Birdman ou (la surprenante vertu de l’ignorance) : La critique

Date : 23 / 02 / 2015 à 14h51

Par : Dominique Bleuet , Enigma

Sources :

Unification

Difficile de dire si on a affaire à un film fantastique ou à une fable philosophique, le film est inclassable.

L’atmosphère est étrange, voire dérangeante. Inconfortable. Le protagoniste, égaré dans son mal-être garde les stigmates d’un succès éphémère et se complait dans une sorte de quête rédemptrice envers sa famille et son public qui le tord, le brûle, le consume. Un personnage un brin pathétique, détaché de la réalité, confronté à une toute terre à terre envie de revenir au devant de la scène.
C’est à la fois poétique et affreusement complexe. Imbriquant le théâtre dans le cinéma, la quête de sens dans la réussite matérielle.

Un film "pour intellos" me direz-vous, que nenni... même si on navigue dans l’univers du théâtre underground et de la performance.
Un drôle de film. Parfois comique, parfois sensible. Qui s’appuie sur une interprétation sans faille et une mise en scène extraordinaire. Rien d’étonnant quand on sait qu’Iñárritu fait toujours dans l’original.

En course pour les Oscars, le film avait toutes les qualités requises pour obtenir la si précieuse statuette (mission réussie avec 4 oscars). Et tout, pour séduire un large public.

Envoûtant. Unique.

Épatant et aérien, ce sont les deux termes qui me viennent à l’esprit pour évoquer ce film diablement original qu’est Birdman.

Aérien grâce à un principe de mise en scène génial, celui du plan séquence continu. Une unique camera suit les protagonistes du début à la fin du film sans plan de coupe, sans contrechamps, une caméra aérienne qui virevolte, s’élève dans les airs et se rapproche au plus près des visages et des sentiments des personnages. Certes, ce n’est pas un vrai plan séquence car on se doute bien que, dès que la caméra entre dans un recoin sombre du théâtre, c’est à ce moment là que la scène se termine. Mais, peu importe, le procédé est juste magique et magnifique.

Épatant par l’implication et l’interprétation des comédiens. On reste souvent bouchée bée devant les répliques, tirades et coups d’éclat des acteurs. Une scène en particulier m’a littéralement donné des frissons, celle où le personnage d’Emma Stone reproche à son père (Michael Keaton) de l’avoir ignorée pendant son enfance. C’est bien simple, j’avais envie de me lever et de remettre moi même l’oscar à l’actrice ! Et des moments comme ça, le film en est littéralement rempli. A la limite, c’est peut être le problème de Birdman, tant ces moments forts peuvent vous faire sortir du long métrage dans un instant d’observation admiratif de la technique de jeu des acteurs.

Et quelle bonne idée d’avoir placé face à face Michael Keaton et Edward Norton, Batman vs Hulk. Le passé filmique des 2 acteurs donne tellement de relief au propos du film !

Un film à ne pas rater.

SYNOPSIS

L’acteur Riggan Thomson, has been connu pour avoir incarné un célèbre super-héros, monte une pièce à Broadway autour de son propre personnage dans l’espoir de renouer avec sa gloire passée. Pour ce faire, il est soutenu par sa fille, fraîchement sortie d’une cure de désintoxication qui devient son assistante, par une actrice et un producteur farfelu.

BANDE ANNONCE

FICHE TECHNIQUE

Durée du film : 2 h 00
Titre original : Birdman
Date de sortie : 25/02/2015
Réalisateur : Alejandro González Iñárritu
Scénariste : Alejandro González Iñárritu, Nicolás Giacobone, Alexander Dinelaris, Armando Bo
Interprètes : Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton, Emma Stone, Naomi Watts, Andrea Riseborough, Amy Ryan, Lindsay Duncan
Photographie : Emmanuel Lubezki
Montage : Douglas Crise, Stephen Mirrione
Musique : Antonio Sanchez
Costumes : Albert Wolsky
Décors : George DeTitta Jr., Kevin Thompson
Producteur : Alejandro González Iñárritu, John Lesher, Arnon Milchan, James W. Skotchdopole pour Regency Enterprises, Worldview Entertainment, Fox Searchlight Pictures, New Regency Pictures, R. et M. Productions, Grisbi Productions
Distributeur : Twentieth Century Fox France