L’homme de l’année - 1492 : La critique

Date : 10 / 05 / 2014 à 10h57

Par : Christophe Dasse

Sources :

Unification France

L’homme de l’année - 1492
L’homme grâce à qui on découvrit les Amériques

Editeur : Éditions Delcourt
Scénario : CEKA
Dessin : Patrick TANDIANG
Couleurs : Patrick TANDIANG
Date de sortie : 2 avril 2014
Format : 31,6 x 23,6 cm
Nombre de pages : 56
ISBN : 978-2-7560-3538-3
Prix : 14.50 €

Selon la "légende du pilote inconnu", un mystérieux capitaine aurait livré des renseignements capitaux en vue d’une fabuleuse expédition sur la Mer Océane. Des renseignements qui pourraient bien changer la face du monde. Qui était ce capitaine ? Comment a-t-il recueilli ces informations ? Et comment sont-elles arrivées dans les mains d’un homme encore inconnu à l’époque, Christophe Colomb ?

Décryptage :
L’Histoire débute en 1492, « quelque part au bout du monde connu. » Les hommes embarqués depuis de trop longues semaines en plein océan Atlantique sur la Santa Maria commencent à douter du bien fondé de l’expédition montée par Christophe Colomb. L’objectif annoncé était de passer par l’océan Atlantique pour rejoindre les Indes en ouvrant ainsi la route de l’Ouest. Mais les marins s’impatientent et ne voyant pas la terre venir, ils vont donc fomenter une rébellion avec la ferme intention de reprendre le commandement du bateau pour rentrer chez eux avant qu’il ne soit trop tard.

Quelques années plus tôt, en 1483, on retrouve Christophe Colomb qui cherche à monter son expédition auprès du roi Portugais, tandis qu’une frêle embarcation touche les côtes du Portugal avec à son bord un certain Salvator, ami de Colomb et sa compagne qui s’avère être une indigène. Elle est surtout pour les autorités qui ont mis la main dessus, en plus d’être une sauvage, la preuve que cette route existe et qu’il ne sera plus nécessaire de contourner l’Afrique pour arriver en Inde. Salvator ne le voit pas de cet œil mais convient d’expliquer la route à son ami s’il arrive à sauver sa compagne.

Ce n’est bien évidemment pas cette nouvelle route vers l’Inde qui sera découverte mais bien le nouveau monde où vont débarquer les conquistadors. Salvator le sait puisqu’il en revient avec cette autochtone qui est sa compagne. Mais Salvator n’a de cesse de sauver sa femme qui devient objet de convoitise. Le dilemme de cette histoire, qui est avant tout une histoire d’amour entre Salvator et sa femme pour qui il est prêt à tout, c’est cette question de savoir s’il était bon d’aller découvrir d’autre territoire vierges pour reproduire le schéma déjà accompli en Afrique : pillages, viols, esclavage. Les conquistadors de cette époques étaient-ils vraiment prêts à cela et les populations indigènes locales étaient-elles prêtes pour ces méthodes violentes ?

Sixième tome de cette excellente série L’homme de l’année qui présente ces anonymes (ayant existé ou non), qui par leurs actions ont fait l’Histoire mais qui ne la marqueront pas de leur nom. C’est ici le cas avec Salvator qui aurait découvert l’Amérique bien avant Colomb (a qui tout le mérite est donné par l’Histoire au grand H)) mais qui aurait indiqué à son ami comment s’y rendre. C’est histoire belle et intéressante qui est présentée encore un fois dans ce nouveau volume avec un twist final inattendu et bienvenu. La boucle est bouclée et finalement Colomb rend justice à Salvator. Ici point de longs moments passés sur le bateau ou très peu, ce qui importe ce sont les motivations, toutes différentes de ces hommes prêts à passer des semaines en mer pour atteindre leurs buts. C’est bien écrit, bien monté et bien pensé. Le trait fin et anguleux donne une dimension supplémentaire à l’histoire grâce à une colorisation un peu terne de toute beauté qui immerge pourtant le lecteur dans l’époque et l’histoire. Encore un excellent tome pour une série qui l’est tout autant.