Reaching For The Moon : La critique

Date : 17 / 08 / 2014 à 13h38
Sources :

Unification


SYNOPSIS

1951. En manque d’inspiration, la poétesse Elizabeth Bishop quitte New York pour retrouver une ancienne camarade d’université émigrée au Brésil. Là, elle fait la connaissance de l’impétueuse architecte Lota de Soares. Une rencontre qui va redonner vie à sa créativité, mais également réveiller ses vieux démons…

NOTRE AVIS

Reaching For The Moon nous raconte l’histoire d’amour entre deux femmes exceptionnelles : Elisabeth Bishop (1911-1979), poétesse américaine qui a remporté de multiples prix littéraires dont le pulitzer en poésie et le Neustadt International Prize for Literature qu’elle est, encore à l’heure actuelle, la seule citoyenne américaine à avoir reçu et Lota de Macedo Soares (1910-1967) architecte autodidacte brésilienne qui est connue pour avoir créée le Flamengo Park à Rio de Janeiro.

L’histoire commence en 1951 avant de se poursuivre sans véritable repère temporel, choix délibéré du réalisateur, pendant la quinzaine d’année que dura la liaison entre les deux femmes. Seules les tenues et l’évolution physique des personnages évoque subtilement le passage du temps.

Le scénario se base sur la véritable histoire d’amour d’Elisabeth Bishop et de Lota de Macedo Soares. Bien que ce soit le cœur du film, son âme est la création. Les deux protagonistes sont des créatrices, parfois en pleine tourmente intellectuelle. Le scénario montre parfaitement les hauts et les bas de la vie d’artiste. L’histoire nous offre à cette occasion des passages splendides, comme par exemple les extraits des véritables écrits d’Elisabeth Bishop qui donne une furieuse envie d’aller (re)découvrir cet auteur.

L’interprétation est magistrale.
Miranda Otto incarne une poétesse toute en subtilité perdue dans ses démons intérieurs. Souffrant du syndrome de la page blanche et trainant son passé d’orpheline, c’est son amour et la passion du Brésil qui lui donnera de nouveaux repères et un nouvel élan.
Glória Pires dans son rôle de femme de talent, très en avance sur son temps, qui se bat pour des idées révolutionnaire est remarquable. Forte, séduisante voire dictatoriale, son jeu s’adoucit et se transforme lorsque le personnage qu’elle interprète commence à montrer des faiblesses.
Tracy Middendorf interprète un rôle très délicat avec brio. Cette troisième femme, qui amène le malheur dans sa maison en invitant l’amie qui va lui voler son amour, est présente tout au long du film. L’interprétation subtile et touchante de ce portrait de femme trompée est émouvante.
Le reste du casting est aussi bon et nous campe des personnages d’un grand réalisme.

La photographie est sublime. La lumière, les décors somptueux, les paysages ravissants, le "nid-atelier" d’Elisabeth Bishop, tout concourt à nous offrir des images qui nous font voyager dans une autre époque et un autre pays. Le souci de la reconstitution des années 50 et 60, principalement au Brésil dans une société aisée, est impressionnant. Le film nous offre un luxe de détails très dépaysant.

Le réalisateur-metteur en scène, Bruno Barreto, a parfaitement su capter une autre ère. Il filme aussi merveilleusement cette histoire très forte entre deux femmes géniales qui seront d’ailleurs reconnues comme telles. Les relations entre les personnages, la vie d’une époque et la création en général sont admirablement maitrisées.

La musique accompagne très bien le film, notamment lorsque ce dernier se fait plus intimiste ou nous dévoile la prodigieuse villa de Lota de Soares.

Les décors sont remarquable et les costumes parfois très beaux. L’esprit du film doit beaucoup à ces deux éléments.

Quant au titre, la révélation de sa signification à la fin de l’histoire nous montre à quel point nous sommes devant un grand film.

Au final Reaching For The Moon est un film magnifique et classieux. La reconstitution d’une autre époque est splendide. L’interprétation des personnages est magistrale. L’histoire serait d’une grande originalité si elle avait été inventée. La réalité dépasse encore la fiction et nous offre le portrait croisé de deux femmes exceptionnelles qui ont marqué leur temps et dont l’empreinte reste vivace de nos jours, l’une par sa poésie magnifique et l’autre par le parc qui a offert de nouvelles lettres de noblesse à Rio de Janeiro.

A voir et revoir, sans hésiter.

Je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager l’un des poèmes les plus connu Elisabeth Bishop.

L’art de perdre :

Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître ;
tant de choses semblent si pleines de l’envie
d’être perdues que leur perte n’est pas un désastre.

Perds chaque jour quelque chose. L’affolement de perdre
tes clés, accepte-le, et l’heure gâchée qui suit.
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître.

Puis entraîne-toi, va plus vite, il faut étendre
tes pertes aux endroits, aux noms, aux lieux où tu fis
le projet d’aller. Rien là qui soit un désastre.

J’ai perdu la montre de ma mère. La dernière
ou l’avant-dernière des trois maisons aimées : partie !
Dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître.

J’ai perdu deux villes, de jolies villes. Et, plus vastes,
des royaumes que j’avais, deux rivières, tout un pays.
Ils me manquent, mais il n’y eut pas là un désastre.

Même en te perdant (la voix qui plaisante, un geste
que j’aime) je n’aurai pas menti. A l’évidence, oui,
dans l’art de perdre il n’est pas dur de passer maître
même s’il y a comme (écris-le !) comme un désastre.

BANDE ANNONCE


FICHE TECHNIQUE

- Durée du film : 2 h 00
- Titre original : Flores Raras
- Date de sortie : 20/08/2014
- Réalisateur : Bruno Barreto
- Scénariste : Carolina Kotscho, Julie Sayres, Matthew Chapman
- Interprètes : Glória Pires, Miranda Otto, Tracy Middendorf, Marcello Airoldi, Lola Kirke, Treat Williams
- Photographie : Mauro Pinheiro
- Montage : Letícia Giffoni
- Musique : Marcelo Zarvos
- Costumes : Marcelo Pies
- Décors : Clara Rocha
- Producteur : Lucy Barreto, Paula Barreto pour LC Barreto Productions
- Distributeur : Outplay

LIENS

- ALLOCINÉ
- IMDB

PORTFOLIO



Les illustrations des articles sont Copyright © de leurs ayants droits. Tous droits réservés.



 Charte des commentaires 


Le Déserteur : La critique
L’Echappée : La critique
Resilient Man : La critique
Spy x Family Code - White : La critique
Le Jour où j’ai rencontré ma mère : La critique
Star Wars - The Bad Batch : Critique 3.13 Dans la faille
Les Gardiens de la galaxie : Ben Browder évoque sa rencontre avec (...)
Star Trek - Discovery : La vidéo interactive en 3D des moments (...)
Sonic 3 : Keanu Reeves donnera de la voix dans le meilleur film (...)
Tracker : Découvrez Melissa Roxburgh en petite soeur de Justin (...)
Festival national du film d’animation 2024 : Le (...)
Neverland : La critique du Jeu de Rôle Peter Pan
Paramount+ - Bandes annonces : 20 avril 2024
For All Mankind : Un renouvellement stratosphérique pour la série (...)
Captain America - Brave New World : Un film Marvel 10 fois plus (...)