L’homme de l’année - 1967 : La critique

Date : 25 / 04 / 2014 à 08h18

Par : Christophe Dasse

Sources :

Unification France

L’homme de l’année - 1967
L’homme qui tua Che Guevara

Editeur : Éditions Delcourt
Scénario : Wilfrid LUPANO
Dessin : Gaël SÉJOURNÉ
Couleurs : Jean VERNEY
Date de sortie : 6 novembre 2013
Format : 31,6 x 23,6 cm
Nombre de pages : 56
ISBN : 978-2-7560-3537-6
Prix : 14.50 €

Octobre 1967, la tentative d’insurrection armée en Bolivie échoue. Che Guevara est blessé, capturé, et enfermé dans l’école de La Higuera, un petit village de montagne. Il y passe 18 heures, avant d’être exécuté sur ordre des autorités boliviennes et de la CIA. Ce jour-là, un jeune soldat prénommé Mario a regardé la Révolution droit dans les yeux et l’a abattue d’une rafale de mitraillette...

Décryptage :
2007 en Bolivie, Mario Teran est un vieil homme effrayé de se faire opérer des yeux. L’opération réveillera en lui les souvenirs de la guerre qu’il menait 40 ans plus tôt contre les guérilleros rebelles. Le bataillon de Mario est celui qui captura Che Guevara, le fameux chef des révolutionnaires et Mario sera celui qui exécutera le Che. Alors qu’il aurait dû en retirer de la fierté, son action va le marquer et le hanter toute sa vie. Le temps passe et Mario vieillit mais toujours avec ce poids sur la conscience, le poids d’avoir écrit l’histoire mais sans la fierté d’y participer. Il est constamment sur le qui-vive, jamais serein. Il voit autour de lui, les acteurs de cette exécution, mourir les uns après les autres et craint toujours d’être le prochain. La paranoïa l’habite, il est rongé par la culpabilité et il faudra qu’il retourne sur place, dans ce petit village où tout a commencé, pour essayer de retrouver un semblant de tranquillité pour exorciser ses démons.

Ce 4^ème tome de la série L’homme de l’année est une fois de plus une histoire dans l’Histoire, un homme ordinaire qui, tout en restant "anonyme", a participé par son action à l’Histoire de l’Humanité en tuant le plus célèbre des révolutionnaires. C’est ici une réflexion sur le bien-fondé de cette révolution qui est proposé, des conflits armés en général, du communisme et plus généralement des idéaux politiques. L’histoire permet aussi au passage d’écorcher les USA et leur discrète main-mise sur la situation, leur permettant ainsi de garder les yeux sur Cuba.

Très clairement, comme vous pouvez le constater sur les planches ci-dessous, le dessin est magnifique et reproduit à merveille les paysages de la Bolivie. C’est très bien réalisé, très bien pensé, l’histoire est captivante et sa mise en scène parfaite. C’est à la fois amusant et émouvant, d’un grand réalisme et très humain. On s’attache très vite au personnage qui est perdu dans ses actions et qui est en aucun cas capable de mesurer la portée de son geste. L’exécution en elle-même est conduite sans aucun suspense, froide et directe. Ce qui intéresse les auteurs est surtout ce qui est autour, les conséquences sur tout un peuple et les conséquences sur cet homme hanté toute sa vie par une exécution alors qu’il est soldat et que le Che n’était pas le premier homme qu’il tuait.

Tout est donc là pour proposer un excellent 4^ème tome de cette étonnante série qu’est L’Homme de l’Année. Réussite autant d’un point de vue scénaristique que graphique, un pur régal, probablement un des meilleurs de la série.