Segments : La critique du tome 1

Date : 16 / 11 / 2013 à 20h00
Sources :

Source : Unification France



Segments

tome 1- Lexipolis

• Éditeur : Glénat
• Scénario : Richard Malka
• Dessin : Juan Gimenez
• Collection : Grafica
• Sortie le : 9 septembre 2011
• Format : 48 pages
• Taille : 240 x 320 mm
• ISBN : 9782723473729
• Prix : 13 € 90

Découvrez les premières planches.

Présentation de l’éditeur :
Un magistral space opera philosophique, par deux éminents talents de la bande dessinée

XXVIIIème siècle de l’ère galactique. Les humains sont regroupés par types de personnalités sur des planètes monocolores vouées à des fonctions uniques : la spiritualité, l’échange, la jouissance, la guerre, le travail, l’ordre et la créativité. Cette organisation sociale fondée sur les antiques théories du psychiatre Carl Gustav Jung a permis l’éradication des conflits humains par le regroupement des personnes partageant les mêmes valeurs.

Mais dans cet univers si parfait, les mystérieux guides immortels des Segments s’inquiètent : une incompréhensible épidémie de stérilité progresse et il ne reste que peu de temps pour y trouver un remède avant que l’humanité ne soit condamnée à la disparition.

Dans une salle d’audience, l’indolent Loth Lungren et la sensuelle Jezréel se croisent pour être jugés. L’une pour avoir refusé de s’adonner au sexe débridé et à la drogue, bien qu’affectée au monde de la jouissance, l’autre pour ne pas avoir rejoint sa garnison. Lourdement condamnés à l’issue d’un procès kafkaïen, ils tenteront d’échapper à cette galaxie névrotique...

Gimenez, le dessinateur mythique de La Caste des Méta-Barons reprend ses pinceaux virtuoses et s’associe à l’un des scénaristes les plus talentueux de sa génération, Richard Malka, qui choisit cette fois le prisme de la science fiction pour réfléchir à la condition humaine. Une œuvre à la dimension philosophique, symbolique et esthétique commence…

Décryptage :
Dans un univers segmenté en 7 contrées différentes où les conflits et les guerres n’existent plus, les individus sont regroupés par affinités et par planète pour faire en sorte de satisfaire leurs penchants naturels. 7 guides règnent en maîtres sur les 7 contrées et décident seuls du sorts de leur concitoyens. A 7 ans, tous les enfants doivent passer un test d’aptitude permettant de déterminer les secteurs d’affectation qu’ils rejoindront à leurs 21 ans. Loth Lungren, brillant élément mais plutôt indiscipliné fera les frais d’une administration trop rigide qui va vouloir l’envoyer sur Néo-Sparte alors qu’il était détecté comme bi-fonctionnel.

Condamné à 40 ans de vieillissement pour être (entre autres) arrivé en retard le jour de son affectation, Loth profite de l’aide de Jeszréel, elle aussi condamnée par avoir refusé de participer à une orgie (entre autres) pour se faire la belle. Ils vont s’évader et rejoindre Lexipolis pour surtout ne pas se plier au système. Ils vont retrouver un groupe de rebelles qui lutte contre ce segmentisme imposé et découvrir le terrible sort qui attend l’Humanité.

Cette nouvelle société proposée ici est plutôt originale puisque segmentée en 7 planètes différentes pour éviter tous conflits et tous débordements et permettre surtout de mieux en contrôler les habitants. Chaque personne se retrouve sur la planète qui le caractérise le mieux : Stakan (planète du travail, de la production de biens, de services, de l’agriculture), Lexipolis (planète de l’ordre, police, justice, administration), Muse (planète de la créativité, des arts, de la culture, des sciences), Psyche (planète de la spiritualité, religions, sectes, philosophie), Voluptide (planète de la jouissance : sexe, drogues et jeux), Mercante (planète du commerce, de la finance et des banques) et Neo-Sparte (planète de la guerre et des conquêtes extérieures à l’Union).

Ce régime qui semble libertaire est plutôt totalitaire où les individus se retrouvent malgré eux dans un environnement qu’il doivent adopter et surtout arriver à s’y adapter. Mais comme les gens sont des moutons, ils suivent tous et forment ces communautés "heureuses" et "épanouies," tout du moins en apparence. Mais tout le monde ne rentre pas dans le même moule et nos héros seront l’exemple parfait des révoltés qui refusent ce système imposé.

La BD présente un aspect philosophique et religieux indéniable, avec une réflexion sur l’évolution de notre société, la symbolique du chiffre 7... etc... L’énorme avantage avec la science-fiction c’est de pouvoir faire passer intelligemment tous les messages ou toutes les critiques possibles de notre société, les religions... sans aucune lourdeur, en les imputant à un monde très très lointain dans le temps. C’est ici la justice qui est fustigée, devenue spectacle elle est rendue de manière parodique sans véritable sérieux, et la manière de la rendre. On y trouve une police omniprésente et attentive aux débordements pour ne pas troubler cet ordre si durement obtenu. Bien évidemment, on aborde ici le libre arbitre de plus en plus inexistant ainsi que le totalitarisme des entités gouvernantes (dans l’ombre ou non).

Quand un virtuose de la BD comme Juan Gimenez rencontre un scénariste très doué comme Richard Malka (avocat de formation), on obtient ce space-opera ambitieux à la Star Wars, une saga de science-fiction philosophique, avec un monde dominé par des règles imposées par ces 7 guides qui règnent sur cette galaxie. Mais un groupe de résistants rebelles ne voit pas les choses de la même manière et va donc décider de prendre en main sa propre destinée. On a même droit au sage comme Yoda ou en tout cas à ce qui y ressemble le plus. C’est étrange mais plutôt bien pensé, je ne suis pas forcément client de ce genre d’humour mais il ne nuit pas à l’histoire et les très beaux dessins très stylisés, que je vous laisse découvrir, servent à merveille l’histoire en lui apportant une véritable originalité.

Même si le ton est léger, l’histoire autant philosophique, sociologique que politique est tout de même assez sombre et suffisamment prenante pour qu’on s’y intéresse de près sur les plusieurs niveaux de lecture. C’est une ode aux libertés individuelles pour lesquelles il faut continuer à se battre ardemment. Il est évident maintenant que l’on va suivre ces 2 héros lors de leur quête originale et bien menée avec humour et un brin de coquinerie.


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