Pride : La rencontre avec Matthew Warchus, Stephen Beresford et Bill Nighy

Date : 17 / 09 / 2014 à 10h14
Sources :

Unification


L’avant-première de Pride a permis de rencontrer le réalisateur Matthew Warchus, le scénariste Stephen Beresford et l’acteur Bill Nighy.
Voici la retranscription des échanges qui ont eu lieu après la projection.

Pourquoi avoir réalisé cette histoire ?
Matthew Warchus : j’ai reçu le script et l’ai trouvé extraordinaire. J’ai découvert qu’il s’agissait d’un sujet vrai. C’est un sujet pour lequel j’ai eu beaucoup d’intérêt. C’est un projet important car il a du sens tout en étant amusant.

Stephen Beresford : quand vous trouvez une histoire pareille, soit authentique, il faut réaliser une histoire qui n’est pas vraie en plus du film. C’est donc deux histoires qu’on doit raconter : ce qui s’est passé vraiment et ce qu’on a ajouté pour le film.

Quand vous avez lu le script et découvert votre rôle, qu’en avez-vous pensé ?
Bill Nighy : tout d’abord je tiens à dire que je suis content d’être à Paris. Quand j’étais jeune, je faisais la manche au Trocadéro. Je peux d’ailleurs dire en français « Avez-vous un franc pour moi madame ? ».
Quand j’ai lu le script, je l’ai considéré comme l’un des meilleurs scripts que je n’ai jamais lu et il m’a fait rire du début à la fin. Mais j’ai aussi pleuré à certains moments. Le script est très proche de mon cœur et j’espère que le film sera apprécié.

Franck Finance-Madureira (créateur de la Queer Palme à Cannes en 2010) : le film a eu la Queer palme à Canne cette année. Pride a été projeté le dernier jour et a mis tout le monde d’accord. Il a été élu à l’unanimité du jury et c’était un vrai coup de cœur car il tournait autour de la lutte sociale. Je tiens aussi à remercier le groupe Gaumont-Pathé, qui a permis d’organiser cette projection en avant-première.
Hier la 1ère mondiale a eu lieu à Londres (mardi 3 septembre). Le film a été projeté en présence de Matthew Warchus, Stephen Beresford, Bill Nighy ainsi qu’une partie du casting.

Le travail du scénariste Stephen Beresford est un peu connu. Aviez-vous une idée particulière en lui donnant cette carte blanche pour le scénario d’un film ? Quel est le lien entre vous et cette histoire ?
Stephen Beresford : je voulais vous remercier de votre accueil. Cela compte beaucoup pour nous.
Mon scénario est basé sur une histoire vraie dont j’ai entendu parler à 20 ans. Je me disputais avec mon copain qui avait 30 ans et il me disait que les hommes de mon époque (années 90) n’étaient pas aussi investis dans la politique que sa génération (années 80). En effet dans les années 90, il y a eu dans notre pays une deuxième vague de fermeture des mines. Il m’a alors raconté cette histoire car je lui avais répondu que je ne voyais pas pourquoi je devrais m’intéresser au sort des mineurs puisqu’ils ne s’intéressaient pas à des gens comme moi.
Depuis, je voulais écrire un scénario pour en parler. Il s’est passé beaucoup de temps avant d’arriver à réunir 3 personnes qui ont dit oui, ce qui a permis au film de voir le jour.
C’est une histoire avec des personnages vrais. Ces derniers se sont impliqués dans l’histoire du film. En effet, la plupart des personnages et faits sont vrais. Mais le film ne retrace pas exactement la réalité, elle la transforme un peu.
J’ai eu un moment fantastique quand j’ai trouvé les traces des vrais protagonistes. C’était une expérience incroyable quand je les ai trouvés physiquement.
C’est en rencontrant le vrai Mike qui porte la mémoire de ce mouvement que j’ai eu le plus d’informations et suis vraiment entré dans le film.

