Prometheus : Jon Spaihts révèle les secrets de son scénario original

Date : 16 / 10 / 2012 à 20h20
Sources :

Source : Empire via Collider



Un des trucs les plus frustrants dans Prometheus, c’est son potentiel inexploité. Il y a tout simplement trop de portes ouvertes dans l’intrigue. Tout le monde ne l’aura pas remarqué en visionnant le film, emportés qu’ils étaient par la force visuelle, la performance des acteurs et la magnifique mise en scène de Ridley Scott.

Sur la pochette du Blu-ray il est marqué "Des questions trouveront des réponses". Avouons-le c’est un peu exagéré. Mais tout n’est pas perdu ! C’est un film, et même les fameuses questions-qui-trouveront-des-réponses ont pu recevoir une réponse ambigüe exprès !

Cependant on peut toujours espérer que la sortie d’un director’s cut ou le scénario original de Jon Spaihts pourrait combler une partie de la frustration.

Dernièrement, lors d’une conférence spéciale de presse pour la sortie de Prometheus en Blu-ray, on apprenait que la Fox désirait commercialiser une édition étendue du film. Cependant, Scott a refusé car pour lui la version commerciale du film ÉTAIT son "Director’s Cut".


Le Blu-ray propose quand même 35 minutes de scènes étendues, coupées ou altérées, mais Scott n’a pas souhaité les remettre en contexte dans le film. C’est tout à son honneur. D’ailleurs rendre Prometheus plus long n’aurait pas signifié plus de questions-qui-trouvent-des-réponses.

Mais si on remonte à la pré-production, et que nous prêtons attention à Jon Spaihts, voici ce que révèlent des détails fascinants de son scénario. Comme vous devriez le savoir, Prometheus était parti comme un vrai prologue à Alien, mais a évolué avec le temps pour se muer en un pseudo-prologue aux liens plus relâchés avec le film de 1979. Dans la version de Spaihts, les xénomorphes (le nom officiel des bêbêtes aliens) étaient bien plus présents, et ont inspirés des scènes qui sont restées dans la version finale.

Par exemple, la séquence du MedPod était inspirée par le désir de Spaihts de voir un personnage survivre à une scène d’explosion thoracique :


« J’avais réalisé que jamais nous n’avions vu personne survivre à une explosion thoracique Alien classique. Et l’idée d’un personnage se sachant infecté par le parasite, sache ce qu’il allait advenir et que les heures lui était comptées, me titillait l’esprit. Ça et l’appareil médical omnipotent, construit pour prolonger l’espérance de vie des explorateurs en terre étrangère. Notre héroïne aurait peu de temps pour rejoindre la machine et extraire la chose à l’intérieur d’elle. C’était une séquence très gore, qui se jouait tout à fait comme celle qui a été retenue pour le film. La différence principale est dans la chorégraphie. À la fin de la séquence comme je l’avais à l’origine conçue, l’héroïne arrivait à se faire extraire la créature, qui est éjectée du pod cependant qu’elle-même est scellée à l’intérieur. Dans le film c’est l’inverse qui se produit. »

« Alors elle tombait dans un état de prise et de perte de conscience périodiques durant quelques heures pendant que la machine la réparait. Alors qu’elle reprenait conscience, elle observait la chose grandir dans la cabine à l’extérieur, et même tuer des gens. Et donc comme elle émergeait du pod huit heures plus tard, la chose était à bord du vaisseau, et assez gros pour être un énorme danger. Voilà comment la scène du MedPod était originellement conçue. Et pour sa capacité à se remettre si vite de la chirurgie... Ben c’était plus laborieux dans ma propre version [...] »


On dirait donc que dans la version de Spaihts, nous n’aurions pas vu Shaw se faire agrafer le ventre et se lancer immédiatement dans de nouvelles scènes d’actions, alors que les spectateurs se demandent comment ses tripes tiennent en place...

Bon d’accord. Et pourquoi n’avons-nous pas vu de xénomorphes ? D’après Spaith, « Le studio a fait pression très fort dans ce sens ; ils voulaient faire quelque chose d’original, et pas un film franchisé de plus. C’est vraiment la volonté du studio qui a poussé cela : créer une nouvelle mythologie pour Prometheus et repousser les Aliens aussi loin que nous le pouvions. »

Voilà qui est intéressant. Le mouvement ne venait donc pas de Scott lui-même, mais de la Fox qui ne voulait pas prendre le risque que le public s’essouffle, après quatre opus de la franchise Alien.

