Japan Expo 2014 : Interview de Kamui Fujiwara auteur de Dragon Quest Emblem of Roto

Date : 01 / 12 / 2014 à 09h14

Connaissez-vous un peu la BD franco-belge et est-ce qu’il y a des artistes que vous admirez et qui ont pu influencer votre travail ?

Kamui Fujiwara (KF) : Il y en a beaucoup, mais le premier qui me vient en tête est Mœbius, ensuite je dirais Bilal et Nicolas de Crécy. Ce sont les trois principaux que je connais bien. Il y a une autre BD que j’adore en ce moment, c’est Lucha libre, avec sept personnages avec des masques de lutte mexicaine. C’est très amusant. Après il y a d’autres BD, mais je ne pourrais toutes les citer.

Jouez-vous à Dragon Quest et si oui, quel est votre préféré ?

KF : Oui j’y joue, je les ai tous terminés et mon préféré est le 3.

Comment êtes-vous arrivé sur un univers comme celui de Dragon Quest ?

KF : J’étais très, très fan du jeu dès le début de la série. D’ailleurs je créais des mini-mangas/fanzines basés sur l’univers du jeu. Quand Enix, la compagnie qui éditait le jeu à l’époque, a sorti son magazine de prépublication Shônen Gangan, ils ont lancé un appel d’offre pour la création d’une adaptation du jeu Dragon Quest en manga. C’est à ce moment là que j’ai envoyé ma candidature.

Dragon Quest a été publie en 1991 et 1997, mais la série n’arrive en France que cette année, comment percevez-vous les choses vingt ans après ?

KF : Je pense que mon titre est assez intemporel, il correspond au public quel que soit l’âge ou la génération. Je n’ai donc pas d’opinion propre sur ce décalage, pour moi ça ne change pas grand-chose à la qualité du manga et à ce que le public peut en penser. C’est une Aventure classique avec un grand A.

Lorsque vous avez débuté votre manga quels étaient les mangakas et les séries qui vous inspiraient et aujourd’hui quels sont les auteurs que vous jugez comme des héritiers à votre travail ?

KF : Evidemment, Dragon Quest est une série dont le design des monstres a été fait par Akira Toriyama donc on ressent dans mon manga une "Toriyama Touch » qui reflète l’esprit Dragon Quest.

Après pendant la création du manga, il y avait la diffusion d’Evangelion qui m’a fortement influencé.
Pour les jeunes auteurs dont j’ai été l’inspiration, je suis incapable de vous donner des noms, mais certains sont venus me voir et m’ont dit avoir lu et apprécié Emblem of Roto.

Lors de l’élaboration d’un manga, quelle étape considérez-vous comme la plus complexe et pourquoi ?

KF : Je pense que le plus difficile a été de mettre en avant le héros principal car il y a, par exemple les 3 rois (Roi du poing, Roi de la lame et Roi de la sagesse) qui sont des personnages secondaires assez présents. Aussi, la partie la plus difficile a été de lui trouver des spécialités, des particularités pour en faire le rôle central de l’histoire.

Vous avez sorti Emblem of Roto environ deux ans après Dragon Quest : Dai no Daiboken (NdlR : La Quête de Dai, disponible aux éditions Tonkam), est-ce que cette œuvre vous a influencé dans votre travail ?

KF : Jusqu’à ce que je sois impliqué dans le projet Emblem of Roto je n’avais jamais lu Dai no Daiboken. J’ai commencé à le lire quand j’ai travaillé sur mon manga afin d’éviter de faire la même chose !

Avez-vous d’autres projets en cours et si oui lesquels ?

KF : En fait, je travaille et publie actuellement au Japon une série qui est la suite direct d’Emblem of Roto qui s’appelle « Les Héritiers de l’emblème », où les héros sont les enfants des personnages d’origine.

Justement dans la suite de votre carrière, est-ce que vous avez l’impression que l’immense succès d’Emblem of Roto vous a ouvert des portes dans le milieu du manga ou avez-vous toujours l’impression que vous êtes liés à cette série, à cet univers qu’est Dragon Quest ?

KF : En fait c’est un petit peu des deux. Dans un sens où c’est une grande série emblématique, on ne peut donc pas s’arrêter du jour au lendemain. Cependant, j’ai eu assez de pauses entre différentes publications pour m’occuper de projets personnels. J’ai pu travailler sur des choses différentes. Il est vrai que l’on revient souvent vers moi avec des offres liées à la saga et qui sont toujours intéressantes. Mais en tant que joueur et fan de la série cela n’a jamais été une corvée de devoir travailler sur Dragon Quest, au contraire, c’est un univers qui me plaît beaucoup ! Par contre, je pense qu’après la fin de la série sur laquelle je suis en ce moment, m’éloignerai sûrement de Dragon Quest. Ce sera sûrement la dernière.

Est ce qu’il y a encore des titres que vous lisez aujourd’hui malgré votre emploi du temps très chargé ?

KF : En ce moment je lis avec grand intérêt un manga qui se nomme Levius publié par Shogakukan. Il a un esprit très BD puisqu’il se lit de gauche à droite et que les bulles sont écrites à l’horizontale alors que d’habitude au Japon c’est à la verticale. Je pense d’ailleurs que ce manga a un réel potentiel à l’international.

Travailler sur une licence telle que Dragon Quest implique des contraintes sur les personnages, les pouvoirs, les monstres etc, aviez-vous une marge de liberté et si oui laquelle ?

KF : En fait, pour cette série là j’étais assez libre. Il y avait peu de contraintes de la part de l’éditeur. A présent, il y a tout de même un département qui vérifie tous les noms, etc…

Les mangas ont beaucoup de succès en France et que pensez-vous de l’émergence des mangas à la française ?

KF : Je pense que c’est quelque chose de très bien et j’espère que ça servira de tremplin pour des échanges culturels plus forts entre nos deux pays.

Dans les premiers tomes d’Emblem of Roto, on a vraiment la sensation de jouer au jeu vidéo, il y a énormément de marqueurs qui renvoient au titre comme les accessoires, les équipements, les tenues, des clins d’œil… Est-ce que ça fait partie de la charte imposée pour le manga ou est-ce votre volonté de coller la narration du manga à celle du jeu vidéo ?

KF : Je me suis mis à la place du lecteur et en tant que joueur j’ai essayé de coller le plus possible à cet univers, à cet esprit et faire plaisir aux joueurs, en y insérant des références propres au jeu.

Un portrait chinois ?

Un manga… KF : Hokusai, le créateur d’estampes aux 18 et 19ème siècles
Un monstre… KF : Fujiko Fujio
Une attaque… KF : Big Bang Attack
Un animal… KF : l’éléphant

Quelle a été votre relation avec votre tantô (responsable éditorial) durant la publication d’Emblem of Roto et comment est-elle avec votre nouveau tantô sur votre nouveau projet ?

KF : Il faut savoir que le système des maisons d’édition au Japon fonctionne comme une entreprise et les tantôs sont des salariés qui la représentent. Le mangaka et le tantô échangent régulièrement ; parfois il s’entendent bien, parfois non. Là en ce moment ça va super !

Le tome 6 de Dragon Quest-Emblem of Roto est sorti le 13 novembre aux éditions Ki-oon


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