Ce film donne beaucoup plaisir et a beaucoup marché à Canne. Matthew Warchus, comment avez-vous découvert ce film et quelle est votre implication ?
Matthew Warchus : comme la plupart des gens en Angleterre, je n’avais pas entendu parler de cette histoire. J’avais 18 ans au moment des faits et j’habitais un petit village dans le Yorkshire.
Ma famille a déménagé du village et je suis allé à Londres. J’étais toujours l’étranger car j’ai grandi dans la campagne et ma famille a beaucoup bougé.
Quand j’ai reçu le scénario, j’ai apprécié le coté professionnel et bien écrit de cette histoire sensationnelle.
Je me sentais bien à ma place pour faire ce film car je comprenais à la fois les personnes colorées de Londres et celles qui venaient de la campagne ?
J’ai dit oui très rapidement au projet.

L’identification à votre personnage a-t-il été facile ?
Bill Nighy : j’ai déjà joué le rôle d’une pieuvre, d’un vampire, d’un zombie, donc le rôle d’un mineur ça m’a semblait possible.
Je me suis identifié à ce personnage réservé qui a de la distance. Ça me rappelait beaucoup mon père. C’est un hommage que je lui rends.
Si mes petits enfants me demandent de quels événements je suis plus fier, je leur répondrais l’émancipation des droits pour les gays et lesbiennes et les progrès sociaux. Et je peux y ajouter les autres mouvements civiques aux États-Unis.
Le film m’a tout de suite plu et attiré car je suis fier de tous les évènements qui arrivent dans l’histoire.
Avec beaucoup d’humour, l’acteur ajoute à la suite de la traduction : « J’ai vraiment dit tout ça ? »

Bonsoir et merci d’avoir raconté cette histoire pour tout public. Le film est produit par Pathé qui est un grand studio. Cette histoire est importante. Il ne s’agit plus seulement de cinéma gay mais de bon ou mauvais film.
Stephen Beresford : je suis d’accord avec vous. Le film montre beaucoup le point de vue des homosexuels mais ne parle pas de sexualité. Ce qu’il en ressort, c’est la solidarité et l’engagement politique. C’est ce que je veux mettre en avant dans un film gay.
Et pour moi c’est une vraie pierre angulaire de montrer ça dans un film grand public.

Matthew Warchus : je me suis dit que je n’étais pas la meilleure personne pour parler d’une histoire politique et gay, mais j’étais par contre à ma place pour raconter une histoire humaine. J’étais aidé en cela par un scénario qui évite les clichés.
Je ne voulais pas parler d’un conflit entre les communautés gays et lesbiennes mais d’un conflit à l’intérieur d’un groupe.
Ce qui me semble important, ce n’est pas seulement l’histoire d’un groupe mais que tout le monde peut s’intéresser à cette problématique.

L’histoire de ce film trouve un écho à l’heure actuelle avec ce qui se passe aujourd’hui. Était-ce voulu de faire cette histoire en ce moment ?
Stephen Beresford : bien sûr naturellement. Si film n’a pas pu être tourné précédemment, c’est parce que ce n’était pas le moment. Bien que le film aurait été aussi efficace et fort il y a 10 ans.
Les gens ont besoin de pouvoir se rencontrer et se parler car notre culture est très compétitive.
Les évènements se sont passés il y a un certain nombre d’années. Le souvenir est plus émouvant. On peut montrer le film à des personnes qui n’ont pas connu les mineurs en Angleterre, donc le film n’est pas une expérience de nostalgie.
On y trouve quelque chose qui le fait avancer en dehors du contexte historique.
Ce qui me passionne c’est aussi qu’il s’agit de l’histoire d’un échec car la lutte des gays s’est aussi faite contre Margareth Thatcher. C’est finalement l’histoire d’un échec répété.
Mais il y a aussi des choses qu’on a gagnées depuis qu’on a perdu certains combats.
La défaite n’est pas une raison d’abandonner le combat.
Dans notre culture, on doit gagner, mais il y a des choses plus importantes que cela !

