La vie rêvée de Domibleue : Ces héros qui exaspèrent …

Date : 18 / 07 / 2010 à 00h10
Sources :

Source : Unification


Très à la mode depuis la naissance du Dr House, l’ironie voire le cynisme, sont devenus des qualités très prisées chez les nouveaux héros des séries américaines de ces cinq dernières années.


Pas si nouveau, les gens de ma génération se rappellent avec délice à quel point il était jouissif de voir Columbo, dès les années soixante-dix, torturer les méchants assassins, qu’il amenait irrémédiablement à se démasquer, en se faisant passer pour plus bête qu’il était.

Plus près de nous un certain Monk avait attiré l’attention des fans de dérision, et ce personnage de « flic défroqué toqué » super intelligent à la limite de Rain Man, se tient en bonne place dans le hit parade des héros décalés.

Plus noir et subversif Dexter, « serial exécuteur » ferait plutôt peur. Mais le postulat du « méchant qui sévit du bon côté de la barrière » a de l’avenir. Le public affectionne le secret, dans lequel doit vivre le héros, à l’instar d’un Jarod Caméléon, qui usait souvent de ruse et d’ironie pour régler des situations de crise, punissant les méchants et réhabilitant les gentils injustement traités.


On pardonnera facilement à Patrick Jane, l’excellent Mentalist, « simple consultant » au Bureau d’Investigation Californien, ses écarts de langage et son comportement provoquant pour arriver à boucler un nombre impressionnant de cas. Son douloureux passé de victime (sa femme et sa fille ont été tuées par le psychopathe qu’il poursuit) lui accordant plus de crédit auprès du public qu’auprès de sa hiérarchie.

Nombreux sont en effet ces personnages qu’on aime détester. Enfin détester le mot est un peu fort. Ils exaspèrent, agacent, perturbent, mais nous font plus envie que pitié en fait. Car ils incarnent souvent ce que nous aimerions tous faire : Ils Osent !

Ils osent s’opposer. Ils osent dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ils sont souvent sans pitié, commettent des erreurs, ont des cas de conscience. En un mot ils sont admirablement « imparfaits ». Ce qui rassure les spectateurs que nous sommes et nous conforte dans le sentiment que la vie n’est pas si injuste, même si elle est dure.
Même pour les Héros !

Surtout pour les héros devrais-je dire. Ces personnages riches en contradiction, bardés d’un lourd passé, sont la plupart du temps en quête de rédemption, ou aspirent à une vengeance légitime alors qu’au fond d’eux ils savent que c’est mal …

Très judéo-chrétien le concept fait fureur en Amérique et gagne la faveur du public français. S’y sont essayé récemment TF1 et l’équipe de La Loi selon Bartoli (créée par Hervé Korian) où un brillant Stéphane Freiss prête ses traits à un personnage qui ressemble étonnement à Hugh Laurie avec sa barbe de trois jours et son air désabusé. Même si ici, le costume est celui d’un « petit juge un peu fouille merde » … on ne peut s’empêcher de constater que le créneau intéresse les producteurs français. Le talent est de la partie dans cette nouvelle série dont on a vu aujourd’hui que le pilote. Et je pense que c’est une erreur d’attendre trop longtemps avant de nous donner le plaisir de retrouver cette sympathique équipe. La grosse difficulté de la programmation à la française. On ne laisse pas au personnage le temps de s’installer. De conquérir le public. Et pourtant, là, le « petit juge » il aurait toutes ses chances !


Séduisants mais pas toujours très beaux ces sortes d’anti héros offrent l’avantage de pouvoir s’identifier facilement. Le profil type est plutôt masculin : homme entre 30 et 50 ans, qui porte le poids d’une expérience tragique, et qui s’en sert pour aider les autres en employant des méthodes politiquement des moins correctes. Profil s’ouvrant rarement aux femmes,
il convient tout de même de saluer l’arrivée prochaine sur le petit écran de Body of Proof qui met en scène le Dr Megan Hunt, sorte de Docteur House au féminin aux dires de son interprète Dana Delany, Desperate Housewife dissidente de Wisteria Lane, pépinière de pestes s’il en est, qui lui aura permis de cultiver son talent pour horripiler son prochain.

Quant à la France elle n’est pas en reste. Car la plus « mimi » de toutes reste bel et bien la sémillante Elodie Bradford (Armelle Deutsch) fausse cruche pétillante à l’esprit déductif redoutable, qui n’a rien à envier à ses ténébreux congénères.

Issus des Comics américains d’après guerre, ces justiciers au bord de la névrose comme Batman, Spider ou Iron Man, retrouvent une nouvelle jeunesse à la télé, dans des séries de plus en plus ancrées dans le quotidien en dépit du caractère très singulier, pour ne pas dire complètement « barré » de leurs protagonistes.

Leur comportement est souvent irrespectueux. Rebelles à l’autorité, ils possèdent leur propre code de l’honneur qui justifie à leurs yeux d’employer tous les moyens, les plus incongrus, pour arriver à leurs fins. Les histoires que leur concoctent les scénaristes servent à merveille cet ego tourmenté et légitiment leur exécrable comportement par des résultats inversement positifs. Le prix de leur excellence est une liberté chèrement payée. Quand la solitude n’est pas physique, il leur arrive d’avoir famille et amis, comme le Professeur Lightman dans Lie To Me, elle est souvent psychologique car ils peinent à partager leur souffrance. Souffrance qui alimente leur compétence, toujours exceptionnelle quelque soit le domaine dans lequel ils exercent. Principalement médical et policier ces derniers temps.

Explorant les arcanes de l’esprit humain, dans ses aspects les plus sombres, ces personnages qui exaspèrent sont une véritable bouffée d’oxygène dans le PAF, car ils autorisent une palette expressive très large.
Les acteurs qui s’y collent découvrent très vite, à leur grand étonnement, toute l’empathie qu’ils dégagent. Et voient leur carrière décoller et les récompenses pleuvoir.

Dernier en date, le Mentalist alias Simon Baker, dont le superbe interprète, a été élu l’homme le plus sexy de l’année de la télé aux USA et a enflammé le Festival de Monte Carlo.

Drapé dans un humour caustique à l’instar de Jane qu’il incarne à l’écran, il a déclaré que sa femme ne lui avait pas laissé le temps de prendre la grosse tête. Elle l’a bien vite ramené sur Terre en lui rappelant à quel point il était séduisant au saut du lit après une courte nuit ou la goutte au nez en cas de grippe. Une autodérision qui caractérise ces héros qui ont perdu leurs illusions et les rend si attachants. C’est vrai qu’en plus quand ils sont aussi mignons que ça, ça ne gâche rien !


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