Cartoonist 2013 : Jean Chalopin - "Ce qu’il faut, c’est une bonne histoire"

Date : 25 / 04 / 2013 à 20h10
Sources :

Source : Unification France


Habituellement assez discret, Jean Chalopin, créateur de nombreuses séries animées dans les années 80/90 avait mis en chantier dès 2003 la suite de son oeuvre culte Les Mystérieuses Cités d’Or. En 2013, la série est enfin diffusée le dimanche matin sur TF1.
Si Jean Chalopin a fait le déplacement ce n’est pas seulement pour la promotion de cette saison 2. Il a également annoncé le projet d’une adaptation en film live des Cités d’Or et est venu avec un teaser surprise en avant-première. Ayant peu de temps disponible pour la presse, l’entretien s’est fait autour d’une table en compagnie de plusieurs reporters.

Mr Chalopin, Bonjour.
Bonjour.

Vous avez été un pionnier des collaborations et coproduction avec le japon (Ulysse 31, Les Mystérieuses Cités d’Or) et aussi avec les États-Unis avec les productions DIC. 30 ans plus tard alors qu’internet a rapproché les pays, on ne retrouve plus de coproduction internationales (du moins affichées comme telles). A quoi cela est dû selon vous ?
A l’époque, les coproductions étaient une nécessité pour exister. Nous n’avions ni les moyens, ni le matériel pour tout produire nous même. Il n’y avait même pas de lois en France qui devaient aider la production de dessins animés. On était des pionniers livrés à nous-même. Avec internet, la production est facilitée et le besoin de coproduction à l’internationale se fait moins sentir. Si aujourd’hui la France apporte un support important à l’animation, à l’époque, la coproduction était vitale si nous n’étions pas allé chercher une coproduction au Japon, Ulysse 31 n’aurait jamais existé.

Quel est votre sentiment sur la production animée actuelle ?
Les conditions ont beaucoup changé. Le financement, l’environnement, les contraintes de chaînes de télévision ont changé. A l’époque les télévisions faisaient confiance aux producteurs. On n’avait absolument aucune restriction. On n’avait pas de psychologue avec qui on devait travailler. Le rôle du diffuseur était de nous donner le meilleur créneau possible. Le producteur était seul maître à bord, et ça, ça a beaucoup changé. La technologie aussi a évolué. On faisait tout à la main. Je me rappelle qu’on a amené le premier fax à Los Angeles de Tokyo. Il fallait 7 minutes par pages pour transmettre, c’était une innovation extraordinaire au lieu d’envoyer ça par courrier. Au lieu d’attendre deux semaines, on avait 24 heures sur 24 un gars qui envoyait des dessin par fax des États-Unis au Japon ; sept minutes par page. Et en plus ça bougeait, il fallait les redessiner là bas parce que ce n’était pas stable. Aujourd’hui, tout ça se fait tellement rapidement qu’on ne peut même pas comparer le métier d’aujourd’hui et celui d’il y a trente ans.

Au niveau de la recherche scénaristique, qu’est ce qui a changé ?
C’est peut être le seul point qui n’a pas changé. Pour faire un film ou une série, il faut à la base une histoire, une bonne histoire, encore une bonne histoire et toujours une bonne histoire et de bons personnages. Ça, ça n’a pas changé.

Il y a encore ça aujourd’hui ?
Bien sûr ! Regardez par exemple Bob l’Éponge, c’est une très bonne histoire. Un excellent concept !

Sur la production de la suite des Mystérieuses Cités d’Or la communication a été claire. Il s’agit d’une suite qui s’adresse à une nouvelle générations d’enfants de 8 ans qui a des attentes différentes du public de 8 ans des années 80. En quoi ces attentes peuvent être différentes ?
Une bonne histoire reste une bonne histoire quelle que soit l’époque. Regardez ces œuvres écrites au XVIIème / XVIIIème siècle, Alexandre Dumas, c’est toujours là, Homère avec Ulysse 31 c’est toujours là. Regardez Avatar c’est la suite d’une autre histoire. Tout ça se recompose. C’est surtout le rythme qui est différent. La télévision a changé. Ça va très vite. Ça a un côté subliminal. On est habitué à être au téléphone, regarder la télé et surfer sur le net en même temps. On arrive à avoir un multitasking qui n’existait pas à l’époque. Il faut donc que le rythme soit plus rapide. Et c’est certain qu’en accélérant le rythme des Cités d’Or on a perdu un peu quelque chose parce qu’il y avait des moments d’attente où rien ne se passait, où il y avait un beau paysage. On a essayé de remettre ça le plus possible dans la nouvelle série, des moment avec de beaux paysages, de beaux panoramiques de belles envolées musicales. On l’a fait comme dans l’ancienne série même si à l’époque c’était surtout les contraintes financières et les budgets serrés qui nous faisaient produire ce genre de plans. On n’a pas les même contraintes aujourd’hui, c’est plus facile et ça change un peu les choses.

