Leopardi : La critique

Date : 02 / 04 / 2015 à 11h42
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Unification


Leopardi est le biopic du poète italien du 19ème siècle Leopardi il Giovane Favoloso. Le film se concentre sur trois parties de sa vie : le début de son âge adulte dans l’austérité de la maison familiale, son passage à Florence au milieu de la bonne société, et sa vie à Naples côtoyant les pauvres de la ville.
Il est amusant de trouver certaines répliques dans la bouche des poètes et hommes de lettres de la bonne société qui critiquent Leopardi et ses textes, jugés trop pessimistes, indiquant que l’auteur ne serait plus connu quelques années plus tard. En effet, ces hommes sont quasiment inconnus à l’heure actuelle alors que Leopardi est avec Dante le poète italien le plus célèbre.

Le film se déroule dans des décors naturels dont la maison de Leopardi elle-même. En effet les héritiers du poète ont ouvert leur demeure au tournage. Ainsi la fenêtre qui sert d’évasion au jeune poète est la même par laquelle le véritable Leopardi regardait. D’ailleurs la ville ayant gardé son cachet, le spectateur a véritablement l’impression de remonter le temps et de se trouver au cœur d’une petite ville italienne du 19ème siècle. Pour l’anecdote la difficulté du tournage de la première partie du film tient surtout aux touristes qu’il fallait éviter de montrer dans le film.

Les costumes, coiffures et maquillages sont aussi très réalistes et donnent vraiment l’impression de se trouver à une autre époque.

Les acteurs sont très bons, certains plus attachants que d’autres, dans ces rôles d’hommes et de femmes du passé.
Mais il faut avouer que la composition d’Elio Germano dans son interprétation du poète est exceptionnelle. Le film se déroule sur plusieurs années, aussi l’acteur doit, en plus de son interprétation, montrer la dégradation physique du poète qu’un certain nombre de maladies a dégradé et défiguré jusqu’à sa mort à 39 ans. On ressent la souffrance, la solitude et parfois l’amertume de cet homme extrêmement talentueux mais limité physiquement. La puissance de son interprétation est telle que malgré la qualité des autres acteurs, ces derniers passent en arrière-plan dès qu’Elio Germano apparaît à l’écran.

La réalisation est classique, mais les choix de mise en scène et de montage créent des ellipses irritantes pour quiconque ne connait pas en détail la vie de Leopardi. En effet, les choix de certains passages de la vie de l’auteur occultent le comment on passe d’un lieu et d’une année à un autre lieu parfois 10 ans plus tard. C’est frustrant, d’autant que le film est un peu long et que certains passages s’étirent parfois en longueur.

La musique est plutôt agréable et illustre parfois les poèmes lus par Leopardi ou d’autres personnes, généralement lors de scène contemplatives. Néanmoins je n’ai pas accroché au choix des quelques chansons du film en anglais, très jolies par ailleurs, mais qui m’ont complètement fait sortir de l’œuvre. En effet, entendre des mots en anglais entre deux répliques en italiens fait preuve d’un anachronisme non nécessaire dans un tel film. D’autant que les quelques paroles auraient été aussi agréables chantées en italien, langue de l’opéra par excellence.

Leopardi est un biopic intéressant et bien réalisé sur un poète sensible, romantique et pessimiste dont la méditation métaphysique et lyrique sur le tragique de l’existence en fait un précurseur de Schopenhauer, Nietzsche et Freud. L’interprète du poète livre une composition extraordinaire qui force l’admiration. Si le film est un peu long, il permet de découvrir un homme étonnant dont la force vitale est inversement proportionnelle à sa dégradation physique.

Un film à voir pour tous les amateurs de biopic sur un homme qui sort de l’ordinaire.

Pour ceux qui ne connaissent pas ce poète, voici la traduction d’un de ses poèmes les plus connu, L’infinito, que l’on entend dans sa langue d’origine dans le film.

L’infini

J’ai toujours aimé ce mont solitaire
Et ce buisson qui cache à tout regard
L’horizon lointain. Mais quand je m’assieds
Pour mieux observer, je me représente
Au fond de mon cœur l’espace au-delà :
Calme surhumain, très profonde paix.
Pour un peu, je suis perdu d’épouvante
En entendant geindre, entre les feuillages,
Le vent, je compare cette à voix-là
L’infini silence et je me souviens
De l’éternité, des mortes saisons,
Et de la présente, et de la vivante.
Et de sa rumeur. Ainsi dans l’immense
Sombre de ma pensée. Et dans cette mer
Il m’est doux enfin de faire naufrage.

Leopardi, Chants, traduit par René de Ceccaty, Rivages, 2011, p. 139

SYNOPSIS

Italie. XIXe siècle. Giacomo Leopardi est un enfant prodige. Issu d’une famille aristocratique, il grandit sous le regard implacable de son père. Contraint aux études dans l’immense bibliothèque familiale, il s’évade dans l’écriture et la poésie. En Europe, le monde change, les révolutions éclatent et Giacomo se libère du joug de son père ultraconservateur. Génie malheureux, ironique et rebelle, il deviendra, à côté de Dante, le plus célèbre poète italien.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 17
- Titre original : Leopardi il Giovane Favoloso
- Date de sortie : 08/04/2015
- Réalisateur : Mario Martone
- Scénariste : Mario Martone, Ippolita Di Majo
- Interprètes : Elio Germano, Anna Mouglalis, Michele Riondino, Massimo Popolizio, Isabella Ragonese, Valerio Binasco, Iaia Forte, Federica De Cola
- Photographie : Renato Berta
- Montage : Jacopo Quadri
- Musique : Sascha Ring
- Costumes : Ursula Patzak
- Décors : Giancarlo Muselli
- Producteur : Carlo Degli Esposti, Nicola Serra pour Palomar, Rai Cinema
- Distributeur : Paname Distribution

LIENS

- SITE OFFICIEL
- ALLOCINÉ
- IMDB

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