Aujourd’hui la mobilisation gay est-elle possible ? Et si oui comment peut-on y arriver ? Par exemple avec la loi sur le mariage pour tous, on peut avoir l’impression que la lutte est derrière nous. Comment gagner puis remettre les gens en mouvement ?
Stephen Beresford : en écrivant le scénario, je voulais envoyer 2 messages. A l’âge de l’Internet, comme tout le monde peut se connecter, cela donne une fausse impression d’appartenir à une communauté. Mais dans le mouvement Lesbian and Gay Supports the Miners (LGSM), l’important c’était de se déplacer ensemble, de se regrouper.
Et j’espère qu’à l’âge d’Internet il y aura aussi un apprentissage des jeunes à faire cela.
En tant que scénariste je dois montrer que le monde est complexe.
Si on prend le personnage de Joe, il y a une évolution entre un jeune timide et mal dans sa peau qui s’ouvre aux autres puis devient enfin lui-même.
Par exemple, lorsqu’il rentre de la manifestation et qu’il change ses disques.
Si on a une implication politique, si on appartient à des mouvements sociaux, progressivement on est mieux sapé, on écoute une meilleure musique et on baise mieux ! Si ça ne motive pas les gens !

Quel est l’apport de chacun d’entre vous dans la réalisation de ce film ?
Matthew Warchus : j’avais une distribution de rêve et un super scénario, donc mon travail est devenu très facile à faire.
Tout cela vous porte et rend ce que vous faites meilleur.
Bill est un bon exemple pour vous montrer que chaque journée de tournage était meilleure que celle de la veille.
Par ailleurs, Steven est très intéressant pour plein de choses comme si vous voulez savoir la masse musculaire des bodybuilders des années 80.

Bill Nighy : je ne sais pas quoi réponde. J’ai peut-être tort, mais je ne pensais pas être l’acteur rêvé pour ce rôle.
J’ai eu la chance de jouer des rôles très variés et ce rôle est un cadeau même si je ne pensais pas en jouer un de pareil dans ma carrière.
Steve a écrit un des meilleurs scénarios que je n’ai jamais lu.
Matthew est un directeur d’acteur extraordinaire. Il n’a jamais manipulé ce que je voulais faire. L’équipe était très cool et démocratique pour travailler. Et nous avions aussi toujours sur le plateau plein de chocolat !

Stephen Beresford : Pride est le premier scénario que j’ai écrit pour le cinéma (applaudissements). Si on prend la scène ou Imelda et Bill se parlent en faisant des tartines, et qu’on filme cette scène avec les deux acteurs et un réalisateur extraordinaire, le rendu n’est pas imaginable.

Hier soir, la première projection a été faite à Londres. Ou cela a-t-il eu lieu et qui y était ?
Bill Nighy : j’y étais ainsi que tout le casting, Stephen et Matthew.
Nous avons fait une marche et défilé dans Camden Highstreet avec l’un des orchestres de cuivre le plus célèbre du monde ainsi qu’avec de grandes bannières gays et lesbiennes.
Jimmy somerville (un des chanteurs du concert organisé au profit des mineurs en 1984) est arrivé par surprise et a chanté pour nous.
C’était la première fois en 30 ans que tous les vrais protagonistes se réunissaient.
Dans le film, ils se trouvent derrière les acteurs dans la scène finale sur le pont. C’est aussi un hommage qu’on souhaitait leur faire.

Pride est un film très drôle, plein d’énergie et qui nous donne une belle leçon de vie et d’humanité. Vous pouvez en retrouver la critique ICI.

Merci à Gaumont-Pathé pour cette belle avant-première et nous avoir permis de rencontrer Matthew Warchus, Stephen Beresford et Bill Nighy dont les échanges avec la salle ont été très intéressants.

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