Le petit garçon : La critique

Date : 27 / 02 / 2015 à 12h16
Sources :

Unification


Nagisa Ôshima est contemporain d’Akira Kurosawa et Yasujirō Ozu. Mais si l’œuvre de ces réalisateurs japonais est connue des spectateurs occidentaux, Ôshima est plus célèbre chez nous pour L’Empire des sens. Ce film, censuré au Japon, a été présenté en 1976 au Festival de Cannes lors de la Quinzaine des réalisateurs. Depuis, lorsqu’on parle de Nagisa Ôshima, c’est souvent le seul film qui vient à l’esprit. Mais l’œuvre du réalisateur est riche de 25 longs métrages réalisés entre 1959 et 1999, auxquels il faut ajouter courts métrages et réalisations pour la télévision.

Nagisa Ôshima est un réalisateur qui a souvent critiqué la société japonaise. Le petit garçon débute d’ailleurs par une scène dans laquelle le rouge du drapeau japonais est transformé en noir. C’est une véritable volonté du réalisateur dans un film réalisé en couleur.

Le petit garçon, c’est l’histoire d’une famille vivant dans les années 60 au Japon. Le père, blessé à la guerre, utilise cela comme une excuse pour pousser sa femme, puis son fils à se jeter sous les roues d’une voiture afin de réclamer un dédommagement au conducteur. Afin de ne pas se faire repérer, ils voyagent à travers le Japon. Mais c’est au travers des yeux du jeune garçon que l’on voit l’histoire se dérouler. Et c’est son ressenti de la situation, la normalité à laquelle il voudrait aspirer et sa jeunesse volée qui est parfaitement dépeinte dans le film.

Le jeune garçon est donc le point central du scénario, mais il n’aurait pas un tel impact si Tetsuo Abe ne l’interprétait pas aussi justement. Le jeune acteur porte le poids du film sur les épaules et assume cette charge sans jamais faillir. La scène d’ouverture dans laquelle il joue seul avec des amis imaginaires est parfaitement emblématique d’un personnage qui essaye d’échapper à son sort pour se rendre compte que son jeune âge (10 ans) lui interdit tout espoir d’émancipation. A ce sujet la séquence dans laquelle il fugue est absolument magnifique. Tout comme l’une des scènes finales dans laquelle son talent est impressionnant.

Le reste du casting, principalement le père interprété par Fumio Watanabe et la belle-mère jouée par Akiko Koyama est aussi bon. Ces derniers montrent parfaitement la dynamique d’un couple dysfonctionnel. Akiko Koyama est d’ailleurs très touchante dans l’amour quelle porte à son mari et qui la pousse à des actes répréhensibles. L’évolution de sa relation avec son beau-fils est aussi passionnante et rend les deux personnages de plus en plus attachants au cours de l’histoire.

La réalisation est excellente. La mise en scène alterne avec lieux clos et espaces ouverts, soit dans la ville, soit sur la nature. Nagisa Ôshima utilise plusieurs filtres au cours de son film permettant de trancher avec certains passages de l’histoire. Si ces filtres créent parfois une sensation d’onirisme, il faut avouer que le rendu de l’image aujourd’hui n’est pas toujours très beau à regarder, surtout lorsque le filtre bleu est utilisé. Mais l’esprit du montage et de la photographie renforcent une histoire dans laquelle certains passages sont résumés à l’aide un bel exercice de style.

Le petit garçon est une très belle œuvre à découvrir. A travers l’histoire d’une famille, c’est celle d’un pays qui est dépeinte. Le film est illuminé par le jeune et très attachant Tetsuo Abe qui nous conte sa vie alternant enfance et âge adulte.
C’est aussi un très beau master qui est montré. Le film a d’ailleurs fait l’objet d’une très belle restauration qui permet de l’apprécier aujourd’hui à sa juste valeur.

Un très beau film d’un grand réalisateur japonais Nagisa Ôshima qui reste d’une actualité confondante. A voir sans hésiter.

SYNOPSIS

L’histoire d’un petit garçon de dix ans, de sa famille et du monde autour de lui. Pour survivre, les parents de l’enfant pratiquent une escroquerie à laquelle ils l’initient.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 1 h 45
- Titre original : Shonen
- Date de sortie : 04/03/2015
- Réalisateur : Nagisa Ôshima
- Scénariste : Tsutomu Tamura
- Interprètes : Tetsuo Abe, Tsuyoshi Kinoshita, Akiko Koyama, Fumio Watanabe, Agnes Mahr
- Photographie : Seizô Sengen, Yasuhiro Yoshioka
- Montage : Sueko Shiraishi, Keiichi Uraoka
- Musique : Hikaru Hayashi
- Décors : Shigemasa Toda
- Producteur : Masayuki Nakajima, Takuji Yamaguchi pour Art Theatre Guild, Sozosha
- Distributeur : Carlotta Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

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