C’est une jeune équipe qui a pris le relais pour la suite des Cités d’or avec vous et Mr Deyriès comme superviseurs. Est ce que les suggestions apportées par cette nouvelle équipe vont ont étonné par le respect qu’ils avaient envers la série d’origine ou est ce qu’il vous est arrivé de dire « Non, là vous allez trop loin. » ?
Les équipes ne sont pas si jeunes que ça ; il faut dire que la production a pris beaucoup de temps. Beaucoup de fans ont travaillé dessus. L’avantage de travailler avec des fans c’est qu’il y a une adhésion au concept et qu’il y a des choses que l’on n’est pas obligé de leur expliquer. Ce qu’il a surtout fallu leur expliquer c’est de garder à l’esprit le point de vue des enfants. Toujours avoir le regard des enfants vers le reste du Monde et pas le contraire. C’est ce qui est difficile pour un écrivain adulte parce qu’il y a tendance à paternaliser. Garder le point de vue des enfants est difficile car c’est très subjectif. Le fait d’avoir travaillé avec des fans passionnés a grandement facilité le travail car on n’avait pas à dire « Non, tu ne peux pas faire ça ! ». C’était naturel. (…) Notre rôle avec Bernard Deyriès était de superviser tout ça et de s’assurer que la série se déviait pas de sa direction d’origine. On sait très bien qu’on ne peut pas refaire exactement la même chose. Un autre pays, un autre voyage, un autre rythme, une technologie qui a changé, une musique qui a changé, des voix qui ont changé avec le temps. Même si on s’accroche au passé, il y a des choses qui ne sont plus là. On peut rester aussi proche que possible de l’idée de départ mais il est impossible que ce soit à 100 %, ça relève du rêve total.

Durant les années 80, une coproduction avec la TMS avait vu le jour : Lupin 8. Le projet n’avait pu aboutir à l’époque à cause de la famille de Maurice Leblanc qui n’avait pas donné son accord. Quelques épisodes avaient cependant été doublés en français. Pensez vous qu’il puisse faire l’objet d’une exploitation vidéo en France maintenant qu’Arsène Lupin est tombé dans le domaine public ?
A l’origine, il y avait le dessin animé de Lupin III qui avait énormément de succès au japon et qui était produite par TMS. Cette série m’avait plu et j’ai rencontré l’auteur original, Monkey Punch avec qui je suis devenu ami ainsi que le producteur, M. FUJIOKA. L’idée de Lupin 8 est née après quelques temps. On s’est beaucoup amusé et j’étais très motivé par le sujet car je suis moi même fan du Lupin classique et que je trouvais ça intéressant de mettre en scène un de ses descendants qui évoluerait dans un univers de science-fiction. On a malheureusement été bloqué par la famille Leblanc pour des raisons idiotes parce que cette série aurait fait du bien à tout le monde. Il est dommage que souvent des personnes se servent de leur pouvoir pour bloquer au lieu d’aider. M. FUJIOKA est décédé aujourd’hui, Monkey Punch est maintenant assez âgé, moi, je ne suis plus dans le même métier. Il faudrait que quelqu’un reprenne le projet avec la même énergie. Les droits appartiennent à la TMS. Si la série pouvait reprendre, ce serait une chose merveilleuse.

Vous avez présenté en exclusivité un trailer pour un film des Cités d’Or. Parmi les séries que vous avez produites, quelle autre ferait une bonne adaptation cinéma ?
J’en ai une que personne ne connait parce qu’elle est passé totalement inaperçue, il s’agit du Maître des Bots qui pourrait donner un film absolument génial. C’est une série qui passait malheureusement à 6 heure du matin, du coup personne ne l’a vu, mais j’estime que c’est une des meilleures séries que j’ai produite. Beaucoup d’humour et d’action et une musique absolument extraordinaire. Les Cités d’Or, on va le faire, mais ça va être difficile parce que sur 39 épisodes de 20 minutes il va falloir faire un film de 2 heures. Il va forcément falloir faire des raccourcis. Ce n’est pas facile au niveau de l’écriture. Le Maître des Bots pourrait être adapté impeccablement.

Vous avez narré le début du générique de Jayce. Pourquoi est ce que vous l’avez fait ? Etait ce parce que vous en aviez envie ? Qu’il n’y avait personne d’autre ?
J’avoue ne plus trop me souvenir. Je crois que c’est parce que je ne trouvais personne qui fasse le speak avec la bonne intonation qu’en désespoir de cause, je l’ai fait moi-même.

Une fin pour Jayce était elle prévue ?
Pas vraiment, parce que nous pensions sincèrement que la série continuerait pour une autre saison. On est resté en suspend à l’époque parce qu’on voulait continuer. Nous n’avons malheureusement pas pu le faire pour des raisons de marché, situation financière etc.

Merci M. Chalopin.
Merci à vous.


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