Spaihts met le doigt sur d’autres écarts majeurs par rapport à sa version :

« Le fluide mutagène noir change les personnages de façon imprévisible ; Fyfield se transforme en un monstre et devient un péril mortel, et les Ingénieurs, les Space Jockeys, sont des créatures terriblement dangereuses. Dans mon scénario, il devait y en avoir un qui ressuscite et arrache la tête de David. »


A propos des facehuggers, une séquence particulièrement sympa imaginée par Spaihts n’a jamais vu le jour, toujours à cause du désir de la Fox de mettre en veilleuse les xénomorphes. Spaihts avait une idée bien plus gore que la manière dont Holloway se fait infecter, et de comment celle-ci se révèle à Shaw :

« David, alors que sa fascination pour la science des Ingénieurs grandit, ne contaminait pas délibérément Holloway avec la goutte de liquide noir. Quand Holloway enlevait son casque, il est mis KO et se fait "facehugg-er". Il se réveillait inconscient de son état et se repliait vers le vaisseau. Dans mon histoire, il revenait à sa cabine, embrassait Shaw qui était enchantée de le voir et ils faisaient alors l’amour. Et c’est alors qu’il explosait et mourrait. Et donc, la séquence câline du film devient carrément explosive ! Ouais c’est crade. Cette séquence était vraiment trop gore, mais je pense que Scott l’aurait tournée. « 

Spaihts avait d’autres projets pour le personnage de David et sa fascination pour les ingénieurs ; même si son David manque de la subtilité du personnage de la version finale :

« Subséquemment, David, fasciné par les créatures, commençait à entraver la mission et sortir de sa réserve, essentiellement parce qu’il pensait vraiment qu’il s’apparentait aux ingénieurs. Ils étaient assez intelligents, assez sophistiqués et assez grands pour être ses pairs. Il ressentait un profond mépris pour ses concepteurs humains. Et donc à un moment, Shaw se lançait pour l’arrêter et David l’attachait alors délibérément exposée à un facehugger. Il caressait un œuf pour l’ouvrir et il en sortait un facehugger. David n’a pas d’odeur comme une personne – son haleine n’est pas humide – et il peut donc manipuler la chose comme s’il s’agissait d’un chaton. Ça ne veut pas de lui, ça n’est pas intéressé. Alors il l’expose à elle et la chose part comme un boulet de canon. Il joue avec elle un moment, puis laisse le facehugger s’occuper d’elle. Et c’est comme ça dans mon essai, qu’elle essaie de se débarrasser du parasite avec le MedPod. »


Spaihts admet que son David avait plus de sang sur les mains que celui du film final. Le scénariste ajoute que dans sa version, la fin entre David et Shaw est laissée ambigüe :

« Je les laissais tous les deux à la surface du planétoïde. Il était évident que David et Shaw allaient devoir travailler ensemble et passer un marché s’ils voulaient survivre. Cette séquence du vaisseau qui décolle dans le film vous prépare à une suite en particulier, cependant que mon final restait plus flou sur ce qu’il allait se passer ensuite. Il était surtout focalisé sur la femme éprouvée et l’androïde fracassé, laissés seuls avec eux-mêmes. »

Pour finir, Scott et lui-même avaient une idée de ce qu’ils feraient, si jamais Prometheus était un succès. Il raconte que sa trilogie « aurait impliqué l’arrivée de la Yutani Company et quelques autres intrigues autour des Ingénieurs eux-mêmes : la révélation d’un autre de leur grands desseins, et la possibilité de partir en quête de leur monde originel. »

Désormais, si Scott a exprimé son intérêt dans la réalisation d’une suite à Prometheus, on ne peut que se demander vers où s’est envolé le vaisseau spatial de Shaw et de David.


Alien et Prometheus sont Copyright © Twentieth Century-Fox et Brandywine Productions Tous droits réservés. Alien et Prometheus, ses personnages et photos de production sont la propriété de Twentieth Century-Fox et Brandywine Productions.



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