Furyo : La critique

Date : 13 / 03 / 2015 à 10h03
Sources :

Unification


Furyo est un grand film qui est présenté 30 ans après sa sortie dans une version remastérisée. C’est aussi la confrontation de deux grands acteurs entre scènes très dures et d’autres plus sensuelles.

L’histoire raconte la vie dans un camp de prisonnier japonais dans lequel les prisonniers étrangers, principalement américains et anglais vont vivre, et parfois mourir.
Le film est sorti en 1983, mais il est difficile de ne pas le comparer au film d’Angelina Jolie sorti en 2015 Invincible qui consacre une bonne partie de son histoire à ces camps terribles.
En effet, il faut replacer dans le contexte de l’époque les traitements que les japonais ont fait subir à leurs prisonniers. Le Japon de l’époque, militariste à l’extrême, considérait que se rendre était perdre la face. Or perdre la face a plus d’impact dans la conscience japonaise que de mourir. Evidemment les prisonniers alliés, élevés dans des pays différents, n’avaient pas le même ressenti vis-à-vis du fait d’être prisonnier, notamment grâce à l’idée que le Traité de Genève, sur le sort des prisonniers, protégerait leur statut.
C’est ainsi qu’environ 1 allié sur 4 se rendait aux japonais alors que seulement 1 japonais sur 120 se constituait prisonnier, souvent en donnant un faux nom afin de protéger sa famille de la honte qu’un des siens ait préféré la vie à l’« honneur ».

Ce contexte particulier permet de mieux comprendre le traitement parfois inhumain infligé aux prisonniers japonais, ces derniers étant considérés comme inférieurs à des animaux. La fin de la guerre, avant le traité de paix inconditionnel signé par l’Empereur du Japon, a d’ailleurs entraîné des massacres dans des camps de prisonniers, les soldats japonais en charge de ces camps ayant l’ordre d’éliminer tous les soldats alliés.

Furyo raconte la confrontation entre un soldat anglais, interprété par David Bowie, et le responsable du camp de prisonnier joué par Ryûichi Sakamoto. Le fait d’avoir choisi pour ces deux personnages deux musiciens connus donne une ambiance particulière au film. Ces derniers sont d’ailleurs excellents et leurs confrontations sont d’anthologie. C’est le lien très fort entre les deux protagonistes qui est le cœur du film. Une histoire qui est contée à travers le personnage du traducteur, Mr Lawrence auquel le titre anglais se réfère (Merry Christmas, Mr Lawrence), incarné par Tom Conti. Ce même Lawrence qui sera témoin des hauts et des bas du camp de prisonniers et nous fera vivre les conditions horribles de cette vie enclavée par procuration.
Il faut aussi noter la très bonne interprétation d’un jeune comédien japonais, Takeshi Kitano, en sergent japonais. Ce dernier fera par la suite la carrière brillante qu’on lui connait.

Si les images sont parfois dures et les traitements des prisonniers violents, le film ne fait ni dans la surenchère ni dans la cruauté injustifiée, et reste proche de la réalité décrite par ceux qui sont passé dans ces camps. D’ailleurs certains soldats japonais se sont montrés parfois généreux quand l’occasion s’est montrée et que les regards de leurs collègues japonais ne s’attardent pas sur eux.

Le casting du film est impeccable et l’histoire dure mais réaliste, mais il faut reconnaître le talent du réalisateur Nagisa Ôshima, qui signe un film international sur un sujet délicat à aborder pour les japonais. Ainsi, 7 ans après avoir livré au monde son sulfureux, et pour beaucoup choquant, L’Empire des sens, c’est un nouveau sujet tabou que le réalisateur aborde avec le brio qui caractérise sa mise en scène.

En ce qui concerne la bande originale, elle est composée par Ryûichi Sakamoto. Et quelle musique ! Je ne suis pas souvent sensible aux musiques de films, les oubliant dès ma sortie de la salle, mais quelques films m’ont marqué durablement et Furyo en fait partie.
La musique est un élément essentiel du film : puissante, intense et enveloppante. Furyo ne serait pas une œuvre aussi puissante sans sa magnifique bande originale. Le fait qu’elle soit composée par l’interprète du responsable du camp donne une grande force aux images. La séquence finale entre Bowie et Sakamoto, d’une immense tension émotionnelle, est sublimée par cette musique.

Furyo est un magnifique film de guerre qui montre un affrontement de volonté dantesque entre deux acteurs-musiciens, une opposition ponctuée d’une sensualité sous-jacente très délicatement filmée. Un casting remarquable, une histoire qui revient sur les camps de prisonniers de la deuxième guerre mondiale et une réalisation brillante, font du film une œuvre remarquable sublimée par une musique qui résonnera longtemps dans la tête. Le très beau master proposé permet de découvrir un film que les cinéphiles ne devraient pas manquer sur grand écran.

Un film superbe à aller voir sans hésiter.

SYNOPSIS

Java 1942 : un camp de prisonniers américains est dirigé par le capitaine Yonoi, un chef japonais à la poigne de fer. A la crainte et au mépris qu’éprouvent les prisonniers et les subalternes du capitaine à l’endroit de ce dernier, s’oppose la résistance étonnante d’un soldat anglais, Jake Celliers. Face à son attitude provocante, Yonoi devient de plus en plus sévère dans le but de faire plier le rebelle.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 02
- Titre original : Merry Christmas, Mr Lawrence
- Date de sortie : 18/03/2015
- Réalisateur : Nagisa Ôshima
- Scénariste : Nagisa Ôshima, Paul Mayersberg
- Interprètes : David Bowie, Tom Conti, Ryûichi Sakamoto, Takeshi Kitano, Yûji Honma, Daisuke Iijima, Hideo Murota, Barry Dorking, Geoff Clendon, Grant Bridger, Richard Adams
- Photographie : Toichiro Narushima
- Montage : Tomoyo Oshima
- Musique : Ryûichi Sakamoto
- Costumes : Kazuo Matsuda
- Décors : Shigemasa Toda
- Producteur : Jeremy Thomas pour Asahi National Broadcasting Company, Cineventure Productions London, National Film Trustees, Oshima Productions, Recorded Picture Company (RPC)
- Distributeur : Bac Films

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



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