouveau courant mainstream qui encourage du cinéma d’auteur. Inutile donc d’essayer de trouver un cinéma Boolywoodien « classique » avec ses 5 chansons et danses. On trouve dans le film de la musique, mais aucune scène qui emmène le spectateur dans les Alpes Suisses, près des pyramides en Egypte ou en haut du Machu Picchu.

L’histoire se passe dans un quartier défavorisé de Delhi dans lequel une famille survit en volant des voitures ou en faisant des extorsions. Le personnage principal est le plus jeune frère d’une fratrie qui compte 3 hommes vivants tous sous le même toit que leur père. Irrité que ce dernier tente de se sortir de sa condition misérable, ces derniers le marient avec une jeune femme qui n’est pas plus enthousiaste que lui de son nouvel état matrimonial. Ce sont les relations de ces différents personnages, la violence à laquelle ils sont confrontés et la lueur d’espoir qui essaye de les tirer vers le haut que raconte ce film dur et sans complaisance.

Comme le dit le réalisateur Kanu Behl lui-même « un des objectif de Titli était de montrer la violence : le cercle de la violence et sa fin. Est-ce que le changement que connait le pays depuis quelques années, et la nouvelle Inde avec ses nouveaux bâtiments qui sortent du sol, créé la violence ? Est-ce que c’est la famille qui créé la violence ? ». Plus qu’à ces réponses, c’est le principe même de la violence qui pousse même une victime à devenir bourreau à son tour pour s’extirper de sa spirale infernale que le réalisateur à choisit de traiter. Ainsi que la possible rédemption que certains peuvent espérer lorsqu’ils deviennent conscients de leurs actes et essayent d’y mettre fin.

Le film n’est pas drôle, et la photographie est à l’unisson. On ne trouve pas de couleurs gaies, ni de costumes flamboyants. Si Titli veut dire papillon et est plutôt un nom donné aux filles, c’est plutôt un papillon de nuit qui survole de ses ailes grises une ville alternant taudis, building et bâtiments en construction qui sont plus deshumanisants que symboles d’un foyer chéri.

Les acteurs sont très bien trouvés. Les connaisseurs reconnaîtront Ranvir Shorey dans un rôle opposé aux comédies dans lesquelles il apparaît généralement en ce grand frère très dur qui tient sa famille dans un gant de fer. Amit Sial le deuxième frère est aussi un acteur professionnel et parvient à maintenir l’équilibre entre chacun des membres de sa famille.
Mais Titli, le rôle-titre est un jeune acteur, Shashank Arora, dont c’est la première apparition sur grand écran. Le moins que l’on puisse dire est qu’il se sort avec les honneurs de cet exercice et qu’on devrait le revoir dans de nouveaux films. Ranvir Shorey, l’actrice qui lui donne la réplique est un peu moins convaincante dans son premier rôle au cinéma, mais elle réussit à brosser fidèlement le portrait de cette femme qui a d’autres aspirations que rester à la maison pour s’occuper de son foyer et de son mari. C’est d’ailleurs une volonté du réalisateur lui-même d’avoir mis peu de rôle de femme dans son film, mais uniquement de femmes fortes qui ne s’en laissent pas montrer. Et qui si elles ont du mal à s’assumer financièrement représente la nouvelle face de la femme indienne qui se bat pour d’autres principes et une autre vie que celles de leur mère et grand-mère.
Pour l’anecdote, il est amusant qu’après beaucoup de tergiversation, ce soit le propre père du réalisateur, acteur de théâtre, qui interprète le père de famille.

Néanmoins les personnages du film n’étant pas attachant, je dois avouer avoir eu assez peu d’empathie pour eux bien que leurs motivations profondes soient touchantes.

Titli, Une chronique indienne est une œuvre intéressante et réaliste qui traite d’un sujet grave. La violence parfois très prégnante n’empêche pas quelques passages d’une grande beauté dans un film en demi-teinte mais d’un optimisme qui le rend plus léger à digérer.

Un film indien qui pourrait chagriner les amateurs de cinéma indien coloré et joyeux mais montrera au curieux que l’Inde est un grand pays qui est capable de faire un cinéma dérangeant, sachant appuyer là où cela fait mal et dans lequel l’humain n’est ni meilleur ni plus mauvais que dans les autres pays.

Une réflexion intéressante à voir pour ceux qui ont envie de découvrir un cinéma non formaté.

Titli a eu le prix du public au Festival du Film d’Asie du Sud Transgressif (FFAST) en 2015 et le prix du jury au Festival International du Film Indépendant de Bordeaux (FIFIB) en +2014.

SYNOPSIS

Dans les quartiers malfamés de la banlieue de Delhi, Titli, benjamin d’une fratrie de violents braqueurs de voitures, tente désespérément d’échapper à l’entreprise familiale. Ses plans sont contrecarrés par ses frères, qui le marient contre son gré. Titli trouve une alliée inattendue en Neelu, sa jeune épouse qui, comme lui, nourrit d’autres rêves. Ils concluent un pacte inhabituel pour se libérer du poids familial. Mais la fuite est-elle la liberté ?

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 04
- Titre original : Titli
- Date de sortie : 06/05/2015
- Réalisateur : Kanu Behl
- Scénariste : Kanu Behl, Sharat Kataryia
- Interprètes : Ranvir Shorey, Shashank Arora, Shivani Raghuvanshi, Amit Sial, Prashant Singh, Lalit Behl
- Photographie : Siddharth Diwan
- Montage : Namrata Rao
- Musique : Karan Gour
- Costumes : Fabeha Khan
- Décors : Parul Sondh
- Producteur : Dibakar Banerjee pour Yash Raj Films Pvt. Ltd., Dibakar Banerjee Productions
- Distributeur : UFO Distribution

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Apolonia, Apolonia : La critique
La flamme verte : La critique
Paternel : La critique
L’Affaire Abel Trem : La critique
L’Antilope d’or, la renarde et le lièvre : La (...)
NCIS - Origins : La préquelle complète son casting
Japan Party et le salon fantastique 2024 : Deux fois plus de (...)
Dawn of Green Arrow & Black Canary : La critique du tome (...)
L’Anneau Unique : La critique des Ruines du Royaume (...)
Jeux Vidéos - Bandes Annonces : 29 mars 2024
Star Trek - Section 31 : Une première image et une info (...)
Les Chroniques de Spiderwick : Une nouvelle bande annonce de la (...)
Invincible : Critique 2.07 Je n’ai pas l’intention de (...)
The Walking Dead - The Ones Who Live : La critique des deux (...)
The Good Daughter : Jessica Biel héroïne d’une nouvelle (...)